Quand le Bisontin ironise sur Goldorak, quand les marteaux tourbillonnent et quand la bulle titille les tricheurs : c'est l'actualité des montres (en temps de crise)… <!-- --> | Atlantico.fr
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Deux cadrans convexes pour deux fuseaux horaires exprimés dans le style chromatico-géométrique du Bauhaus…
Deux cadrans convexes pour deux fuseaux horaires exprimés dans le style chromatico-géométrique du Bauhaus…
©DR

Atlantic-tac

Mais aussi la New-Yorkaise qui se gave de codes désaxés, la Cubaine qui est née en Suisse et la transparence d’une Lausannoise qui veut parler vrai…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MB&F: Le plus grand designer français à la rencontre du plus grand créatif suisse…

Honneur au génie des horlogers français ! Non que la jeune atelier créatif MB&F soit passé sous pavillon tricolore, mais la dernière de ses créations est un manifeste du beau design horloger signé par le Français Alain Silberstein, qui est tout simplement, aujourd’hui, le plus grand designer horloger de cette planète. Héritier du Bauhaus dont il maîtrise les codes graphiqueset chromatiques au point d’en faire sa signature, aujourd’hui retraité à Besançon, la capitale française de l’horlogerie, Alain Silberstein a restylé la montre Legacy Machine n° 1 (LM1) imaginée par Maximilian Büsser (le MB de MB&F) et par ses amis (« friends » : le F de la marque). Ni le mouvement, ni la géométrie de la montre n’ont été changées, mais on reconnaît dans cette pièce désormais « artistique » les aiguilles « silbersteiniennes », la palette colorée du designer et son goût pour les nouveaux matériaux : on goûtera ainsi tout particulièrement le « pont » en verre saphir qui met le balancier en lévitation au-dessus du cadran, sous un somptueux dôme transparent. « Le vrai bonheur est d’avoir sa passion pour métier » : Alain Silberstein a emprunté à Stendhal cette devise, dont il signe ses œuvres. Admirez au passage le superbe cadran grainé, repérez les « astérohaches » gravées sur les couronnes de remontage(nostalgie goldorakienne) et demandez-vous à quoi peut bien servir le petit piton tricolore à 6 h : c’est la première réserve de marche « érectile » de l’histoire horlogère, un indicateur tridimensionnel de l’énergie mécanique qui reste dans ce mouvement à deux fuseau horaires. En haut, la montre est remontée à fond. En bas, plus de jus !

TIFFANY & CO : Une élégance new-yorkaise totalement désaxée…

Alors qu’elle est une des propositions horlogères les plus sympathiquement « mignonnes » du circuit, la montre East West de Tiffany & Co n’existait jusqu’ici que dans une taille masculine un peu déroutante pour un poignet féminin – surtout avec son cadran désaxé par un affichage non-conformiste. Gavée de codes inspirés par les montres des années 1930 et 1940, cette East West très américaine (« New York since 1837 »)débarque cette année dans une délicieuse version mini (37 mm x 22 mm), en trois couleurs et de jolies variantes de cadrant, mais aussi avec des bracelets double tour très mode. Elégance et originalité garanties…

ZENITH : Sous le regard du chef indien des Tainos…

Née il y a exactement un demi-siècle cette année, la manufacture cubaine Cohiba a su imposer au monde sa vision très huppée du cigare de luxe, roulé à la main à partir de feuilles de tabac sélectionnées et fermenter pour créer les meilleures vitoles du monde, longtemps réservées aux privilégiés du régime castriste et à leurs invités. Pour fêter cet anniversaire, Cohiba s’offre une édition spéciale du Chronomaster Zenith – un des meilleurs chronographes du monde pour célébrer l’excellence cigarière de la plus fameuse marque cubaine de cette planète. On retrouve sur le cadran de cette montre les couleurs fétiches de Cohiba, également présentes sur l’écrin en bois de ce chronographe mécanique qui décompte le temps au dixième de seconde près. Sur le cadran, entre les logos de Zenith et de Cohiba, on distingue un profil : c’est celui du chef de la tribu indiennedes Tainos, emblème d’une marque qui tire son nom du mot caraïbe cohiba, utilisé autrefois pour désigner les rouleaux de feuilles de tabac…

GOLDGENA : Le sursaut créatif et accessible d’une nouvelle génération horlogère…

Les jeunes créateurs suisses n’ont pas dit leur dernier mot : face à l’irruption des montres connectés qui envahissent le marché, ils savent que leur salut est dans le lancement de montres créatives et accessibles, sinon Swiss Made (critère administratif devenu absurde et non-signifiant), du moins conçues, développées et pilotées en Suisse. C’est dans ce sens qu’il faut suivre de près les évolutions de l’équipe de designers installés à Lausanne (Suisse). Ils ont lancé le « projet Goldgena », avec la volonté de ne pas tricher sur l’origine géographique des composants – suisses et non suisses – de la montre, encore moins sur son prix (transparence sur les marges) et surtout pas sur son mode de commercialisation (communautaire et affinitaire), pour parvenir à créer une montre Goldgena au design fort, proposée dès la prochaine rentrée en souscription sur des sites de financement collaboratif. Ambition on ne peut plus sympathique et capable de recréer une offre en phase avec l’actuelle demande des nouvelles générations d’amateurs, moins portés sur les objets statutaires et ostentatoires que sur des concepts originaux dans leur design et substantiels dans leur contenu autant que dans leur discours. À suivre…

MONTRES DE COLLECTION : Y a-t-il une bulle du vintage ?

Si les montres neuves se vendent de moins en moins (-11 % d’exportations horlogères suisses en moins au mois d’avril), les montres « vintage » voient leur cote exploser de façon extravagante. Une véritable bulle est en train de se former, sans qu’on parvienne à deviner si ce torrent d’enchères et de transactions de très haut niveau s’explique par le recyclage de fonds pas forcément très légaux, par une manipulation sournoise du marché grâce à la coopération intéressée de quelques complices (voir notre analyse Business Montres du 17 mai dernier) ou par un report de la passion horlogère des amateurs sur des montres rétro-nostalgiques débarrassées de l’obsédant bullshit marketing. Sans doute un mélange des trois, mais l’explosion des prix est spectaculaire. Un seul exemple avec le chronographe Rolex de 1941 ci-dessous : cette montre – dont il n’existe que huit exemplaires connus – valait 600 000 euros voici cinq ou six ans. C’est déjà beaucoup d’argent. Cette référence 4113 vient d’être adjugée quatre fois plus cher (2,4 millions), alors qu’il n’existe pas chez Rolex la moindre archive permettant de l’authentifier – son mouvement « industriel » était utilisé par différentes marques et son boîtier (standard) comme son cadran (tous les exemplaires connus sont différents) ou ses aiguilles sont relativement faciles à refabriquer et à patiner dans des ateliers italiens d’une habileté diabolique. Quand il y a trop d’argent à gagner trop vite, la tentation est forte ! En attendant, la bulle gonfle, gonfle…

ARTYA : Deux axes et trois marteaux sous une chape de verre…

Encore un de ces « ovnis » horlogers qui viennent compliquer la vie du temps qui passe ! Il est vrai que la jeune marque Artya, créée par le singulier Ivan Arpa, ne fait jamais rien comme les autres. Esthétiquement, c’est étonnant : très rares sont les montres à complications mécaniques qui osent le format rectangulaire et le boîtier asymétrique. Mécaniquement, c’est extravagant : maîtriser un « tourbillon » (dispositif d’ultra-précision composé de cinquante micro-composants), c’est déjà difficile, mais le faire tourner sur deux axes pour améliorer encore cette précision, c’est ultra-compliqué. Ajouter à cette complexité technique un mécanisme qui fait sonner les heures sur trois gongs frappés par trois marteaux, c’est tout simplement une « première » dans l’histoire de l’horlogerie. D’autant que cette montre sonne particulièrement bien, fort et harmonieusement, grâce à ses timbres d’une forme très particulière. Pourquoi trois gongs, alors qu’il ne s’agit que de faire sonner les heures et les minutes (un souvenir du temps pré-électrique, quand on voulait ainsi « lire » l’heure dans l’obscurité) ? Les deux premiers sonnent les heures et les minutes, les quarts étant annoncés par la frappe simultanée des deux gongs. Le troisième timbre signale au porteur qu’il met en marche ce dispositif de « répétition » sonore du temps. Notez aussi la lecture logique de l’heure sur les deux cadrans : un pour les heures, un pour les minutes.

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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