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Toujours dans le temps avec cette exploratrice des confins terrestres (Rolex)…
Toujours dans le temps avec cette exploratrice des confins terrestres (Rolex)…
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Atlantic Tac

Quand les montres passent au vert et quand Rolex double à l’orange : c’est l’actualité des montres en plein salon virtuel

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ROLEX : Histoire de passer à l’orange…

Un rien suffit à mettre en ébullition la communauté des Rolexophiles : ce printemps, la caméra Rolex explore le temps et revisite une collection lancée en 1971 et qui n’avait révisée depuis quelques années –  l’Explorer II. De menus détails ont changé, c’est une révolution chez les amateurs ! Pourtant, autant le dire d’emblée, la nouvelle version 2021 de l’Explorer II – la montre des explorateurs, conçue à l’origine pour les spéléologues, d’où sa lunette graduée sur vingt-quatre heures, pour conserver un repère horaire quand on est sous la terre ! – ne diffère pas fondamentalement de la précédente. Même taille pour le boîtier (42 mm), qui a subtilement été regalbé, de même que le bracelet. Même cadran blanc, dont les éléments luminescents ont été renforcés [la lumière bleue qui s’en dégage est plus intense et plus durable]. Même aiguille orange pour afficher les vingt-quatre heures d’un second fuseau horaire. Le mouvement automatique a été plus substantiellement amélioré et il propose une réserve de marche de 70 heures, soit pratiquement un gros week-end. Quand on sait s’y prendre et que le soleil brille dans le ciel, on peut transformer cette montre en boussole. Pas belle, la vie en Rolex ?

PATEK PHILIPPE : En habit vert (sans épée, ni bicorne)…

Les horlogers suisses sont des grands enfants, qui savent parfaitement parler aux grands enfants que sont les amateurs de montres – ces fétiches mécaniques totalement dépassés sur le plan des fonctionnalités techniques, mais tellement importants sur un plan personnel et socio-culturel. Ainsi en va-t-il de la Nautilus de l’illustrissime maison Patek Philippe, icône devenue introuvable sur le marché (dix années d’attente), à moins de la payer quatre fois son prix neuf théorique en boutique : elle était bleue, mais elle vient d’être sortie des collections, elle devient vert olive et la planète horlogère s’enflamme, avec la certitude que la nouvelle 5711-1A-014 sera tout aussi difficile à se procurer et tout aussi « spéculative » que l’ancienne version bleue, qui semble dépasser les 150 000 euros sur le marché gris, alors que la nouvelle version verte ne dépassera pas les 30 000 euros en boutique. Bon courage pour dénicher cette montre automatique qui passe à présent pour le comble du « sport chic » et de la carpo-élégance – vous aurez peut-être plus de chances avec les versions plus raffinés et serties, mais tout aussi distinguées…

TUDOR : Taupe chrono…

La marque qui semble avoir le mieux tiré son épingle du jeu pour ce printemps 2021, c’est sans doute Tudor (groupe Rolex), dont on pourra découvrir l’offre dans la vidéo ci-dessous. Rien de fondamentalement révolutionnaire au premier regard, mais une remarquable somme d’avancées dans la bonne direction. Ne prenons qu’un seul exemple, celui de la nouvelle Black Bay Fifty-Eight 925 – pour la petite histoire, Fifty-Eight parce que c’est l’année de naissance de cette série de montres de plongée (1958), 925 parce que c’est le « titre » officiel du métal précieux de son boîtier (925 millièmes d’argent pur dans la masse totale de l’alliage). Une montre en argent pur, ce n’est pas une innovation : dans le passé, de nombreuses montres de poche et montres-bracelets avaient des boîtiers en argent, mais les horlogers n’ont jamais été à l’aise avec ce métal facilement oxydable. Cette Black Bay n’en est pas moins, à notre connaissance, la première montre de plongée en argent ! Pour éviter cette oxydation naturelle, Tudor utilise un alliage dont la composition est secrète, mais la marque garantit ses montres cinq ans : on doit donc pouvoir considérer qu’elle se patinera sans noircir, l’argent gagnant avec les années une teinte lumineuse et sourde particulièrement originale par rapport à l’acier ou le platine. Avantage annexe de ce boîtier en argent, que Tudor a eu la bonne idée de satiner en mat : il est plus léger que ceux des Black Bay en acier – ou en or, puisque c’est l’autre innovation de l’année chez Tudor ! Second atout de cette montre automatique (certifiée chronomètre) logée dans un boîtier en argent de 39 mm : la couleur « taupe » légèrement grenée de son cadran et de sa lunette, une teinte assez difficile à définir [quelque part entre le gris et le marron, avec un soupçon de jaune profond], parfaitement assortie à l’argent du boîtier et des indications du cadran. C’est certainement une des montres les plus réussies de cette rentrée horlogère…

HERMÈS : Plus Hermès, tu meurs…

On l’aura compris avec les nouveautés ci-dessus : le « sport chic » est plus que jamais le grand champ de bataille des horlogers traditionnels. Hermès s’avance sur ce terrain avec sa nouvelle H08, plutôt masculine (mais pas que), saturée de codes Hermès mais franchement original par ses formes, ses volumes et son style. La montre n’est ni ronde, ni carrée, ni rectangulaire, ni même « coussin », mais un peu de tout ça, avec des lignes et des courbes – et des courbes dans les lignes – qui alternent harmonieusement tension et sensualité. Les dimensions sont justes (39 mm) et les différents versions (titane noir ou satiné, composite à base de graphène, etc.) suffisamment variées, de même que les bracelets (caoutchouc, sangle, titane), pour qu’on trouve H08 à la pointure de son poignet. Même le prix est (relativement) sympathique pour une Hermès de cette classe : autour des 5 000 euros ! Les aficionados de la marque apprécieront la somme des détails ultra-Hermès qu’on repère dans cette H08, qui nous semble promise à un bel avenir – notamment la petite touche d’orange dans l’aiguille des secondes ou les chiffres dont la typographie a été repensée (avec un 8 qui penche vers l’infini). Cette H08 dégage une certaine joie de vivre au quotidien et on ne peut que féliciter Hermès d’avoir osé sortir des sentiers battus…

PANERAI : Un record « circulaire »…

Cette Panerai a beau ressembler aux autres, elle est exceptionnelle ! C’est la première fois qu’on réalise une montre composée à 98,6 % de matériaux recyclés et c’est donc, à ce jour, la montre record en matière d’« économie circulaire » – elle est d’autant plus intéressante qu’elle trace de nouvelles perspectives pour l’horlogerie traditionnelle et qu’elle ouvre la porte à d’autres initiatives « circulaires ». Le boîtier, le cadran et les « ponts » du mouvement sont réalisés en EcoTitanium (alliage de titane recyclé). Même le SuperLumiNova (composé luminescent) qu’on retrouve sur le cadran et les aiguilles est recyclé à 100 %, de même que le silicium de l’échappement qui règle la montre ou le verre saphir de la montre – et on ne vous parle, bien sûr, de l’or recyclé des aiguilles et des autres composants eux aussi repensés dans cette logique de réduction de l’impact environnemental des montres. Le rôle pionnier joué ici par Panerai aura-t-il un effet d’entraînement sur toute l’industrie horlogère ? On ne peut que le souhaiter, alors que la marque annonce qu’elle partagera ses acquis et, surtout, que les nouvelles générations d’amateurs questionnent de plus en plus les marques sur leur contribution à un avenir plus « durable »…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté…

•••• WATCHES & WONDERS 2021 : impossible de l’ignorer, même quand on n’est pas trop intéressé par les montres, tellement on voit ces jours-ci des nouvelles montres partout. C’est la semaine du salon horloger (virtuel) Watches & Wonders, qui regroupe une quarantaine des principales marques, avec une nuée de profiteurs en off. Principal enseignement de ce printemps 2021 : la rétro-nostalgie se porte mieux que l’audace créative, les marques préférant visiblement retravailler leurs « icônes » du passé plutôt que d’en imaginer d’autres pour réenchanter le futur. D’où cette impression de voir l’histoire horlogère bégayer en se replongeant avec délices dans ses catalogues passés : c’est le triomphe des « montres de papa » et des « montres de maman » – une forme de revanche sur les montres connectées d’aujourd’hui, dont il se vend désormais six fois plus de pièces par an que de montres suisses (autant de poignets qui ne sont plus occupés par les marques suisses en question)…  •••• LE « NOUVEAU VERT » : après le « nouveau noir », qui était devenu depuis quelques années, un « nouveau bleu », ce dernier laisse la place à un « nouveau vert » qui déferle, dans différentes nuances, sur les cadrans et sur les lunettes de ce printemps 2021 (vidéo- ci-dessous). Ce panurgisme chromatique a un avantage : il démode les propositions « bleues » de ces dernières années. Et il a deux inconvénients : d’abord, celui de saisonnaliser les montres [ce qui est un comble pour un objet qui se prétend « intemporel »]. Autre inconvénient : celui d’uniformiser les vitrines horlogères : ce sera sans doute pire quand toutes les petites marques auront compris que la tendance était… en vert et contre tout ! D’où la question qu’on peut déjà se poser : quelle sera la couleur du prochain « nouveau vert » ? On nous parle d’un rouge bordeaux-bourgogne… •••• PIAGET : rêvons un instant avec la nouvelle Piaget Polo de haute joaillerie, « squelettée » (mouvement apparent), mais surtout sertie d’une nuée de diamants qui témoignent de la virtuosité des artisans joailliers de la manufacture. Pour le boîtier et le rehaut, 148 diamants en taille brillant et 132 en taille baguette. Pour le mouvement, dont tous les « ponts » étincellent, 292 diamants et 11 saphirs en taille brillant. Pour le bracelet, comptez 184 diamants baguette et 1 258 diamants taille brillant, mais il serait dommage d’oublier le diamant taillé en rose qu’on a logé dans la couronne de remontage et les six diamants de taille baguette sur le fermoir du bracelet. Tout ceci pour un total de 15,6 carats au poignet (on préfère ne pas vous avouer le prix)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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