Quand la marque se démarque, quand le béton détonne et quand le passé repasse : c’est l’actualité des montres (en mode superlatif)<!-- --> | Atlantico.fr
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« Liberty » dans le paysage newyorkais : une horlogerie artistique sur fond de béton…
« Liberty » dans le paysage newyorkais : une horlogerie artistique sur fond de béton…
©DR

Atlantic-tac

Mais aussi la machine à emballer les tics plus que les tacs, la Voie lactée qui couronne les étoiles et les défis antigravitationnels de cinq différentiels…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HUBLOT : Laisse béton…

On vous présente en gros plan (ci-dessous) la dernière Classic Fusion Aerofusion Concrete Jungle avec sa « lunette » en vrai béton (oui, oui, le béton des immeubles contemporains), mais son fond mérite le coup d’œil (image ci-dessus). Il est inspiré par la statue de la Liberté et par le style des œuvres de l’« artiste de rue » new-yorkais Tristan Eaton. Béton + graffiteur : chacun aura compris que cette montre est une plongée dans la jungle urbaine. Cet hommage à « Miss Liberty » se trouvant à l’angle Mulberry Street-Canal Street, dans le quartier de la Petite Italie, à New York. Si ce n’est pas la première fois qu’on associe du béton à une montre, c’est la première fois qu’on marie concrètement l’univers du street art à son matériau de base. Même le prix est… en béton : comptez 19 000 euros pour cette édition limitée à cinquante montres – l’art contemporain a toujours été un sport de riche !

H. MOSER & CIE : Sans marque, ça se remarque…

C’est le comble de l’hyper-discrétion anti-ostentatoire en même temps que de l’affirmation ultra-statutaire. Pas facile de réconcilier les deux, mais la jeune manufacture suisse H. Moser & Cie parvient à tirer son épingle du jeu identitaire sans tout miser sur la marque : le cadran de cette Endeavour Dual Time est « stérile » – quatre aiguilles, sinon rien. Pourquoi quatre ? Une pour les heures, une pour les minutes, une pour les secondes (à six heures) et une dernière (rouge) pour le second fuseau horaire, que l’habileté mécanique de H. Moser & Cie rend facilement réglable par la couronne de remontage. Plus minimaliste et plus dépouillé, tu perds ta montre ! Ajoutons à cette réussite stylistique le cadran d’un original « bleu fumé » que les initiés reconnaîtront instantanément en salivant de plaisir. C’est finalement ça le secret d’une identité maîtrisée…

ROGER DUBUIS : Un "rupturisme" esthético-mécanique…

Une vraie belle montre contemporaine doit nécessairement proposer à la fois des matériaux innovants et des « complications » mécaniques de rupture. Le prix démentiel n’est malheureusement pas en option et il faudra poser sur la table pas loin de 360 000 euros pour repartir avec cette Excalibur Quatuor Cobalt au poignet [au secours !]. Il faut avouer que la manufacture Roger Dubuis n’a pas fait les choses à moitié : la montre est sculptée dans un alliage hautement technologique de chrome-cobalt encore jamais utilisé dans l’horlogerie, alors qu’il est très résistant à la corrosion et parfaitement résistant aux rayures. Le bleu des différents éléments n’est là que pour signaler la présence de cet alliage, dont la couleur se situe quelque part entre l’acier et le platine. Le mouvement est tout-à-fait rupturiste, puisqu’il ne propose pas moins de quatre balanciers (ce qui fait tic-tac) reliés par cinq différentiels qui permettent de compenser tous les écarts de marche causés par la gravité [si, si, elle affecte les mécaniques horlogères]. Au final, une montre qui ne ressemble à aucune autre et qui parvient à bien mettre en scène l’originalité esthétique des codes Roger Dubuis, marque qui aurait tendance à devenir un standard chez les milliardaires de nouvelle génération et qui pourrait bien prendre la succession de Richard Mille, dont le rupturisme mécanico-esthétique était la spécialité…

DOMINIQUE RENAUD: Neuf fois tic pour une fois tac…

Vous êtes prévenus : vous ne comprendrez pas grand-chose au mouvement qui anime cette montre, toujours à l’état de prototype, mais on vous jure que c’est totalement révolutionnaire et parfaitement disruptif. Sans trop s’éloigner des principes physiques qui régissent les montres mécaniques depuis le XVIe siècle, Dominique Renaud les pervertit avec le mouvement de sa DR01, qui réussit le pari de battre à la fois très vite, très longtemps (on parle de deux semaines) et très précisément. Principe de ce mouvement, créé par un des maîtres-horlogers les plus singuliers de la scène suisse : la « résonance laminaire », pour laquelle nous renvoyons les lecteurs à un article plus spécialisé. En gros, au lieu de faire « tic-tac », la montre fait neuf fois « tic » pour une fois « tac », mais vingt-quatre fois plus vite que le battement d’un cœur humain, le tout dans un spectaculaire cylindre de verre ! C’est une des avancées mécaniques les plus prometteuses de ces dernières années : on nous promet une montre parfaitement fonctionnante pour la fin 2017, mais prenez une chaise avant de lire le prix : il n’y aura que douze montres dans cette série, mais ces « œuvres d’art horloger » seront facturées autour du million d’euros…

PARMIGIANI : Une Voie lactée autour de la profondeur des étoiles…

Très belle, très chic, très chère, très rare et en parfaite apesanteur cosmique : la nouvelle Tonda 1950 de la manufacture suisse Parmigiani cumule les superlatifs avec l’élégance de sa ligne, la discrétion de son sertissage et, surtout, la réussite de son cadran en aventurine, plus profond qu’un ciel nocturne. Pour ceux qui n’auraient pas suivi de cours de gemmologie, l’aventurine n’est pas une pierre précieuse (quoique cette matière en ait l’air), mais le fruit d’une erreur de manipulation d’un souffleur de verre de Murano, la légendaire cité des verriers aux portes de Venise : au XVIIIe siècle, un de ces verriers aurait par hasard fait tomber de la limaille de cuivre sur une boule de verre en fusion. En italien, per aventura signifie « par hasard ». Il nous reste de son aventure ce matériau piqueté de particules dorées : autour du cadran, la couronne de diamants crée une sorte de précieuse Voie lactée. C’est magique – mais on n’ose même pas vous dire le prix…

GRAND PRIX D’HORLOGERIE: L’œil rivé sur le rétroviseur…

L’horlogerie suisse est d’une naïveté désarmante : sortant de son déni de réalité et prenant soudain conscience de la grave crise économique qui la frappe, elle admet aussi que ses prix de vente ont beaucoup trop augmenté ces dernières années et que ses montres ne sont pas assez créatives. Moyennant quoi le Grand Prix d’Horlogerie de Genève, qui passe pour être les « Oscars d’Hollywood de la montre », vient de récompenser les quinze montres de l’année : le prix moyen des montres primées est de… 170 000 euros – soit à peu près 1 000 fois le prix moyen d’une montre vendue en France ! Les horlogers suisses ont d’autant plus le sens de l’humour qu’ils manient également le paradoxe temporel : la moitié des montres distinguées par ce Grand Prix de Genève étaient des rééditions plus ou moins fidèles ou des réinterprétations de montres surgies d’un passé plus ou moins lointain. Comme quoi les montres de luxe ne sont pas immunes face à la vague de nostalgie identitaire qui chamboule les échiquiers politiques occidentaux ! La montre qui a reçu la récompense suprême de ce GPHG – la très enviée « Aiguille d’or » – est elle-même une sorte de « capsule temporelle »très représentative de ce Grand Prix 2016 : il s’agit de la FB 1 proposée par la marque Chronométrie Ferdinand Berthoud (groupe Chopard), dont Atlantic-tac avait déjà parlé le 2 octobre 2015. Une montre qui rend hommage au grand « horloger du roi » Ferdinand Berthoud (1727-1807, Suisse de naissance, parisien d’adoption) – celui dont on parle dans Les Tontons flingueurs, quand M. Delafoy enfile ses gants beurre frais pour rencontrer « M. Fernand ». À quelques détails près, cette FB 1 est la « reconstitution » contemporaine et très soignée d’un mouvement d’horloge de marine du XVIIIe siècle. À défaut d’être ultra-créatif, cet hommage de la haute horlogerie suisse à un horloger de Louis XVI a quelque chose de réjouissant…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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