Quand le corail vire à gauche et quand la Lune passe au bleu : c’est l’actualité des montres en phase floréale<!-- --> | Atlantico.fr
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Un rouge dégradé inspiré par le précieux corail méditerranéen (Jacques Bianchi)…
Un rouge dégradé inspiré par le précieux corail méditerranéen (Jacques Bianchi)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi une bouquet de couleurs bien reformulé, une vision latérale de la conduite, l’impertinence pétillante du rose, les caprices d’une star et la transparence en habit rouge…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MB&F : Originalité latérale…

Vous avez aimé la nouvelle montre rétrofuturiste Digitrend d’Amida dont nous vous parlions récemment (Atlantic-Tac du 26 avril) ? Vous allez adorer la nouvelle HM8 Mark 2 de la maison indépendante MB&F, qui avait relancé ce type de « montre casquette » – sobriquet affectueux donné par les amateurs – dès 2012 (HM5), sans doute parce que Maximilian Büsser, le « MB » fondateur de la marque, avait été épaté, dans sa jeunesse, par la version 1976 de cette Digitrend d’Amida. Ceci si nous avez les moyens de vous offrir une montre à peu près vingt fois plus coûteuse que la nouvelle Amida dont nous parlions : le cœur a parfois ses raisons que les raisons financières n’entament pas ! Voici donc, pour le printemps 2024, une nouvelle version de cette Horological Machine n° 8 (HM8) qui reprend les codes de la « casquette », mais dans un mode superlatif de haute horlogerie non moins superlative. La lisibilité « latérale » de l’heure a été améliorée, mais c’est la virtuosité du mouvement mécanique (visible sur le « dessus » de la montre ») et, surtout, le style de ce boîtier hors du commun en CarbonMacrolon blanc à capot bleu qui emportent la décision. Certes, il s’agit d’une montre « sportive », puisque la lecture « latérale » de l’heure est dédiée au sport automobile (on lit plus facilement l’heure sur le poignet qui tient le volant), mais nous sommes surtout en présence d’un de ces « ovnis » horlogers dont MB&F a le secret, histoire de nous prouver que l’histoire des montres n’est pas obligée de tourner rond pour aller de l’avant…

BAUME & MERCIER : Élégance lunaire…

S’il y a une marque qui serait beaucoup mieux gérée et beaucoup plus à son aise si elle évoluait en toute indépendance, loin de la férule caporaliste d’un groupe Richemont dont l’état-major ne la comprend pas, c’est bien Baume & Mercier, belle maison suisse qui fait des bonnes montres suisses depuis 1830. Le problème est que personne n’aime Baume & Mercier, marque qui ne semble pas assez « luxueuse » pour les petits marquis du groupe, qui la néglige sans réaliser son potentiel. Contre vents et marées, l’actuelle direction de Baume & Mercier tente d’imposer son style créatif [c’est pourquoi, sans doute, la direction de Richemont imposera cette année à la marque un nouveau manager, qui ne va manquer de remettre en question la stratégie gagnante de ces dernières années : c’est l’infernale loi des groupes de luxe !]. Pourtant, elle était plutôt réussie la Clifton à phases de lune et mouvement automatique Baumatic de ce printemps 2024 : boîtier en acier de 39 mm (pile la bonne taille au bon moment), cadran bleu « dégradé » d’une belle intensité, verre saphir bombé, intégration réussie de la date « circulaire » dans le compteur des phases de la lune, le tout Swiss Made, avec des finitions plus qu’honorables et à un prix relativement décent (comptez dans les 4 500 euros, un prix qui reste cependant un peu trop élevé). Les amateurs apprécient visiblement plus cette élégance horlogère que les actionnaires de cette marque !

TAG HEUER : Influences pernicieuses…

Elle n’est pas si mal, cette nouvelle Formula 1 née d’une collaboration entre TAG Heuer et la griffe de mode américaine Kith ! D’une part, c’est un retour aux icones de la marque dans les années 1980 [la Formula 1 d’alors avait été la première montre à porter la mention « TAG Heuer » : le groupe TAG – techniques d’avant-garde – venait de rachetait la maison Heuer] et dans les années 2000 : à cette époque, la Formula 1 constituait l’entrée de gamme de TAG Heuer et elle avait permis de relancer la marque en la propulsant vers la haute horlogerie – beaucoup d’amateurs ont commencé à aimer les montres grâce à l’une ou l’autre de ces Formula 1. D’autre part, cette nouvelle Formula 1 version 2024 est plutôt sympathiquement colorée et correctement exécutée : même la touche rétro de son format (boîtier en acier 35 mm, étanche à 200 m) fait plaisir à voir, avec des lunettes exubérantes, des cadrans pimpants et des bracelets assortis ou contrastés ! Bien sûr, le prix n’est pas très câlin (comptez 1 500 euros) pour une montre trop vite accusée d’être « en plastique » et montrée du doigt pour son mouvement à quartz : on a pourtant vu bien pire, mais les réseaux sociaux se sont enflammés contre cette Formula 1, en dépit des budgets consacrés par la marque à des échos favorables chez les « influenceurs » mercenaires [encore aurait-il fallu comprendre, avant de lancer cette campagne de promotion, que ces « influenceurs » influencent d’autant moins les amateurs qu’ils s’avèrent être de parfaits analphabètes en matière de montres]. Cette erreur de communication manifeste ne doit pas nous pousser à jeter le bébé Formula 1 avec l’eau du bain de cette désaprobation : franchement, ce n’est pas mal de voir une amusante montre Swiss Made se pavaner à ce niveau de prix !

JACQUES BIANCHI : Rareté coralienne…

Quatrième épisode de la nouvelle saga des montres Jacques Bianchi, relancée voici trois ans et confirmée par cette JB200 Moonga, dont le cadran rouge « fumé » rappelle le corail rouge de la Méditerranée (moonga ou munga en hindi). Les marqueurs de toute « plongeuse » Jacques Bianchi qui se respecte y sont : le boîtier de 42 mm étanche à 200 m, la couronne de remontage à gauche, la lunette crantée et graduée en repères luminescents, le bracelet en caoutchouc de style « tropic » (à l’ancienne). S’y ajoutent un mouvement automatique suisse d’excellente facture (Soprod P024) et l’hyper-lisibilité dans la pénombre des index et des aiguilles traitées au Super-LumiNova, ainsi un indice de rareté : il n’y aura qu’une centaine d’exemplaires de cette édition Moonga, aussi portable en ville qu’en plongée (comptez dans les 1 200 euros, s’il en reste encore tellement les amateurs raffolent de ce genre de gourmandise horlogère). Si une telle montre pouvait inciter les plongeurs (non autorisés à le récolter) à respecter ce corail rouge, qui est un être vivant de type polype aujourd’hui très menacé du fait de sa surexploitation illicite, la maison Jacques Bianchi aurait bien mérité de sa mission de protection de l’écosystème méditerranéen…

CHANEL : Impertinence pétillante…

Qui d’autre que Chanel pouvait nous proposer une telle montre ? L’édition rose de cette Boy-Friend Squelette s’impose à la fois par la délicatesse de sa couleur, très Chanel, et par sa complexité mécanique (très travaillée, en rappel du double C de Chanel) autant que par la précieuse expression joaillière de son parti-pris rose (38 saphirs en taille baguette encadrés d’un boîtier en or « beige » – une spécialité chromatique de Chanel). Le bracelet en veau rose au motif « matelassé » évoque les fameux sacs à main de la marque. On est évidemment ici dans l’ultra-chic de l’ultra-élégance, au carrefour très précis de la haute horlogerie, de la joaillerie, de la mode et de l’impertinence pétillante d’un certain esprit parisien. Qui d’autre que Chanel pouvait réussir cet exercice de haute voltige esthétique ?

BON À SAVOIR : en vrac, en bref et en toute liberté…

•••• LA SEMAINE DE TOUS LES DANGERS : il s’ouvre à Genève, dès ce vendredi, ce qu’on peut considérer comme la « semaine de tous les dangers ». Alors que le marché primaire (celui des montres neuves) a une nette tendance à décrocher, avec des ventes en berne sur tous les continents, notamment en Chine où la déconsommation de montres semble durable, le marché secondaire (celui des montres de seconde main, de collection ou de spéculation), déjà fortement en baisse depuis dix-huit mois, semble hésiter entre la stabilisation et une nouvelle décélération. D’où l’importance de la session d’enchères printanières qui commence dès ce vendredi à Genève avec la fameuse vente « Only Watch » : on pourra y tester l’appétit des grands collectionneurs pour une cinquantaine de pièces uniques dont la vente bénéficiera à la recherche sur les myopathies. Suivront les ventes de maisons comme Phillips, Christie’s, Antiquorum, Sotheby’s et quelques autres, qui permettront de disperser à peu près 2 000 montres de collection à des prix qui seront autant d’indications sur la santé du marché – c’est-à-dire la poursuite de sa descente aux enfers, son second souffle (à un niveau ramené à celui de 2020 ou le regonflement d’une « bulle horlogère » axée autour du marché de la seconde main. La suite au prochain numéro…

•••• SIGNAL FAIBLE : pourquoi autant de célébrités commencent-elles à se défaire de leur collection de montres ? Dernier en date : Sylvester Stallone, qui va liquider chez Sotheby’s les pièces maîtresses de sa collection, qui comportent plusieurs rarissimes « raretés » horlogères, à peu près introuvables dans les boutiques tellement elles y sont réservées aux plus célèbres clients : on pense ici à sa Grande sonnerie Patek Philippe, la montre-bracelet la plus « compliquée » jamais fabriquée par cette manufacture [réalisée à quelques dizaines d’exemplaires tout au plus], une montre demeurée dans son emballage d’origine et donc jamais portée – ce qui fait de « Sly » (le surnom de Sylvester Stallone) un vulgaire spéculateur et non un vrai amateur de montres. Les célébrités auraient-elles des doutes sur la « valeur refuge » que constituent ces montres de collection ? •••• ARTYA : l’exigence de « transparence » qui se fait toujours pressante dans le corps social semble contaminer l’offre horlogère. La preuve par ce « tourbillon » (subtilité mécanique destinée à améliorer la précision de la montre) Curvy Purity d’ArtyA, qui interprète dans une couleur flamboyante (verre saphir rouge du boîtier) cette transparence, tout en la renforçant par une simplification à l’extrême du mouvement réduit à l’essentiel de ses composants fonctionnels. Un exercice parfaitement maîtrisé, avec beaucoup de raffinements mécaniques dans l’expression « culturelle » de ce dépouillement horloger, mais sans rien sacrifier du grand spectacle horloger que cette Curvy Purity « Ruby » constitue au poigent…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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