Quand les heures satellisées défilent et quand les aiguilles rattrapent le temps perdu : c’est l’actualité pré-festive des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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atlantic tac bvlgari richard mille tag heuer angles watches laurent ferrier
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Atlantic Tac

Mais aussi un serpent de lumières lové autour de la montre, un vert trop classique pour être honnête, un précieux tapis de lapis-lazuli et une icône dopée par une légende…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LAURENT FERRIER : L’ostentation du minimalisme…

À peine promu « nouveau noir » pour les cadrans horlogers, le bleu est détrôné par le vert, en attendant d’être lui-même démonétisé par d’autres couleurs [on voit déjà se profiler des teintes vineuses – bourgogne ou bordeaux – et des patines brunes]. La maison Laurent Ferrier, qui s’y connaît en subtilités dans les élégances horlogères, donne le ton de ce verdissement avec sa nouvelle montre Original Green, aux allures classiques (40 mm de titane harmonieusement galbé) et au cadran d’un minimalisme trop sobre pour n’être pas légèrement ostentatoire. On admirera la réussite du dégradé de ce cadran opalin, qui s’opacifie sur ses frontières, à la rencontre du « chemin de fer » des minutes délicatement poudré de gris et ponctué de chiffres jaune clair qui épicent ce parti-pris de sobriété. Il ne faudra pas manquer d’admirer également la finesse des aiguilles effilées, les index d’une fugacité stylistique remarquable et, au dos de la montre, le mouvement « manufacture », lui aussi « classique » (mais pas que), dont les finitions soignées comptent parmi les plus abouties qu’on puisse trouver en Suisse.

ANGLES WATCHES : Des heures défilantes…

La marque est à peu près inconnue, même à Hong Kong d’où cette équipe chinoise nous propose un petit chef-d’œuvre de mécanique horlogère ultra-accessible : pensez que, sur le réseau de sociofinancement Kickstarter, cette montre The Three Kings (« les trois rois ») est proposée en souscription à moins de 370 euros. Les cadrans de couleur (six options) sont magnifiques, mais l’ingéniosité dans l’affichage de l’heure est stupéfiante à ce niveau de prix : trois disques satellitaires en rotation autour du cadran portent les heures, dont le chiffre et l’index défilent pendant soixante minutes le long d’un segment gradué, avec, en prime, un disque des secondes. Le tout avec une luminescence spectaculaire (dans la pénombre) pour les indications de la montre. Ce type d’affichage défilant des heures satellitaires remonte en fait à certaines pendules du XVIIe siècle : il est devenu emblématique pour une jeune marque indépendante suisse comme Urwerk – mais à des niveaux de prix trente à quarante fois plus élevés. Pour les amateurs d’originalité mécanique, l’offre de Angles Watches tient donc de la bénédiction : ça tombe bien, c’est Noël et il serait dommage de ne pas en profiter, parce que cette montre ne sera réalisée qu’en série limitée (livraison prévue dans six mois)…

BVLGARI : La danse des lumières…

L’esprit Serpenti fait référence, chez Bvlgari, à l’inspiration serpentaire de multiples lignes de somptueux bijoux, de montres et même des sacs à main. Ce motif se stylise et s’irise d’un arc-en-ciel de pierres précieuses dans la nouvelle Serpenti Incantati Rainbow, qui prouve que Bvlgari reste la maison reine de la couleur qu’elle a toujours été. Autour d’un boîtier en or jaune de 33 millimètres, des tsavorites vert intense, des saphirs jaunes et oranges, des grenats mandarins, des spinelles rouge orangé, des rubis intenses et des saphirs roses, violets et bleus de différentes tailles entament une ronde qui évoque le corps d’un serpent lové autour de la lunette. Plus de 280 diamants taille brillant ornent le bracelet joaillier géométrique. On appréciera dans cet ouvrage la maîtrise des couleurs autant que la subtilité dans le maniement des pierres et dans l’agencement de leurs tailles. La fantaisie, l’audace, l’irrévérence et l’exubérance font ici danser la lumière : à la veille de Noël, juste pour le plaisir des yeux [et pour l’amour de l’art joaillier], c’était notre séquence « Un peu de douceur dans un monde de brutes » …

RICHARD MILLE : L’art de « rattraper » le temps perdu…

On n’est jamais déçu avec Richard Mille, horloger indépendant français dont le succès planétaire rassure sur le destin de la France comme nation horlogère de premier niveau : ce chronographe RM 65-01 ne décevra ni les amoureux de la marque [qu’ils aient ou non les moyens de s’offrir ce petit bijou, facturé dans les 300 000 euros], ni ses détracteurs qui se pinceront le nez devant cette exubérance chromatique doublée d’une effervescence esthétique. Il s’agit d’un chronographe « à rattrapante », spécialité mécanique considérée comme une des plus compliquées parmi tous les beaux-arts de la montre : une fois l’aiguille principale du chronographe lancée pour mesurer un temps court, on peut déclencher la mise en marque d’une seconde aiguille pour décomptera de façon indépendante un second temps court. Un fois ce second temps mesuré, la seconde aiguille rattrapera la première pour s’y superposer. Raconté ainsi, ça peut paraître facile. Mécaniquement, c’est d’une complexité rare pour aligner ces aiguilles en garantissant la précision et la fiabilité – d’où le prix, également justifié par les cinq de mise au point qui ont été nécessaires pour ce mouvement automatique ! Évidemment, ce n’est pas la montre qu’il faut porter le jour où on va solliciter un découvert chez son banquier, mais quel choc au poignet ! Une astuce invisible : on peut régler l’inertie du rotor de remontage en fonction de l’activité physique du porteur de la montre [la montre d’un retraité sédentaire a besoin d’un remontage plus sensible que celle d’un jeune suractif]. Précision supplémentaire : l’usage des couleurs est travaillé dans une logique fonctionnelle, selon un code très précis qui asservit l’esthétique à la lisibilité logique des missions de la montre. Il fallait oser, Richard Mille l’a fait !

TAG HEUER : Une icône dopée par une légende…

Avez-vous une idée du prix que peut atteindre, dans le feu des enchères, une montre TAG Heuer fabriquée il y a un demi-siècle ? Jusqu’à la semaine dernière, la réponse se situait un peu au-dessous de 200 000 euros. Le marteau magique d’Aurel Bacs, l’auctioneer star de Phillips + Bacs & Russo, a permis de quasiment décupler ce record : 2,21 millions de dollars (soit 1,8 million d’euros) pour adjuger la montre Monaco portée par Steve McQueen dans le film Le Mans (1971). Icône du design horloger des années 190-1970 reconnaissable à sa couronne placée à gauche du boîtier, ce chronographe Heuer Monaco était un des très rares chronographes « carrés » de son époque et en tout cas un des deux premiers chronographes automatiques de l’histoire horlogère. Enrobée dans la légende hollywoodienne qui nimbe Steve McQueen, cette Monaco – une des sept portées par le comédien sur le tournage du film – devenait irrésistible pour n’importe quel enchérisseur un peu amateur autant qu’investisseur. De quoi susciter un record, qui va peut-être convaincre TAG Heuer (la marque héritière d’Heuer) de relancer la collection Monaco autrement qu’en séries limitées sporadiques ou de recréer, en la repensant dans un style aussi disruptif, la Monaco du XXIe siècle qui manque dans l’offre contemporaine…

MB&F : Une précieuse élégance mécanique…

Cette Legacy Machine Flying-T est un des plus magnifiques hommages mécaniques que l’horlogerie suisse ait jamais rendu aux poignets féminins. L’idée n’était pas de réduire la taille d’une montre masculine qu’on aurait truffée de diamants, ni d’en rajouter dans la complexité mécanique, mais d’imaginer un objet de poignet radical qui serait exclusivement dédié aux femmes. L’équipe du laboratoire créatif MB&F – Maximilian Büsser et ses « friends » (c’est l’acronyme de sa marque) – a choisi de mettre sous cloche, disons sous globe ou sous dôme, un « pilier » mécanique qui a reconstruit sur un plan vertical les rouages traditionnels d’une montre. Cette colonne, couronnée par un tourbillon volant et sommée par un diamant, émerge d’un champ de lapis-lazuli dont les scintillements évoquent irrésistiblement un ciel étoilé. Originalité supplémentaire : on peut lire les heures grâce aux aiguilles « serpentines » posées sur un disque de lapis-lazuli posé en oblique à sept heures. Au poignet, cette alliance d’une « bulle », d’un « ciel » de lapis-lazuli, d’un cadran dissocié et d’une « tour » cinétique où oscille avec majesté un « tourbillon » mécanique est proprement stupéfiant : c’est le plus horloger des bijoux que peut se permettre une femme, avec ce qu’il faut de diamants en taille baguette et de brillants pour mettre le tout en lumière. Pour ce qui est du prix, il faudra chercher dans les 130 000 euros, mais pas une femme ne résistera à la séduction de ce microcosme horloger logé dans sa coupole…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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