La climatisation, mauvaise pour le climat… ou pas tant que ça ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des Français devant des rayons de climatiseurs et de ventilateurs.
Des Français devant des rayons de climatiseurs et de ventilateurs.
©PATRICK BERNARD / AFP

Atlantico Green

Les idées reçues sur la climatisation sont encore très nombreuses, notamment en termes de consommation et de pollution.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Une climatisation mise à 25°C dans les pièces de vie et 20°C dans une chambre, consommerait 278 kWh en été. Côté émissions de CO2, la « dépense » pour une journée climatisée serait de 367 grammes, l'équivalent de seulement 2.5 kilomètres parcourus avec une voiture. L’installation d’une climatisation permettrait de diviser par trois la consommation électrique, représentant une économie de 4759 kWh. Combien est-ce que la climatisation consomme vraiment et pourquoi ?

Damien Ernst : Il faut toujours mettre cette consommation en perspective avec d’autres charges. La climatisation fonctionne à l’électricité. Par rapport à la charge du chauffage, pour la France, la climatisation doit représenter 1/50ème de la charge du chauffage. Cela est très faible. Ce n’est pas une charge anecdotique mais elle est très faible. 

Pour la consommation d’une climatisation dans une chambre, cela va dépendre de la région dans laquelle vous vous trouvez en France, en fonction de la chaleur. Les besoins en climatisation à Marseille sont tout à fait différents à Lille, où ils sont quasi-inexistants. 

La charge électrique française pour le chauffage, à l’heure actuelle, est principalement du chauffage direct. Du courant passe dans une résistance et chauffe cette  dernière. 

Quand vous installez une climatisation, une pompe à chaleur, pour une unité d’énergie électrique, vous avez généré 3, 4 ou 5 unités de froid. Cela est lié au coefficient de performance de votre pompe à chaleur. Plus il fait chaud, plus l’écart entre la pièce de vie et l’extérieur augmente, plus le coefficient va diminuer. 

Ces pompes à chaleur sont souvent réversibles. En été, elles peuvent générer du froid. Et en hiver, elles peuvent générer du chaud. En hiver, lorsqu’elles génèrent du chaud, elles ont aussi cet aspect multiplicateur qu’un chauffage à résistance directe n’a pas. 

Pour une calorie électrique en hiver, vous avez peut-être généré trois calories de chaleur  contrairement au chauffage à résistance. C’est la raison pour laquelle ces pompes à chaleur, que l’on installe généralement pour de la climatisation, sont particulièrement intéressantes. Il est possible de les utiliser comme chauffage en hiver. Cela diminue votre charge chauffage d’un facteur trois. 

Avec une pompe à chaleur, vous allez consommer de l’électricité pour l’air conditionné, pour le froid. Mais cela va vous permettre, si vous en faîtes un bon usage, de réduire votre consommation électrique en hiver. 

Quel est l’effet global de la climatisation sur l’environnement ?

Si vous installez des climatisations, des pompes à chaleur dans des endroits qui remplacent les chauffages électriques directs à résistance, même si vous consommez de l’électricité pour votre pompe à chaleur en été pour générer du froid, les gains que vous avez réalisé en hiver pour générer du chaud sont très significatifs et font plus que compenser la consommation additionnelle que vous avez en été. 

Cela entraîne des bénéfices en termes d’économies d’énergie. 

La climatisation est-elle vraiment si mauvaise pour le climat ou pas tant que ça ?

Avec des pompes à chaleur, cela permettrait de faire des gains importants en hiver. Pour la climatisation, vous l’activez généralement lorsqu’il fait chaud. Il y a donc beaucoup d’énergie photovoltaïque qui est disponible alors qu’elle ne l’est pas en hiver puisque le soleil se couche très tôt. Le rayonnement est très faible. La pompe à chaleur se met très bien avec des dispositifs photovoltaïques. Lorsque dans le futur les pompes à chaleur vont fonctionner,  elles seront utilisées lorsque vous avez une électricité terriblement décarbonée qui vient du photovoltaïque. Il s’agit d’un dispositif qui permet naturellement de gérer ces fluctuations intra-saisonnières du photovoltaïque qui génère beaucoup plus d’électricité en été qu’en hiver. Il y a une nouvelle charge qui apparaît et qui permet d’absorber ce surplus d’électricité. Les pompes à chaleur, les climatisations, ne sont absolument pas néfastes pour le climat, notamment lorsqu’elles sont accompagnées de panneaux photovoltaïques et lorsqu’elles sont utilisées en mode chauffage en hiver. Elles peuvent ainsi avoir des effets très bénéfiques. 

Est-il possible d’avoir à l’avenir des climatisations "vertes", qui seraient moins consommatrices d’énergie et moins polluantes ?

Dans les climatisations, il y a des gaz fluorés à l’intérieur. Lorsqu’ils s’échappent, ce sont des gaz à effet de serre qui sont très puissants et qui ont une très longue durée de vie dans l’atmosphère. Les nouvelles pompes à chaleur sont développées avec d’autres gaz. 

Les climatisations étaient généralement pointées du doigt pour l’utilisation de ces gaz fluorés. 

Les constructeurs avancent dans cette direction pour améliorer leur produit et pour avoir un moindre impact sur l’environnement.   

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