Quand on inverse les pulsations de l’univers et quand tout le monde veut passer au vert : c’est l’actualité pré-solsticiale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Un rotor qui ronronne en illuminant la pénombre (M.A.D.Editions).
Un rotor qui ronronne en illuminant la pénombre (M.A.D.Editions).
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Atlantic-Tac

Mais aussi une élégance endiamantée carrément carrée, le retour très chic d’un grand designer, une carrosserie fluide, une icône déconstruite et un tourbillon qui ne se la joue pas (trop)…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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GÉRALD CHARLES : Créativité…

S’il est facile de percevoir le style très élégant de ce boîtier à vocation sportive, les détails de son originalité ne se dévoilent que peu à peu, à commencer par sa couronne à gauche ou le squelettage spectaculaire de son mouvement automatique à micro-rotor. Si la marque Gérald Charles ne vous dit rien, c’est que vous avez raté un épisode : c’était le double prénom du fameux Gérald Genta, dont le groupe LVMH relance actuellement le label. La maison Gérald Charles avait été fondée par lui en 2000 et il en était resté le directeur artistique jusqu’à sa disparition en 2011. Une équipe a repris son flambeau, avec Octavio Garcia (l’ex-designer d’Audemars Piguet) comme directeur de création, l’ambition restant le « sport chic » à fort indice d’octane mécanique. Cette Maestro 8.0 GC Sport se permet ainsi un boîtier en titane de 39 mm x 41 mm, avec un mouvement extra-plat et des atouts très pertinents, comme l’étanchéité à 100 m, le bracelet en caoutchouc superbement texturé façon « clous de Paris » ou les cinquante heures de réserve de marche. On trouve ce dessin de boîtier dans les archives de Gérald Genta, à partir desquelles celui de cette Maestro – c’est ainsi qu’on appelait le « maître » de son vivant – a été soigneusement retravaillé. Retenez bien ce nom de Gérald Charles : c’est le petit nouveau qui vient d’entrer dans la cour des grands…

LAURENT FERRIER : Carrosserie…

Il y a des montres qu’on ne se lasse pas d’admirer, sans doute parce qu’elles savent concentrer, sur quelques millimètres cubes, plusieurs siècles de savoir-faire mécanique, de tradition stylistique et de culture de la montre. On ne se lasse pas d’admirer la fluidité des courbes de cette Sport Auto 40 récemment proposée par Laurent Ferrier en 41,5 mm de titane (boîtier plus ou moins tonneau et bracelet : admirez au passage l’alternance suprêmement élégante des flancs polis, de la lunette satinée ou de la carrure délicatement brossée), avec un cadran assumé dans un vert tendre et opalisé, mais viril, et des aiguilles traitées en orange luminescent (admirez aussi la finesse parfaitement maîtrisée des index effilés). La couronne « boule » est un clin d’œil adressé aux anciennes montres de poche, qui inspire également le mouvement automatique à micro-rotor excentré dont la masse oscillante est en platine. Les performances mécaniques de ce mouvement autorisent plus de cinquante heures de réserve de marche, avec une décoration (polissages, satinages, perlages, anglages, etc.) dignes des pièces qu’on trouve aujourd’hui dans les musées horlogers. Évidemment, cette Sport Auto 40, dont il ne sera réalisé que quarante exemplaires numérotés, s’affiche à un prix élevée qui va flirter avec les 55 000 euros, mais qui paraît justifié au regard du standard très élevé de la montre. Au fait, pourquoi « Sport Auto » ? Cela tient au narratif de la marque, lié à la passion automobile de ses fondateurs et aux exploits de Laurent Ferrier lui-même sur le circuit des Vingt-Quatre Heures du Mans (troisième place au classement général en 1979, ce qui est exceptionnel pour un pilote amateur) : les courbes de la « carrosserie » de la montre évoqueraient ainsi celles de sa Porsche n° 40 de l’époque…

HERBELIN : Quadrature…

Depuis quelques années, la maison indépendante française Herbelin, toujours « familiale » depuis 1947, a entrepris de se repositionner sur un créneau intelligent de « luxe accessible à la française » – avec un mariage original de qualité « Made in France », de style et culture horlogère. Témoin, cette nouvelle série d’Antarès, la collection Herbelin qui n’arrondit pas les angles : une nouvelle taille plus carrée (19,5 mm x 19,5 mm), une (grosse) poignée de diamants pour apporter 0,22 carats de lumière autour d’un cadran guilloché façon « clous de Paris », une verre saphir dont les facettes captent encore mieux cette lumière, un mouvement électronique – suisse, bien sûr – pour sécuriser les ambitions horlogères de cette Antarès, proposée un peu au-dessous de 1 900 euros. Atout supplémentaire : un système très intéressant de bracelets interchangeables, vraiment facile à manipuler pour profiter de nombreux bracelets proposés par Herbelin, dont on peut admirer les collections au cœur d’une boutique parisienne très tendance, ouverte au cœur de Saint-Germain-des-Prés. Les marques vestales de la tradition suisse ont du souci à se faire si les « petits Français » commencent à faire d’autres jolies montres…

RAKETA : Pulsation…

Depuis sept siècles, nous avons pris l’habitude de voir les aiguilles d’un cadran horloger se déplacer de la gauche vers la droite – ce qu’on appelle couramment « dans le sens des aiguilles d’une montre ». Mauvaise habitude, en fait, quoique parfaitement explicable quand on suit la course du soleil dans le ciel au-dessus de nos têtes : il paraît se déplacer de la gauche vers la droite. On peut le vérifier sur les anciens cadrans solaires : l’ombre de la flèche qui indique l’heure se déplace en fonction du soleil, elle, de la droite vers la gauche. Nos lointains ancêtres, quand ils ont décidé de conserver les aiguilles pour afficher l’heure sur un cadran, ont repris la marche apparente du soleil dans notre ciel [ceci n’étant vrai que dans l’hémisphère nord, mais l’horlogerie est née en Europe, pas dans l’hémisphère sud]. Sauf que tout ceci est faux et qu’on sait aujourd’hui que le soleil reste immobile, mais que c’est la Terre qui se déplace autour du soleil dans le sens… inverse des aiguilles d’une montre ! Le mouvement « naturel » du temps qui passe s’écoule donc de droite à gauche ! C’est le constat de la manufacture russe Raketa, qui propose de renouer avec ce puissant rythme de l’univers grâce à sa montre « Russian Code », dont les aiguilles accompagnent le mouvement du système solaire en tournant de la droite vers la gauche : en partant du zéro (midi), on trouvera donc une heure, puis deux heures, etc. sur la gauche du cadran, les heures, les minutes et les secondes s’écoulant en sens inverse de nos propres codes horaires. C’est assez déroutant au premier abord, mais très amusant ensuite, d’une part parce que ça fait causer [quelles magnifiques histoires à raconter !] et, d’autre part, parce que ça oblige à vraiment regarder attentivement sa montre pour savoir l’heure ! Cette montre automatique russe est on ne peut plus sympathique (40,5 mm d’acier pour le boîtier), mais il n’y en aura que 500 dans cette série (comptez 1 500 euros hors taxes sur le site de Raketa, qui livre ses montres en Europe de l’Ouest gratuitement et en quelques jours). Alors, prêt pour vous reconnecter aux grandes pulsations de notre cosmos ?

M.A.D.EDITIONS : Ver(t)satilité…

À quoi reconnaît-on les « vraies » icônes de l’horlogerie contemporaine ? C’est bien simple : des dizaines de milliers d’amateurs prient pour en trouver une, mais seules quelques centaines d’heureux élus auront le bonheur d’entrer dans ce paradis. Indéniablement, la série des M.A.D. 1 de M.A.D.Editions [la sister brand de MB&F, tout aussi déjantée mais beaucoup moins sévèrement tarifée] fait partie de ces icônes immarcessibles. Lancée en 2021, la première édition (bleue) a été offerte à quelques dizaines d’amis de la marque [les « friends » professionnels de Max Büsser] et proposée autour de 2 000 euros aux clients de la marque : évaporation immédiate sur les marchés parallèles, où la montre se revendait dans les 12 000 euros. En 2022, 1 500 exemplaires de la deuxième édition (rouge) étaient proposés, mais il y avait 19 000 demandes – ce qui a obligé MB&F à tirer au sort les heureux gagnants d’une loterie horlogère pas comme les autres. Pour cette rentrée 2023, une troisième édition (verte) débarque sur les réseaux sociaux en générant une file d’attente de 23 000 amateurs : comme il n’y aura que 1 500 de ces M.A.D. 1 « Green », nouveau tirage au sort, alors même que le prix est passé à 3 300 euros. Mad ou crazy, à vous de choisir pourvu que la montre soit verte, mais vous pouvez toujours tenter votre chance à cette tombola sur le site de M.A.D.Edition ! C’est une occasion unique pour passer un jour à votre poignet une montre vert menthe vraiment pas comme les autres : pas de cadran, mais une vue plongeante sur le rotor tripale qui remonte cette mécanique automatique. On peut y lire l’heure et les minutes latéralement, sur les flancs du boîtier (repère à six heures : il est 10:25 sur l’image ci-dessous) grâce à deux anneaux rotatifs qui portent des chiffres luminescents. La couronne de remontage est à midi. Un vrai condensé horloger de ce que la nouvelle génération des créateurs indépendants a pu faire de mieux depuis deux décennies – mais cette fois au prix d’une simple et banale montre industrielle. Pour les recalés de cette tombola automnale, on peut parier qu’il y aura encore plein d’autres éditions de montres M.A.D.Editions plus folles les unes que les autres…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté… »

•••• BLANCPAIN : les temps sont durs pour les resquilleurs de l’histoire, qui prennent trop de libertés avec les faits en se rebâtissant le narratif imaginaire de leur marque de montres. Ainsi, Blancpain vient de se faire prendre le doigt dans le pot de confiture légendaire avec sa montre de plongée Fifty Fathoms, fallacieusement proclamée « première-montre-de-plongée-moderne » alors qu’elle n’a été officiellement présentée au marché qu’une bonne année après la Submariner de Rolex. Le site suisse Perezscope (en anglais) fait un point très convaincant sur cette manipulation promotionnelle, avec des informations reprises par Business Montres. Dommage pour Blancpain, qui essayait récemment de nous convaincre que son iconique Fifty Fathoms méritait d’être pastichée par la Scuba en biocéramique de Swatch [histoire de rééditer le fabuleux coup marketing de la MoonSwatch dérivée de la Speedmaster d’Omega]. Dommage aussi pour les médias perroquets, qui ont gobé sans le moindre recul critique le storytelling boiteux de Blancpain et qui se trouvent eux-mêmes pris en flagrant délit de flagrant déni historique… •••• WE LOVE WATCHES : bonne nouvelle, cette organisation à Paris d’un salon horloger, We Love Watches (48 marques au programme, le 12 octobre prochain, à l’Electric Paris, dans le Xe arrondissement : renseignements sur le site du salon Welovewatches.fr). Au programme de ce salon organisé par Ocarat, point de vente parisien qu’il faut féliciter pour cette initiative, beaucoup de marques difficiles à trouver dans les boutiques mainstream : beaucoup jeunes marques indépendantes (entre autres, Akrone, Awake, Baltic, Elka, Ikepod, March LA.B, etc.), beaucoup de marques iconiques (entre autres, Alpina, Hamilton, Lip, Oris, Vulcain, etc.) et beaucoup de marques inscrites dans les tendances contemporaines (entre autres, Briston, Herbelin, Perrelet, Ralf Tech, Yema, etc.)… •••• BA111OD : on vous en parle, mais il ne faudra pas le répéter. Oui, on peut s’offrir un « tourbillon » suisse – complication considérée (à tort) comme le nec plus ultra de la haute mécanique horlogère – pour 5 000 euros. C’est la proposition de Thomas Baillod et de la jeune marque Ba111od, avec une livraison de la Chapitre 4.7 Onyx Tourbillon C. Lemanic prévue pour Noël. Côté mouvement, c’est le génial tourbillon mécanique à remontage manuel imaginé par le non moins génial Olivier Mory, qui a logé son chef-d’œuvre mécanique sous un cadran en onyx (pierre dure d’un noir profond) et dans un boîtier en acier de 40 mm. La couronne de remontage est déportée à quatre heures : c’est plus chic. Le tourbillon, lui, est en rotation à sept heures : c’est plus original. Les pré-commandes – s’il en reste – se font sur le site de Ba111od.

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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