Quand l’Empereur se pousse du col et quand le faucon blanc s’habille de métal immaculé : c’est l’actualité des montres <!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier consul s’anime pour passer le col du Grand Saint-Bernard (Christophe Claret)…
Le Premier consul s’anime pour passer le col du Grand Saint-Bernard (Christophe Claret)…
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Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS ÉRARD x SECONDE/SECONDE : L’erreur sans faute…

Une « collab » entre deux codes. Un code horaire pas tout-à-fait traditionnel pour la maison horlogère indépendante Louis Érard, spécialiste des « régulateurs » (affichage séparé des heures, des minutes et des secondes) et habituée des « collaborations » créatives (Alain Silberstein, Vianney Halter). Un code esthétique disruptif pour Seconde/seconde, une sorte de laboratoire créatif qui adore repenser les montres en les subvertissant par des aiguilles des secondes figuratives qu’on peut qualifier d’« expressionnistes » – elles en donnent plus que les trotteuses classiques et elles nous obligent à réfléchir au temps qui passe plus loin que le bout de notre poignet. Pour cette série ultra-limitée (178 montres automatiques, tarifées calmement autour des 2 404 francs suisses, un peu moins en euros), l’aiguille des secondes est un ruban bleu qui porte la fameuse mention 404 Error (« erreur 404 »), qui apparaît quand ça ne se passe pas bien avec une application informatique. Ruban qui se reconstitue toutes les minutes, chaque fois que l’aiguille atteint le troisième quart. Erreur 404 pour cette grande seconde réinterprétée par Seconde/seconde: vous avez compris le prix, deux mille et 404 francs – humour suisse ! À part ce divertissant clin d’œil, la montre est bien suisse, ma marque vient du Jura suisse, le mouvement mécanique est Swiss Made (remontage automatique) et l’irrévérence vis-à-vis du temps typiquement suisse. Sauf que Romaric André, le créatif « déconstructeur » qui a fondé Seconde/seconde, est… français !

CHRISTOPHE CLARET : Le tambour consulaire…

Alors que l’année du bicentenaire de l’Empereur se termine, impossible de passer à côté de l’extraordinaire montre « Napoléon » que nous propose Christophe Claret, un des grands magiciens de la haute complication mécanique [il est Français, mais les montres sont suisses]. On peut admirer la qualité de la peinture miniature, qui reprend le motif du fameux Bonaparte au col du Grand-Bernard de David, mais on poussera le poussoir latéral de la montre – à neuf heures – pour non seulement entendre le carillon Westminster donner l’heure exacte en sonnant sur plusieurs timbres le chiffre de ces heures, des quarts d’heure et des minutes. Pendant ce temps, le Premier consul Bonaparte s’agite sur son cheval, le drapeau frémit et le tambour bat la générale – on l’aura compris, il s’agit d’une montre à automates qui s’animent avec la sonnerie. Pour compléter le tout, la montre est dotée d’un « tourbillon » (complication mécanique qui en améliore la précision), qui tourne ici sur lui-même à six heures, sous un motif qui reprend la croix des premières Légion d’honneur. Il ne manque pas un bouton de guêtre aux uniformes et on retrouve bien, gravé sur les rochers du col, les trois noms des grands conquérants qui l’ont franchi : Annibal, Charlemagne et Bonaparte, qui n’était encore Napoléon-Ier. Profitons de cette montre, qui reprend la version « versaillaise » du tableau de David [celui qui est conservé dans la salle Marengo du château de Versailles], pour rappeler gentiment à nos amis allemands qu’il existe une version « berlinoise » de ce tableau, passé dans les collections du château de Charlottenbourg après avoir été volé, en 1815 par les Prussiens, dans le château de Saint-Cloud, près de Paris : cette « prise de guerre » ne devrait-elle être restituée à la France, puisque cette même France restitue au Bénin les œuvres d’art pillés par l’armée française en 1892 lors du sac du palais royal d’Abomey, alors capitale du Dahomey ?  

UNIMATIC x MASSENA LAB : Le passionné furtif…

Unimatic nous arrive d’Italie, terre de grands amateurs de belle horlogerie : c’est une de ces nouvelles petites marques indépendantes qui font chavirer le cœur des amoureux de la montre. Ils retrouvent dans les pièces signées Unimatic ce parfum inimitable des montres de l’âge d’or et tous les détails vintage que les grandes marques d’aujourd’hui ont le tort de négliger. Massena Lab, c’est le laboratoire créatif de William Rohr, un des meilleurs experts de l’horlogerie contemporaine, collectionneur passionné et désormais, en quelque sorte, « éditeur » de montres en partenariat avec les marques qui aimantent le marché. Fruit d’une troisième collaboration [on serait tenté de dire d’une troisième « leçon d’histoire horlogère »] entre ces deux passions conjuguées, la nouvelle montre U1-MLB porte les « stigmates » de ce goût des hommages au passé, qu’on a ici le bon goût de nous proposer à des prix accessibles. Comme pour les éditions précédentes [toutes introuvables et désormais très recherchées aux enchères, à des prix forcément superlatifs], on nous reparle ici de montres de plongée, mais ce sont celles des nageurs de combat de l’armée allemande dans les années 1970 : les Kampfschwimmers de l’époque auraient adoré cette U1-MLB, ses puissants index en SuperLumiNova ivoiré et son aiguille des minutes surdimensionnée, orange pour qu’on la différencie clairement de celle des heures. La lunette tournante est volontairement « stérile », sans le moindre marquage autre qu’un repère luminescent. On remarquera la discrétion volontaire, qui confine à la furtivité, des marquages « noir sur noir » du cadran. Le tout automatique, avec deux bracelets, à un prix presque indécent de gentillesse : à peine 800 euros, mais il n’y en aura que 200 (vente exclusive sur le site Massena Lab : la montre n’a été présentée qu’hier, mais il ne doit plus guère en rester, donc pressez-vous si vous estimez ne pas pouvoir passer plus longtemps de cette U1-MLB collaborative de 41,5 mm de diamètre)…

ICE-WATCH : Les paillettes étoilées…

Une montre de fête pour faire la fête pendant les Fêtes : c’est le bon moment pour préparer Noël et les festivités de fin d’année. Ice-Watch nous propose, dans sa collection Glam Rock du strass, des étoiles et des éclairs qui vous électriser les poignets. Pourquoi ne pas jouer les superstars avec cette Glam Rock Fame étoilée, qui ne dépassera pas les 100 euros sur la liste des cadeaux à offrir et à s’offrir (ci-dessous) : bracelet noir, cadran noir avec quelques clous dorés et des aiguilles assorties pour ne pas manquer une seule minute de ces heures de partage…

BELL & ROSS : Le faucon blanc…

Si vous pensez (comme nous) que l’horlogerie ne se résume pas à quelques icônes spéculatives à cadran vert, vous serez sensible au charme discret de ce chronographe BR 05 « White Hawk » de Bell & Ross. Le dépouillement chromatique [du blanc, sinon rien, avec deux fines aiguilles rouges !] est assez spectaculaire et il consonne parfaitement avec la sobriété stylistique d’une montre qui intègre boîtier (42 mm) et bracelet en acier dans une même rigueur immaculée et dans une subtile dialectique entre le rond et le carré. Au verso, un superbe profil stylisé de faucon blanc, qui s’impose comme le fétiche protecteur de ce « bijou de force » viril et technique pour ceux qui veulent donner une autre saveur aux heures de leur vie. « Sport chic », mais surtout « design chic »…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• PATEK PHILIPPE : un des plus beaux musées horlogers du monde, tant pour l’histoire des mécaniques du temps qui passe que pour le patrimoine de la maison Patek Philippe (qui remonte à 1839), fête cette année ses vingt ans. Il s’agit du musée Patek Philippe de Genève, un monument que tout amateur de montres se doit de visiter au moins une fois dans sa vie [on peut également y participer à des « ateliers » horlogers]. On a du mal à imaginer la richesse des collections qui s’y abritent : disons que rien de fondamental dans l’histoire des horlogers et des montres n’a été oublié dans les vitrines. Un seul exemple : si vous voulez voir une Reverso Patek Philippe, c’est là que vous la trouverez ! À chaque visite, on se surprend à découvrir de nouvelles merveilles…S’il y a bien une « Mecque » de la montre, c’est à Genève qu’il faut faire le pèlerinage… •••• FRANCK MULLER : un autre musée horloger, plus inattendu vient d’ouvrir ses portes à Singapour, et il est consacré aux montres de la marque genevoise Franck Muller. Cette manufacture souffle cette année ses trente premières bougies : on découvrira dans ce musée toutes les avancées mécaniques de la marque, ainsi que toutes les « premières mondiales » mises au point dans ses ateliers, dont la fameuse Aeternitas Mega 4, qui reste à ce jour et depuis onze ans la montre-bracelet la plus compliquée du monde (1 483 composants et 36 « complications » mécaniques au poignet, dont un calendrier qui décompte les millésimes pour les 1 000 prochaines années : l’addition va tout de même chercher dans les 2,8 millions d’euros). On a le droit de rêver… •••• BASELWORLD : le plus célèbre salon horloger du monde, celui qui focalisait chaque année toute l’attention de la planète sur la petite ville de Bâle, semble avoir définitivement fermé ses portes, après une édition naufragée en 2019 pour cause de pandémie, une édition annulée en 2020 pour raisons prophylactiques et une édition reportée sine die en 2021 pour donner du temps au temps – c’est-à-dire pour disparaître sans (trop) perdre la face. A force de se croire incontournable et invulnérable, on finit par sortir du radar. L’histoire de l’horlogerie se continuera désormais, tous les printemps, du côté de Genève…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004... 

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