Quand l’ekranoplane fait le tour du cadran et quand Jules Verne plonge en sous-marin : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Deux fenêtres latérales ouvertes sur le temps qui passe (MB&F).
Deux fenêtres latérales ouvertes sur le temps qui passe (MB&F).
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Atlantic-Tac

Mais aussi la série de l’ombre face à la lumière, l’ovni horloger à prismes verticaux, le monopoussoir néo-classique à quatre mains et les 62 merveilles d’Only Watch…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS ÉRARD x MASSENA LAB : Style néo-classique…

La mode est aux montres à quatre mains – ce qu’on appelle aujourd’hui des « collabs » (concept plus chic pour « collaborations »). Un exercice où s’allustre avec excellence une maison horlogère indépendante comme Louis Érard, actuellement en plein repositionnement créatif. Plateforme horlogère tout aussi créative réinventée par William Massena, un vétéran de la montre, Massena Lab a déjà pratiqué la « collab » avec Louis Érard, mais leur dernier opus commun est un chronographe monopoussoir restylé en toute simplicité : un seul poussoir (intégré dans la couronne de remontage) pour déclencher, stopper et remettre à zéro le chronographe, un seul compteur pour la première demi-heure de ce chronographe (boîtier de 43 mm en acier), les secondes étant classiquement décomptées autour du cadran. On admirera au passage les finitions satinées, le cadran grené à l’ancienne, l’opalin argenté du compteur des minutes ou les aiguilles bleuies. On appréciera aussi le prix relativement modéré (dans les 4 500 euros) pour une montre néo-classique, qui n’existera qu’en deux séries de 178 pièces (cadran rhodié : ci-dessous ou cadran doré)…

CHANEL : De l’ombre à la lumière…

Pourquoi se contenter d’une seule montre, même si c’est une J12 Chanel ? Pourquoi ne pas en changer tous les jours, pourvu qu’elle ne soit pas toujours tout-à-fait la même ? C’est l’exercice de style proposé par Chanel à travers son épatant coffret Éclipse (collection Interstellar) : sept J12 qui vont de la céramique mate noire et de la céramique blanche et qui se trouvent réunies dans un seul coffret. Soit un surprenant passage de la lumière à l’ombre, ou l’inverse, à pratiquer sur un seul poignet tout au long de la semaine. Une pratique solitaire, pas pour une question de poignet mais parce que le coffret mis en scène par Chanel est unique et que chaque J12 de cet ensemble sera une pièce unique [si vous vous posez des questions sur le prix de ce coffret, c’est que vous n’en n’avez pas les moyens !]. Question métaphysique : regardez bien cette série, de la gauche vers la droite, puis de la droite vers la gauche et demandez-vous si c’est la bande blanche qui l’emporte ou si c’est la bande noire qui finit par dominer – c’est vertigineux…

RAKETA : Entre air et mer…

Les ingénieurs un peu fous de l’ex-Union soviétique n’avaient peur de rien : alors que la guerre froide avec le bloc occidental leur ouvrait des perspectives budgétaires infinies, ils osaient tout dans tous les domaines, avec une inventivité qui leur avait même permis d’imaginer des engins hybrides entre le bateau et l’avion, des sortes d’avions capables de voler juste au-dessus de l’eau en jouant sur un « effet de sol » qui permettait à l’appareil de voler très bas [donc d’échapper aux radars] en s’appuyant sur la résistance de l’eau, de la neige ou de la glace. La plupart de ces appareils à effet de sol – qui pouvaient aller plus vite que des bateaux tout en ayant une capacité de transport supérieure à celle d’un avion – ont aujourd’hui disparu de la circulation. La manufacture suisse Raketa a pu en retrouver un, le très futuriste Lun (« busard » en russe) aujourd’hui abandonné sur une plage du Daghestan, en Russie : 400 tonnes et six batteries de missiles qui se propulsaient à 550 km/h sur 2 000 km grâce à huit moteurs. C’est en hommage à cet appareil, unique dans l’histoire de l’aviation, que Raketa lance une montre Ekranoplan – les Russes parlent d’« ekranoplane » pour ces aéroplanes à « effet d’écran » (l’équivalent russe de l’effet de sol). La lunette de chaque montre de cette série est dotée d’une parcelle métallique fabriquée à partir d’une tôle du Lun, le design de la lunette étant inspiré par les compteurs et la boussole du tableau de bord de l’avion, dont on trouve une gravure en ronde-bosse sur le fond de la montre. Originalité, qui rappelle la vocation militaire du Lun : il s’agit d’une montre automatique à cadran vingt-quatre heures [et non douze heures comme la quasi-totalité des montres du marché]. Il n’y aura que 500 pièces dans cette série d’Ekranoplan, à commander sur le site de Raketa, qui assure la livraison à domicile en France (environ 2 000 euros avec les taxes)…

MB&F : Stratégie latérale…

Si, si ! ontrairement aux apparences, cette Horological Machine n° 8 est bien une montre-bracelet, destinée comme telle à se poser sur une poignet et donc capable d’indiquer l’heure grâce aux deux « hublots » qui s’ouvrent sur le côté de ce qu’il faut bien se résoudre à baptiser « boîtier », même si les formes, les lignes, les volumes et les courbes du « boîtier » de cette HM8 – version Mark 2 – n’ont rien à voir avec l’esthétique traditionnelle de l’horlogerie contemporaine. Cette HM8 s’inscrit pourtant dans une tradition, mais c’est celle des « montres casquettes » digitales des années 1970, révolutionnaires à l’époque pour leur lecture latérale de l’heure – sauf que cette HM8 est purement mécanique [le mouvement et son rotor s’affichent sur le haut du boîtier] : à l’époque, ces montres à lecture latérale avaient la faveur des pilotes automobiles, qui n’avaient pas à tourner le poignet pour savoir l’heure quand ils étaient au volant. Dans les « hublots » de cet ovni horloger, on voit donc défiler les heures (le chiffre saute à l’heure pile pour s’y maintenir pendant soixante minutes) et les minutes, qui « glissent » pendant l’heure en cours : la lisibilité est assurée par un système de prismes qui permettent de « voir » verticalement des disques horizontaux. Pour ce qui est de la mécanique, c’est du superlatif suisse signé Girard-Perregaux. Pour le reste, il y a tant d’ingéniosité dans le choix des matériaux, la finition des états de surface, la palette des couleurs et le non-conformisme général du style qu’on renonce à en faire l’inventaire. Bien entendu, on demeure dans une gamme de prix elle aussi superlative (comptez dans les 84 000 euros), mais comme il n’y aura qu’une trentaine de montres disponible dans le monde pour chaque variante de cette HM8 Mark 2, la file d’attente s’allonge déjà. Reste cet étrange sentiment de souveraineté qui submerge la personnalité de celui qui ose porter cette montre : on est transporté dans l’ailleurs de ceux qui osent vraiment et qui assurent leur audace.

LAVENTURE : À la Jules Verne…

La nouvelle collection Sous-Marine II de la jeune marque indépendante Laventure [en un mot] est difficile à prendre en défaut tellement Clément Gaud, qui a lancé Laventure sur les chemins de l’hommage rétronostalgique, en a pensé minutieusement chaque détail pour en assurer la séduction. Le boîtier de cette « plongeuse » intégralement Swiss Made, étanche à 200 m, est d’une taille très mesurée (40,5 mm), ce qui en fait une montre « urbaine » très agréable à porter : en bronze, c’est encore plus irrésistible. Son mouvement automatique de qualité « manufacture » [pour une fois, c’est vrai !] dispose d’une masse oscillante en or – ce n’est vraiment pas fréquent. Son cadran « sandwich » à deux plaques garantit une lisibilité optimale dans la pénombre, avec une pré-patine ivoirée qui rend la montre « hors d’âge » comme les bons cognacs. Le « verre » est un « superdôme » en plexiglass, matériau à l’ancienne, léger et anti-reflets dont les rayures se repolissent facilement : il confirme le style pleinement vintage d’une montre très réussie, à laquelle on ne pourra finalement reprocher que son prix [comptez dans les 8 000 euros, ce qui la fait régater avec des grandes marques très réputées], même si celui-ci n’est finalement que la somme de toutes les attentions concentrées par Laventure à cette collection. Même l’écrin de cette sportive très citadine a été repensé : il s’inspire des livres illustrés que l’éditeur Hetzel réservait aux Voyages extraordinaires de Jules Verne. Tiens, c’est vrai : si le capitaine Nemo avait porté une montre, elle aurait pu ressembler à cette Sous-marine II signée Laventure…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• ONLY WATCH : la grande affaire des premiers jours de cet été horloger 2023, c’est la présentation des 62 lots de la vente aux enchères charitable Only Watch du mois de décembre. 62 créations horlogères qui sont autant de pièces uniques proposées par les marques qui ont souvent choisi de s’associer pour des propositions encore plus originales. Si la montre Patek Philippe qui sera sans doute la mieux adjugée de cette vente n’a pas encore été dévoilée, on remarque cependant la bonne tenue des jeunes maisons indépendantes, souvent très originales comme le quantième perpétuel révolutionnaire de Furlan Marri (ci-dessous) : on y lira pendant quatre cent ans la date du jour, le jour de la semaine, le mois de l’année et l’année en cours (bissextile ou non), ce ci grâce à un module innovant mis au point par le fameux concepteur horloger Dominique Renaud [une montre qui devrait se vendre dix, vingt sinon cinquante fois plus cher que les montres Furlan Marri]. Autre révélation forte de cette vente : le retour sur le devant de la scène de la marque française L. Leroy, référence prestigieuse de l’horlogerie française. Nous vous présenterons dans nos prochaines chroniques Atlantic-Tac les montres les plus marquantes de cette prestigieuse dispersion horlogère…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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