Quand Cédric se veut soutenable et quand Franck prend son pied : c’est l’actualité frimaire des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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montres Louis Erard Hermès Cédric Bellon Le Forban Franck Muller
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Atlantic Tac

Mais aussi un cheval de cuir bien clouté, une collaboration bien régulée, une ancre de marine bien repensée et un fuselage bien redécorée…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS ÉRARD : Un futur intérieur très antérieur…

Seuls les aficionados du mundillo horloger connaissent le nom de Vianney Halter, mais seuls les super-initiés savent à quel point cet horloger indépendant français [aujourd’hui quinquagénaire toujours juvénile, il a lancé sa marque en 1998], a influencé toute la nouvelle génération des créateurs horlogers du XXIe siècle. Son intransigeance éthique l’a sans doute empêché d’avoir la notoriété qu’il méritait, mais il reste le pôle qui aimante les rêves de nombreux jeunes entrepreneurs de la montre. Et pas que les jeunes ! On voit ainsi la maison suisse Louis Érard, récemment refondée sur des bases plus saines et plus rigoureuses, lancer un « régulateur » développée en « collaboration » [c’est le mot à la mode chez les horlogers] avec Vianney Halter, sous cette double signature. Pour mémoire, un « régulateur » est une montre qui affiche le temps de la façon la plus lisible possible, sur trois espaces différents : les minutes au centre, les heures en haut, les secondes en bas [c’était l’affichage traditionnel des horloges de précision qui servaient de référence dans les ateliers horlogers d’autrefois]. Les aficionados en question reconnaîtront dans l’esthétique de ce cadran les codes graphiques et les chiffres chers à Vianney Halter – les autres en découvriront le néo-classicisme subtilement futuriste. On est ici dans le « futur antérieur », et même dans le futur… intérieur ! Ce Régulateur automatique donne une idée assez exacte de ce que les grands maîtres de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle auraient pu inventer s’ils avaient voulu faire des montres-bracelets. Tout en admirant les aiguilles bleuies (toutes sont différentes), on se demandera pourquoi ce Régulateur, dont la série limitée ne comptera que 178 exemplaires, voit son prix porté autour des 3 300 euros, sachant que la précédente « collaboration » de Louis Érard avec le designer français Alain Silberstein ne dépassait pas les 2 700 euros. C’est un réflexe naturel chez les Suisses : mieux ça marche, plus c’est cher ! Comme les amateurs ont plébiscité la série des Louis Érard x Alain Silberstein [notamment aux enchères], pourquoi ne pas en profiter avec une guest star aussi exclusive Vianney Halter ? Donc, un bon conseil : passez commande tout de suite, ce sera un excellent investissement…

HERMÈS : De cuir, de diamants et d’acier…

Fidèle à sa vocation de sellier et de maroquinier, la maison Hermès pose son regard de spécialiste des cuirs et de la clouterie sur sa fameuse montre Arceau : le cadran est découpé dans une pièce de cuir où 395 mini-clous dessinent un motif équestre de cheval au pas. Cuir noir ou cuir blanc au choix. Plus précieux, très Hermès, mais tout aussi horloger : une centaine de diamants ceinturent la « lunette » du boîtier Arceau en acier de 36 mm, reconnaissable à son attache supérieure en forme d’étrier. Un vieux chant de lansquenets lançait : « De cuir est ma peau première, d’acier ma seconde peau ». Cette Arceau Horse nous en livre sa nouvelle version, très française mais singulièrement élégante…

CÉDRIC BELLON : Radicalement soutenable…

C’est un des designers horlogers français les plus appréciés, même si son nom reste peu connu du grand public : Breton de souche, Cédric Bellon a multiplié les coups de crayon pour des marques comme Bell & Ross ou Hermès, mais ses choix de vie le poussent à présent à développer une montre aussi respectueuse que possible de l’environnement. Le thème est à la mode chez les horlogers, mais très peu de marques ont le courage de s’atteler vraiment au reformatage de toute leur chaîne industrielle pour produire des montres plus « responsables » et « soutenables ». On découvre dans la vidéo ci-dessous que ce discours n’est pas une posture marketing pour Cédric Bello, mais un style de vie bien assumé. La tool watch (« montre outil » à porter sans souci au quotidien) pousse très loin ce souci environnemental, avec un boîtier en acier recyclé, un cadran (en acier recyclé) dépourvu du moindre vernis, un bracelet en cuir aussi « naturel » que possible et un mouvement qui s’efforce de jouer sa partition dans ce concert en provenant d’un stock recyclé [dont l’empreinte carbone est donc passablement « digérée »]. Le tout à un prix de souscription très intéressant pour une tool watch qui vraiment son Swiss Made, puisque l’opérateur suisse choisi par la fabrication, Watch Angels, a délibérément choisi des fournisseurs de proximité, en réduisant tout au long de la chaîne de fabrication les impacts inutilement non-soutenables : vous n’avez plus que deux jours pour profiter de ce prix de lancement (460 euros ou 700 euros selon le type de mouvement, à commander sur le site de Watch Angels). Une tool watch qui correspond exactement à ce que devraient être les nouvelles montres mécaniques des années 2020 : créatives, innovantes, accessibles et porteuses de sens (ici, une radicalité environnementale respectée du premier au dernier maillon de la chaîne de valeur)…

LE FORBAN : Du bureau à la palanquée…

La sympathique, indépendante et modeste (petite) marque française Le Forban, ressuscitée voici un an, lance à présent la seconde montre de sa collection : si la première était une « Malouine », cette nouvelle « Brestoise » reprend un les lignes et l’identité d’une montre Le Forban de 1969, avec un mouvement automatique, une étanchéité à 150 m, une lunette tournante et un prix volontairement accessible à moins de 500 euros. C’est le type même de la « plongeuse » à porter au quotidien aussi bien qu’en palanquée, à mi-chemin entre la « montre de bureau » (dans le goût sportif) et la tool watch pure et dure. On appréciera particulièrement la qualité de fabrication pour ce prix (rendu possible par une distribution très majoritairement en ligne), la taille très raisonnable (38,5 mm de diamètre) et le cadran hyper-lisible – mais aussi le ruban tricolore qui signe l’identité de ce cadran placé sous le signe d’une ancre de marine qui rappelle que, dans les années 1970, les plongeurs de la Marine nationale étaient équipés de telles montres Le Forban. Félicitations à Jean-Sébastien Coste, le re-créateur de la marque, pour la dignité de sa démarche…

FRANCK MULLER : Du pied au poignet…

Si, si, ce sont bien des sneakers New Balance, mais ce sont surtout les sneakers (en franglais : « baskets de ville ») les plus horlogers jamais proposés aux fétichistes de ce type de chaussures. Cette série limitée CM996 nous arrive du Japon et elle est inspirée par l’univers esthétique de la marque Franck Muller, en particulier les chiffres étirés stylisés et le bouquet de couleurs, mais aussi par le choix de l’or ou de l’argent pour la tige. De même que la manufacture suisse Franck Muller relevait de la haute horlogerie, cette paire de CM996 relève de la haute basketerie ! Ne rêvez pas : dès l’annonce du lancement de cette série limitée sur le marché japonais, les 996 exemplaires ont été razziés par les collectionneurs [on aurait pu en vendre quatre ou cinq fois plus !] et on ne les trouve plus qu’à des tarifs indécents chez les revendeurs en ligne spécialisés. Un bel hommage du pied au poignet…

MB&F : Dans le nez du chasseur…

Cette « Horological Machine » n° 4 (HM 4 pour rester simple) est née voici dix ans et elle a su rester une des montres-bracelets les plus disruptives de toutes les années 2010 – ce qui n’est pas un mince exploit compte tenu de l’explosion créative de cette décennie de « bulle horlogère ». En dépit de multiples éditions, rééditions, déclinaisons et réinterprétations, elle est introuvable sur les marchés, mais elle « cartonne » en salle des ventes aux enchères. La maison indépendante MB&F était bien décidée, de toute façon, à ne pas en relancer la production (une centaine de montres ont été réalisées). Sauf qu’il en restait une seule en stock, la dernière, qui n’est autre que le prototype initial de 2010. Maximilian Büsser, le Peter Pan qui anime le laboratoire créatif MB&F, a décidé d’en faire une pièce unique, rebaptisée « Kittyhawk », qui était un des surnoms du chasseur américain Curtis P-40, un des plus célèbres avions de la Seconde Guerre mondiale, que ses pilotes de l’époque décoraient souvent de peintures personnelles – une mode qu’on a fini par qualifier de Nose Art (nose pour le « nez » du fuselage). Comme ces avions de guerre, cette Kittyhawk est décorée d’yeux pas très aimables et de dents de requin repeints à la main par l’artiste miniaturiste Isabelle Villa, avec un effet de patine sur le cadran des heures et le cadran de la réserve de marche (72 heures). Sur le plan mécanique, cet affichage déporté sur un double compteur, à partir du mouvement automatique dont le double train de rouages (311 composants) est situé à l’arrière de la montre. Si vous aviez l’intention de dépenser les 200 000 euros nécessaires pour acquérir cette pièce unique, rassurez-vous, vous venez de faire une grosse économie : la « Kittyhawk » est déjà entre les mains d’un heureux collectionneur, qui a été plus rapide que vous…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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