Quand les Fremen vous demandent l’heure et quand les icônes se sentent pastichées : c’est l’actualité des montres juste avant la Mi-Carême<!-- --> | Atlantico.fr
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« Swiss, but not boring » : Watchpeople en quête de Nouvelles libertés horlogères…
« Swiss, but not boring » : Watchpeople en quête de Nouvelles libertés horlogères…
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Atlantic-Tac

Mais aussi des inspirations iconoclastes, des « plongeuses » certifiées sous pavillon suisse, une Lip très churchillienne, des valises lunaires et un Popeye tatoué à dos de camélidé…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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FESTINA : Plongées certifiées…

Derrière la marque suisse Festina, active depuis 1902, la force du groupe espagnol Festina, qui dispose de plusieurs autres marques (dont Perrelet dans le secteur du luxe) et de plusieurs manufactures industrielles en Suisse (où sont les principaux sites de production) comme en France ou en Europe. Il faut savoir que le groupe Festina vend à peu près cinq millions de montres par an. Derrière ce cadran de la nouvelle série des Diver automatiques Swiss Made de Festina, un mouvement « manufacture » Newton de haute lignée mécanique à remontage automatique, officiellement certifié pour sa précision chronométrique (COSC) et protégé par un boîtier en acier de 47,3 mm dont l’étanchéité est garantie à 300 m (30 atmosphères). La lunette tournante est en céramique, le bracelet en acier (un second bracelet en caoutchouc est offert) et la position originale de la couronne de remontage, parfaitement protégée à deux heures, apporte à la montre une identité très virile. Six couleurs de cadran sont disponibles, le tout pour un prix très accessible (autour de 1 90 euros) compte tenu des atouts de cette « plongeuse », qui n’a rien à envier à des références autrement plus huppées.

HAMILTON : Bleus légendaires…

Si vous allez voir Dune : deuxième partie au cinéma, ne manquez pas les montres spécialement créées par la maison Hamilton pour l’univers fantastique de Dune. Les relations entre Hamilton, marque aujourd’hui suisse mais longtemps américaine, sont aussi riches qu’anciennes. Pour ce Dune : deuxième partie, Hamilton n’a pas adapté un des modèles de ses collections au scénario : il fallait créer une « Desert Watch » à l’identité purement fremen – ce qui a été fait et réussi, avec une montre extraordinaire qui ne se trouve que sur la planète Arrakis (l’autre nom de Dune). Cette « Desert Watch » a inspiré Hamilton pour créer deux autres montres dédiées à la vision épique du film et de l’œuvre de Frank Herbert. La Ventua XXL Bright Dune Limited Edition (ci-dessous, à droite) propose un cadran aussi bleu que les yeux des Fremen : on retrouve sur son cadran les lignes lumineuses bleues de la « Desert Watch » [ce cadran s’illumine en bleu quand on actionne le poussoir à neuf heures], mais son boîtier triangulaire en acier traité PVD noir (52 mm x 46,6 mm) est, en soi, un premier voyage dans une autre dimension – comptez 1 845 euros pour vous embarquer ainsi équipé vers Arrakis. À gauche, la « Desert Watch » hors commerce de Dune : deuxième partie : tous les amateurs rêvent d’en avoir une – espérons que l’état-major d’Hamilton exaucera leurs vœux…

UNDONE : Inspirations iconoclastes…

Cette marque n’est pas de celles qu’on prend au sérieux, sans doute parce qu’elle ne se prend pas elle-même au sérieux – ce qui est plutôt bon signe pour des créations qui remixent les codes identitaires qui sont dans l’air du temps pour reformuler quelques icônes de la modernité horlogère. On n’est plus du tout dans le Swiss Made, mais dans un univers qui rend hommage à ce que le Swiss Made a pu avoir de meilleur, non sans clins d’œil, pieds de nez et langues tirées aux bons usages helvétiques de la montre. Proposée sous les 300 euros, la nouvelle série des chronographes Urban Retro témoigne de cette passion iconoclaste : on pourra trouver à ce boîtier de 40 mm et à ce cadran « panda » des faux airs de Breitling et de TAG Heuer ou de Longines, avec des couleurs à la Rolex ou à la Tiffany & Co – on pourrait sans peine allonger cette liste. L’étanchéité est garantie à 50 m (de profondeur, pas de la chaise longue), le mouvement « hybride » (électro-mécanique) est japonais (TMT VK64) et les deux bracelets donnent dans le goût rétro. On sent beaucoup de culture horlogère derrière le non-conformisme syncrétique de cette Urban Retro. Difficile de reprocher quoi que ce soit à une montre aussi inspirée, dans un tel style à un tel rapport qualité-prix…

WATCHPEOPLE : Pastiches libertaires…

Une nouvelle marque sur le marché des montres, alors que s’amplifie la vogue des « icônes » horlogères nées il y a un demi-siècle et désespérément fêtées, encensées, exploitées et vite usées par le marketing de grandes et de petites marques de moins en moins créatives : les montres Watchpeople se revendiquent comme un manifeste de liberté pour ceux qui les portent en se moquant des « fétiches » horlogers qu’elles parodient en les sublimant dans le silicone bariolé dont elles se parent. Miracle des lois physiques de l’attraction : ces « caricatures » post-modernes de glorieux modèles hérités du passé s’avancent à la bataille sous la bannière Swiss Made ! On n’est jamais mieux trahi que soi-même : cette réappropriation culturelle va faire grincer quelques dents ! Plus amusant encore : les montres trouble-fête de Watchpeople, dans leur explosion de couleurs vives et leur joyeux mélange de matières et de références esthétiques, rendent le clin d’œil libertaire très accessible (150 euros à 250 euros selon les modèles et les mouvements) – ce qui poussera les amateurs non-conformistes à s’offrir les pastiches quand ils n’auront pas les originaux, alors que ceux qui ont la chance de posséder les originaux se feront un plaisir de porter ces pastiches pour ne pas se faire couper le bras en portant leurs icônes spéculatives [les amateurs auront reconnu la silhouette détournée d’une Patek Philippe dans la montre ci-dessous, sauf que cette simulation siliconée, qui n’a rien d’une contrefaçon, coûte cinq cents fois moins cher !]. Donc, carton plein pour Watchpeople, nouvelle séquence horlogère pleine de malice, aujourd’hui orchestrée par l’équipe belge qui avait bâti le succès de la marque Ice-Watch face à l’empire Swatch : serait-ce une nouvelle et très picrocholine bataille horlogère entre Wallons et Romands ? La liberté d’aimer les montres, c’est la liberté de les aimer dans toutes les expressions de leur identité…

LIP : Coquetteries vintage…

Les historiens [généralement suisses : ceci explique cela] de l’horlogerie vont vous expliquer doctement que les plus célèbres « montres de forme » – celles qui ne sont pas rondes – sont la Reverso de Jaeger-LeCoultre, la Tank de Cartier ou la Prince de Rolex. Ils oublient tout simplement que la plus célèbre montre de forme rectangulaire a été, en son temps, la T18 de Lip, dont 400 000 exemplaires ont été vendus par la célèbre manufacture française entre 1933 et 1949. Célèbre pour son mouvement mécanique (remontage manuel) de forme rectangulaire, c’est la T18 qui a eu le privilège d’être dotée du premier tourbillon mécanique de poignet de l’histoire des montres [une série prototypée de 1947 sans descendance commerciale] et qui a été offerte en cadeau à de nombreux chefs d’État et célébrités politiques, notamment Winston Churchill, qui recevra la sienne en 1948. C’est cette T18 « Winston Churchill » que la nouvelle équipe de Lip – marque de retour dans son berceau bisontin – vient de rééditer, en 180 exemplaires, dans l’esprit de la T18 de l’époque, avec les codes esthétiques de l’époque [boîtier svelte de 24 mm de large sur 34,5 mm de hauteur, cadran bicolore, chiffres d’inspiration vintage, « chemin de fer » des minutes, petite seconde à six heures, etc.] un mouvement mécanique refait à l’ancienne, à partir de composants suisses (La Joux-Perret), assemblés, finis et contrôlés dans la région de Besançon, comme en témoigne le fier « Besançon France » apposé à la place du traditionnel Swiss Made. Même la précision est d’époque : plus ou moins douze secondes par jour [dommage que l’étanchéité à 50 m soit restée, elle aussi, d’époque : c’est un peu faible aujourd’hui !]. Coquetterie ultime de cette nouvelle T18 tricolore : son prix en euros a été fixé au niveau de ce qu’il était en 1948 (équivalent en francs constants) : 2 490 euros. Ce futur collector sera très vite épuisé : ne trainez pas pour vous offrir cette montre d’anthologie, qui rivalise sans rougir avec les plus célèbres références suisses de la spécialité…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• MOONSWATCH : onze valises », qui abritaient chacune onze MoonSwatch (montres Omega x Swatch « Mission to Moonshine Gold ») ont été vendues aux enchères par Sotheby’s au profit de la fondation Orbis (lutte contre la cécité et les troubles de la vue chez les enfants). C’était une annonce Business Montres x Atlantico du 2 février dernier. Montant total de la vente : un peu plus de 550 000 euros, qui ont été intégralement reversés à Orbis. C’est une confirmation de la bonne santé du marché de la montre de collection, qu’elle soit vintage ou contemporaine pourvu qu’elle soit effectivement rare et « forte »… •••• MORGAN STANLEY : mis au point en collaboration avec LuxeConsult (le bras armé du consultant horloger suisse Oliver R. Müller), ce rapport est le « juge de paix » qui fait autorité dans l’industrie des montres. Personne n’est d’accord avec tout ce qu’on y trouve, mais tout le monde le cite et y fait référence. L’édition 2024 établit le Top 50 des marques horlogères suisses, avec leur chiffre d’affaires et leur volume de production. Trois faits marquants de l’année : 25 marques trustent 90 % du chiffre d’affaires total de toute l’horlogerie suisse, les 325 autres devant se partager les 10 % qui restent. Leader absolu de la spécialité : la maison Rolex, qui dépasse les 10 milliards de chiffre d’affaires. Nouvel arrivant dans le cercle des autres marques « milliardaires » en chiffre d’affaires : Vacheron Constantin, à la huitième place derrière Rolex, Cartier, Omega, Audemars Piguet, Patek Philippe, Richard Mille et Longines. On s’amusera ci-dessous à examiner l’assomption des uns et la descente aux enfers des autres de 2017 à 2023 (remerciements à Morgan Stanley/LuxeConsult pour la reproduction de ce tableau)… •••• RESERVOIR : Popeye à dos de chameau, il fallait oser cette édition limitée, exclusivement réservée au réseau des boutiques Ahmed Seddiqi & Sons, leader de l’horlogerie de luxe à Dubaï et dans les Émirats. Des « vrais » chiffres arabes [donc indiens !] pour les minutes rétrogrades comme pour les heures sautantes (à six heures) : en prime, le bras tatoué du fameux marin pour pointer le doigt à la bonne heure, sur fond de dunes et de palmiers, un soir de pleine lune. Pour ce voyage dans le désert, Popeye s’est habillé en pirate : allez savoir pourquoi ! On ne sait pas si les chameaux aiment les épinards, mais cette collaboration proche-orientale de la jeune marque indépendante française Reservoir est un joli coup pour consolider l’internationalisation de Reservoir (compter 4 900 euros pour ce Popeye chez les Bédouins, dans son boîtier de 41,5 mm à mouvement automatique La Joux-Perret, le tout Swiss Made comme il convient)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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