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HTML5 : 
nouveau langage du web
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La minute "Tech"

Nouveau langage du web, le HTML5 va beaucoup améliorer notre manière d’être sur le Réseau. Trois informations récentes confirment le potentiel d’une évolution majeure qui provoque de rudes confrontations technologiques et commerciales.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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Le 21 mars, la fondation Mozilla ouvrait en téléchargement le navigateur Firefox 4 dont une des caractéristiques est une intégration du HTML5 beaucoup plus poussée que chez les concurrents, Internet Explorer 9, Safari, Opéra et Chrome.  Le 30 mars, Google dévoilait les composants audio (Vorbis) et vidéo (VP8) d’un nouveau format d’images animées, WebM, fondé sur le HTML5. Le lendemain, une start up suisse, Jilion, rendait disponible sa plateforme Sublime Video qui stocke « dans les nuages » c'est-à-dire sur des serveurs distants (cloud computing) et diffuse des images animées, notamment par le truchement de lecteurs gratuits à incruster dans des sites ou des blogs. En HTML5 évidemment. Ces trois évènements concomitants sont les signes annonciateurs de changements aussi décisifs qu’agréables pour les internautes.

Plus qu’une évolution, une mutation

Petit rappel : tissée avec le « langage à liens hypertexte marqués » (HyperText Markup Language), la Toile mondiale est, par essence, un espace de communication ouvert. Un continent sans frontières. Cependant, depuis quelques années, des firmes comme Apple ou Adobe se taillent sur le web des territoires délimités. Des fiefs à péages. Ce qui revient à faire du «vaste continent » un archipel avec de plus en plus d’enceintes munies de guichets. La fragmentation du « Réseau des réseaux » repose sur de réelles innovations - dont Apple est le meilleur et le pire exemple - converties en sources de redevances : la tablette Ipad est une belle innovation pour la presse mais Apple se réserve 30% des contenus payés sur son support. De même  Adobe, qui a racheté Flash dans les années quatre-vingt dix, tire d’énormes profits de ce quasi standard de l’animation électronique. Le HTML5 est un langage innovant, flexible et ouvert à tous les développeurs, donc « opposé » à la fragmentation mercantile du web. (Paradoxe : Apple veut éliminer Flash qui est trop gourmand en énergie sur les produits mobiles et soutient donc le HTML5, lequel est pourtant le contraire d’un système propriétaire qui fait la fortune d’Apple).

Le passage de HTML3 à HTML4 était une évolution succédant à d’autres évolutions. Le HTML5, lui, est une mutation. Il va transformer ce que l’on appelle « l’expérience utilisateur » - le plaisir de naviguer, d’explorer des sites, de les « manipuler » - en faisant de chaque page web l’équivalent d’une application riche en texte, en sons, images interactives, vidéos immersives, visualisations de données et en géolocalisation. Il se murmure, du côté de Seattle, siège de Microsoft, que la future version de la suite bureautique Office comportera un outil capable de transformer des masses de statistiques arides en superbes infographies interactives ; entrer dans la complexité de l’actualité – grâce au HTML5 – deviendra un jeu. Ouverte à tous les développeurs, la cinquième version du langage natif du web est surtout très orientée vers les réseaux mobiles des smartphones et des tablettes. Autrement dit vers l’avenir.

Enquête sur le cartel des redevances

Le navigateur Firefox 4 dispose de toutes les nouvelles fonctionnalités visuelles du HTML5 : Canvas pour les animations électroniques, SVG pour les images vectorielles. Les clips de Sublime Video sont d’une très grande qualité et se consultent de manière interactive avec un lecteur gratuit dont chacun peut copier le code afin de l’incruster dans son blog. Fair play, Sublime Video a prévu un retour au Flash si le navigateur n’est pas à jour. Évidemment compatible avec le système d’exploitation Androïd de Google, qui équipe de plus en plus de smart phones et  de tablettes, le format vidéo WebM (de Google) résume à lui seul les enjeux de l’implacable confrontation en cours dans l’univers high tech.

Elle oppose, d’un côté, des géants du web qui cherchent à transformer leurs innovations en standards universel : Google « offre » son format WebM pour qu’un maximum de développeurs créent un maximum d’applications qui attireront un maximum d’utilisateurs. En face, des grandes firmes qui, comme Apple ou Adobe, veulent prospérer sur leur avance technologique. Beaucoup moins connus, des regroupements industriels s’arc-boutent contre l’ouverture  que représente le HTML5. Le consortium MPEG-LA, par exemple,  perçoit les redevances sur le format vidéo H264. Pour que Google gagne, il faut que son format vidéo WebM basé sur le HTML5  élimine le format H264. La confrontation est suffisamment âpre pour que le ministère américain de la Justice engage une procédure exploratoire contre d’éventuelles pratiques anti-concurrentielles de MPEG-LA. Ce groupe est considéré comme un cartel qui collectionne les licences de toutes sortes à seule fin de recueillir les redevances imposées aux développeurs et aux producteurs de contenus.

Trois ans pour choisir

Pour les internautes, ces mutations technologiques et ces rixes resteront transparentes ; elles devraient déboucher sur une exploitation jubilatoire du web, de moins en moins passive et de plus en plus créative. Du moins s’ils choisissent, quand ils téléchargent un navigateur ou achètent un produit, les standards ouverts plutôt que les services qui les enferment dans des environnements à prélèvements arbitraires.

Le peuple du web a encore trois ans pour choisir démocratiquement entre le continent et l’archipel. Les dernières spécifications du HTML5 doivent être enregistrées le 22 mai prochain et le nouveau langage devrait être stabilisé en 2014.

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