Quand un serin impérial se paye 100 000 dollars le millimètre, quand les Marines durcissent les heures et quand un ovni se pose au poignet : c’est l’actualité des montres… <!-- --> | Atlantico.fr
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Ce pourrait être une montre de poche inventée par un grand horloger du XVIIIe siècle, mais c’est une montre de poignet du XXIe siècle – hommage archéo-futuriste à la vraie tradition mécanique suisse…
Ce pourrait être une montre de poche inventée par un grand horloger du XVIIIe siècle, mais c’est une montre de poignet du XXIe siècle – hommage archéo-futuriste à la vraie tradition mécanique suisse…
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Mais aussi l’art de coincer la bulle au-dessus d’un cadran Op Artle porte-clés du premier yacht horloger de l’Histoire et la montre givrée qui fait chaud au cœur…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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SOTHEBY’S : Le canari qui avait enchanté les empereurs de Chine…

Ce canari – au XVIIIe siècle, on parlait de « serin des Canaries » – ne fait que 12 mm de haut dans ce flacon de parfum, mais il pourrait bien dépasser le million de dollars en juin prochain, à New York, quand Sotheby’s dispersera une des plus importantes collections d’automates horlogers de ce début de siècle. Le flacon lui-même fait 16 cm de hauteur : il s’agit d’une serinette miniature. Cet instrument de musique servait à entraîner les serins des belles marquises de l’Ancien régime, l’oiseau chanteur imitant le chant des mini-orgues de la serinette : les maîtresses de maison organisaient alors des concours entre leurs canaris. Imaginés par l’horloger suisse Pierre Jaquet-Droz, ces flacons à automates étaient précieusement serties pour plaire aux empereurs de Chine, qui les collectionnaient par fascination pour la micro-mécanique autant que pour les trilles lancées par les nano-tuyaux d’orgue de cette pièce exceptionnelle, dont on trouve un pendant (qui ne forme pas paire, alors que ces pièces étaient vendus par paires) dans les vitrines du musée de la Cité interdite de Beijing. Il est possible que ce flacon ait été discrètement revendu par des fonctionnaires chinois, dans les remous de l’écroulement de l’Empire de Chine (février 1912), puis rapporté en Europe quelques années plus tard. En mains privées depuis cette époque, le flacon enchanté n’est jamais passé aux enchères : son estimation dépasse largement le million de dollars. Disons qu’il faudra compter au moins 100 000 billets verts par millimètre de hauteur de ce canari !

CORUM : La Bulle qui décoince les codes de l’horlogerie classique…

Cette montre Bubble a failli tuer la maison Corum tellement elle a connu un succès fulgurant au début des années 2000 : bien gérer une icône est un métier à risques ! Quinze bonnes années plus tard, cette Bubble revient dans les collections, améliorée, élargie, modernisée, fiabilisée et presque assagie : le dôme de verre initial – inspiré par les montres de plongée extrême des années 1960 – a été retaillé en verre saphir pour s’adapter aux 47 mm du nouveau boîtier, dont la version couleur bronze est très réussi. Dommage que la marque n’ait pas eu l’audace de tenter un boîtier en vrai bronze, capable de se patiner avec les années. Le cadran rappelle les travaux cinétiques du Op Art cher à Vasarely. La touche vintage de l’ensemble est complétée par un bracelet en cuir « brut ». Cette Bubble Heritage a été retravaillée par Corum avec le concours de Laurent Picciotto, l’horloger du XXIe siècle et de suivants, dans la boutique Chronopassion duquel tous les amateurs de montres parisiens sont passés, passent ou passeront un jour pour se faire plaisir (271, rue Saint-Honoré, 75001 Paris)…

FRANCK MULLER : Le « porte-clés » bleu qui sera réservé à une dizaine de privilégiés…

C’est sans doute la première fois dans l’histoire de l’horlogerie qu’une marque de montres donne naissance à une collection de yachts, qui porteront désormais le nom de Franck Muller : ces « jouets de garçon » seront fabriqués à moins d’une dizaine d’exemplaires en Italie, sur le chantier naval du Sea Group, à Marina Di Carrara : entre 18 m et 30 m de long, avec d’énormes moteurs et un design très contemporain, pour une facture finale située entre deux et trois millions d’euros. L’événement est suffisamment inattendu pour qu’on le fête avec une montre, qui sera plus ou moins le… « porte-clés » du yacht : cette Yachting reprend les marqueurs génétiques habituels des collections Franck Muller – boîtier tonneau cambré et incurvé et chiffres stylisés – en leur ajoutant un habillage de bleu très marin, une boussole elle aussi très nautique (avec une rose des vents au cœur du cadran) et un profil du yacht sur la tranche. Il est vivement recommandé à l’armateur du bateau de faire graver le nom de baptême de son yacht à la place du mot Yachting, directement sous le sud de la boussole. Tout le monde peut s’offrir une Hublot, une Rolex ou une Patek Philippe, mais qui peut se vanter de pouvoir barrer un yacht Franck Muller ? Ce sera un vrai privilège…

ORIS : Avec les compliments du corps des Marines des Etats-Unis…

Que de sigles sur le cadran ! Le GMT classique pour les montres à deux fuseaux horaires des horlogers suisses, qui n’ont toujours pas compris que Greenwich Mean Time n’existait plus depuis 1972 et qu’il avait été remplacé par le temps universel coordonné UTC, qui dépend de l’Observatoire de Paris. Et l’inhabituel USMC pour United States Marine Corps (Corps des Marines des Etats-Unis), une des cinq « armées » des forces militaires américaines. Le logo sur le cadran de cette montre Oris Force Recon est celui de la Force Reconnaissance, unité d’élite au sein de Marines, plus particulièrement destinée au recueil des renseignements derrière les lignes ennemies. Autant qu’il fallait à ces durs des forces spéciales une montre « durcie », capable d’aller loin sous l’eau (verrouillage de la lunette tournante) et de travailler sur 24 h (aiguille flèche) aussi bien que de rester lisible la nuit. Le boîtier n’est pas mince (49 mm de diamètre), mais les beaux bébés de la Force Recon ont rarement des poignets de poulet. Une montre possible pour des missions impossibles…

MB&F : Une montre « givrée » qui n’a pas froid aux yeux…

Nom de baptême : Legacy Machine n° 1 Frost. Tout un programme pour un chef-d’œuvre de la nouvelle génération qui affirme l’expression de son âme mécanique : un balancier (ce qui fait tic-tac) suspendu à une double arche polie comme une arme japonaise. Les heures et les minutes s’inscrivent dans un compteur blanc qui rappelle les montres de poche émaillées, le second compteur permettant de jauger la réserve de marche du mouvement mécanique. Pourquoi Frost ? À cause de l’effet givré de l’or grené du cadran, qui sait retenir la lumière en dépit de son relief mat : là encore, c’est un rappel de la finition des mouvements mécaniques de la fin du XVIIIe siècle (il s’agissait alors de préserver le surfaces métalliques des risques d’oxydation). Si le grand Abraham Louis Breguet revenait aujourd’hui, c’est une montre comme cette Legacy Machine qu’il porterait, lui qui aimait tant les cadrans dépouillés et les subtilités mécaniques rendues encore élégantes par leur réduction à l’essentiel…

RJ-ROMAIN JEROME : Mais oui, mais oui, ceci est une vraie montre…

Imaginez qu’un ovni se pose maintenant sur votre poignet, avec ou sans petits hommes verts : est-ce qu’il ne ressemblerait pas à cette Subcraft conçu par la marque suisse RJ-Romain Jerome et l’« architecte horloger » français Alain Silberstein ? Sans doute que oui : de face comme de profil, c’est bien un alien horloger, aux goûts étranges venus d’un ailleurs lointain. On y lit l’heure sur une tranche (affichage vertical par chiffres) et on la remonte sur l’autre tranche, les minutes étant logées sur un disque prêt à s’envoler sur le capot de la montre. Notez les formes fluides, presque biologiques, de cet engin interplanétaire, profilé comme une sculpture rétro-moderniste, dont le mouvement a été mis au point par une autre star de l’horlogerie mécanique : Jean-Marc Wiederrecht. Même s’il reste coûteux (sous les 20 000 euros si tout va bien), le prix reste relativement raisonnable pour ce petit bijou avant-gardiste ultra-léger au poignet (titane), qui fait faire sauter les heures en laissant traîner les minutes…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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