Quand une ronde cosmique défie les heures et quand un audacieux vise le ciel : c’est l’actualité post-équinoxiale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une bombe satellitaire de poignet (Atowak).
Une bombe satellitaire de poignet (Atowak).
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Atlantic-Tac

Mais aussi le plus séduisant rapport qualité-prix du marché, une des plus belles montres « géographiques » de l’année, les temps de la mer, les diamants en déroute, les marteaux qui s’affolent et les cœurs en silicium…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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JACOB & CO. : Les vents du grand monde…

Non seulement cette montre est belle, mais elle est également émouvante. L’émotion naît quand Jacob Arabo, le fondateur de Jacob & Co. se remémore son enfance et la première montre que lui avait offert son père : l’Europe et les Amériques étaient gravées sur le cadran, ce qui n’est pas si banal à l’époque – surtout quand il s’agissait de faire figurer l’Occident sur des cadrans de montres fabriquées dans l’ex-URSS ! Alors qu’il nous avait habitué à des créations plus exubérantes, sinon beaucoup plus extravagantes, Jacob Arabo et son fils Ben ont voulu revenir à une certaine sobriété pour cette montre « familiale » d’hommage à une lignée qui a fait souche aux États-Unis : c’est peut-être pour cela qu’une certaine beauté se dégage de cette « The world is yours » de 43 mm, avec ses deux sous-cadrans qui indiquent l’heure dans deux fuseaux horaires différents [on peut régler les deux par la couronne, indépendamment l’un de ‘autre, à la minute près, ce qui est rarissime dans l’offre horlogère contemporaine] et, raffinement lui aussi très original, le compteur d’une « petites seconde » placé au centre de la montre, avec une rose des vents qui scande les secondes écoulées – la pointe rouge sert de repère. Le tout avec une qualité d’artisanat horloger exceptionnelle (sous leur dôme de verre saphir, les continents sont minutieusement sculptés au laser) et un mouvement « manufacture » développé pour l’occasion. Cette « The world is yours » est une des plus belles montres de l’année…

LABAILS : Le ciel est à nous…

Rien n’arrête les jeunes horlogers indépendants français, ni les exigences tarifaires, ni les inspirations très fermement orientées vers certaines montres déjà iconiques du marché. Prenons l’exemple d’Alexandre Labails, jeune créateur de montres né en 1991, assez ambitieux pour exiger trois millions d’euros pour sa montre Temerity Ciel et assez audacieux pour ne pas craindre des reproches sur la parenté de cette montre avec celles de Richard Mille, qui fut lui aussi, en son temps, un jeune horloger très culotté [et qui ne l’a pas oublié, ce qui est très louable]. Les arguments d’Alexandre Labails sont d’ordre technique : il a équipé sa montre non seulement d’un tourbillon, mais aussi d’un chronographe haute fréquence (10 Hz, pour une précision au cinq-centièmes de seconde) et, surtout, d’une « système de gestion de l’énergie » », dispositif original et innovant qui permet d’adapter la consommation d’énergie de la montre à l’activité réelle du porteur – ceci en rapport avec l’usage du chronographe. Ce mouvement avant-gardiste est dû aux virtuoses de la complication mécanique de la manufacture suisse Chronode. Surprise : dans leur boîtier de verre saphir soigneusement sculpté, anglé et poli, les 600 composants ne pèsent que 92 g, c’est-à-dire le poids d’une montre « classique ». Il n’y aura que dix montres de cette série : on espère qu’Alexandre Labails parviendra à les vendre, mais il possède assez de culot pour monter au ciel avec sa Temerity Ciel…

CITIZEN : La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

Difficile de trouver un défaut à la série des montres Tsuyosa lancées par Citizen, un des leaders de l’horlogerie nippone. Les codes esthétiques sont ceux du « sport chic », respectés ici à la règle : boîtier acier à table plate et pans coupés [c’était la norme dans les années 1970, qui ne juraient que par ce style, dont Gérald Genta était le prophète], ceci dans une taille modeste (40 mm), bracelet intégré à maillons métalliques et boucle déployante, cadran minimaliste [pourquoi pas délicatement « fumé », histoire de parfaire la touche vintage, comme dans le modèle Teal Blue ci-dessous], mouvement automatique, étanchéité minimale (50 m) ou loupe incluse dans le verre saphir pour la date – pour faire un clin d’œil à la maison que vous savez. Le dernier atout n’est pas le plus mince : à moins de 300 euros, on est à des niveaux dix fois inférieurs aux tarifs pratiqués par les marques suisses pour des produits comparables. Franchement, au poignet, on a du mal à voir la différence, ce qui fait de ces Tsuyosa – la « force » en japonais – le rapport qualité-prix le plus irrésistible du marché. On peut d’ailleurs s’attendre à d’autres déclinaisons de couleurs dans les mois à venir…

FESTINA : Les temps de la mer…

Même si presque plus personne ne plonge qu’avec une montre traditionnelle [les ordinateurs de poignet sont tellement pratiques !], la « plongeuse » – montre de plongée – reste un des exercices obligés de toute marque horlogère qui se respecte, avec des codes bien établis (lunette tournante graduée, cadran ultra-lisible, aiguilles surdimensionnées avec une grande aiguille de secondes, bracelet sportif, grande couronne de remontage). On en trouve aujourd’hui dans tous les goûts, à tous les prix et dans toutes les couleurs. La maison hispano-suisse Festina se tire très bien de cette épreuve créative en nous proposant sa collection Diver, qui décline en dix versions colorées et en plusieurs tailles ce catéchisme élémentaire de la plongée horlogère : les montres sont étanches à 200 mètres – ce qui convient pour à peu près tous les loisirs nautiques, sur ou sous les vagues, et elles ont l’élégance de leurs premiers prix autour des 180 euros (bracelets acier et mouvements électroniques). Quand l’élégance sait se faire fonctionnelle, la proposition est irrésistible : c’est ce qui a conduit beaucoup d’amateurs à retenir l’option Festina pour la tool watch (montre à tout faire) de leurs loisirs « humides »…

ATOWAK : L’ivresse des profondeurs cosmiques…

Pour quasiment le cinquantième du prix d’un concept de nouvelle génération très haut de gamme [par exemple et pas par hasard, une Urwerk], vous pouvez vous faire plaisir avec un vrai « ovni » qui va donner un style rupturiste à votre poignet. Atowak, c’est une des nouvelles marques hongkongaises qui sont nées dans les années 2020 avec l’audacieuse ambition de faire « comme disruptifs de l’horlogerie suisse », mais en mieux parce qu’en beaucoup moins cher : Atowak, c’est donc le frisson de la transgression horlogère à l portée de tous. Témoin, cette Spaceship aux heures satellitaires : l’arc de cercle des minutes (en bas de la montre) est fixe, puisque ce sont les heures [des chiffres portés par des « satellites » pivotants en orbite sur le dessus du boîtier] qui défilent le long de cette échelle des minutes. Apprêtez-vous à voyager dans le temps comme vous ne l’avez jamais fait : vous n’allez plus cesser de raconter cette montre à tous ceux qui la découvriront – impossible de ne pas la remarquer. Vous pouvez déjà commander cette montre Spaceship automatique (42 mm de large pour 16 mm d’épaisseur, ; avec un excellent mouvement Miyota) sur le site d’Atowak, où elle sera en vente vers la fin octobre : la bonne nouvelle, c’est que les Hongkongais ne vous axeront que d’un peu plus de 1 800 euros pour vous offrir cette friandise d’amateur exigeant, alors que nos amis suisses pratiquent allègrement les six chiffres pour ce genre de concept ! Ci-dessous, la Spaceship Abyssal Blue, mais vous pouvez opter pour quatre autres versions dee couleur…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• ENCHÈRES HORLOGÈRES : à peine remis de l’énorme scandale de la « FrankenSpeed », cette fausse Omega Speedmaster bidouillée avec la complicité des autorités du musée Omega et revendue aux enchères à Omega pour trois millions de dollars, le marché des enchères s’apprête à vivre de nouveaux déchirements. Par exemple, l’arrivée en salle des ventes de trop nombreuses pièces de l’horloger contemporain Philippe Dufour, dont les montres se négociaient voici vingt ans pour moins de 100 000 euros et qui valent aujourd’hui dix fois plus : Philippe Dufour n’y est pour rien, mais il est pris en otage, dans une ambiance spéculative effrénée, par quelques malfaisants qui revendent des montres pas toujours très nettes ou qui multiplient les fausses pièces uniques. Trop de Dufour à la fois peuvent tuer la cote des montres Dufour plus sûrement que la méfiance des amateurs, échaudés par trop d’affaires douteuses révélées après de faux records sous le marteau… •••• DIAMANTS NATURELS : l’univers des pierres précieuses est en train de vivre un impressionnant renversement des valeurs. Quelques décennies de communications lancinantes avaient fini par convaincre à peu près tout le monde – en particulier, les femmes ! – que les diamants étaient éternels, qu’ils étaient les « meilleurs amis des filles » (« nous perdons toutes nos charmes à la longue, mais taillés en carré ou en goutte d'eau, ces cailloux ne perdent pas leurs formes, les diamants sont le meilleur ami de la femme », chantait Marilyn Monroe), qu’ils sont rares sur cette planète et donc qu’ils sont naturellement chers parce qu’ils ont beaucoup de valeur. Fariboles publicitaires, balayés par le tsunami des « diamants de laboratoire » (ou de culture : lab-grown en anglais), qui ont désormais la faveur des jeunes générations, ne serait-ce que parce qu’ils sont moins coûteux pour créer des bagues de fiançailles (c’est le principal marché du diamant, en Asie comme aux États-Unis). Personne n’imaginait voir les diamants naturels supplantés aussi rapidement, ni aussi massivement par les diamants culturels, qui sont en train de révolutionner la joaillerie traditionnelle. Et ce n’est rien à côté de ce qui nous attend avec les pierres de couleur tout aussi culturelles•••• SILMACH : bonne nouvelle, la montre TheTimeChanger (ci-dessous), dont le micromoteur à « cœur silicium » entend clairement révolutionner le marché des montres électroniques, sera bientôt lancée en campagne de sociofinancement sur Kickstarter. Conçue et réalisée dans le berceau horloger de la France, à Besançon, cette amorce de rupture industrielle bénéficie déjà du soutien industriel du groupe horloger Timex : après la révolution du quartz dans les années 1970 et la carpo-révolution connectée des années 2010, les Suisses auraient-ils une fois de plus raté un nouveau train technologique, celui des micro-moteurs ultra-compacts qui peuvent libérer la créativité des marques et autoriser de nouvelles prouesses en matière de complications horlogères et d’affichages mécaniques [avec un avantage non négligeable : la très faible consommation d’énergie]. À suivre…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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