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Empreinte carbone des usages numériques : quand l’Ademe revient enfin à des estimations réalistes
©ATTA KENARE / AFP

Minute Tech

Les estimations de l’organisme étaient jusqu’à présent inutilement catastrophistes.

Pierre Beyssac

Pierre Beyssac

Pierre Beyssac est Porte-parole du Parti Pirate

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Atlantico : L'Ademe a lancé un outil afin de calculer et donner des ordres de grandeur de l’empreinte carbone de nos usages numériques. Que nous permet de savoir cet outil ? Quels sont les ordres de grandeur donnés ? Sont-ils justes ?

Pierre Beyssac : Ce nouvel outil donne des points de comparaison, par exemple impact de la fabrication d'1 smartphone = 3 repas avec de la viande de bœuf = fabrication de 5 t-shirts.

Cela a le mérite de rappeler les ordres de grandeur relatifs et de montrer que le poids relatif du numérique est beaucoup moins élevé que la perception qui nous en a été donnée ces dernières années.

Les ordres de grandeur cités semblent en phase avec les consensus actuels sur le poids du numérique, même s'il est difficile d'obtenir des chiffres précis en termes de fabrication, celle-ci relevant souvent d'acteurs lointains et discrets sur leurs procédés industriels.

L’Ademe est-elle en train  de revenir à des estimations plus réalistes de l’empreinte carbone du numérique ?

Espérons-le. Notamment, le document Ademe de 2011 sur le courriel, qui a été décliné ici et là en de nombreuses vulgarisations catastrophistes, aboutit encore 10 ans plus tard à des recommandations aberrantes et mal ciblées.

Comment expliquer cette rupture avec les discours plus alarmistes que tient traditionnellement l’Ademe sur le sujet ?

Sans doute l'Ademe a-t-elle fini par entendre les retours des spécialistes, qui étaient nombreux à aleter sur ces évaluations manifestement exagérées et à tenter d'apporter un contre-discours plus lucide.

Cette évolution est évidemment à encourager pour que le numérique soit remis à sa juste place.

Cet outil pourrait-il permettre d'aller contre les idées reçues qui continuent trop souvent de circuler sur le bilan carbone numérique ?

C'est un pas dans le bon sens. Cependant, des affinements de méthodologie restent nécessaires : notamment, le flou entre les modèles attributif et conséquentiel reste présent.

Le modèle attributif, très majoritaire en études environnementales car plus facile à évaluer, consiste à imputer les coûts fixes au prorata du volume de service et à présenter des chiffres par unité de service. Par exemple, des grammes de CO2eq par gigaoctet transféré. Mais présenter un tel chiffre en vulgarisation laisse entendre qu'une réduction de consommation aboutit à une économie proportionnelle. Or ce n'est pas le cas, puisque les coûts fixes, qui ne dépendent pas du volume d'usage, sont largement majoritaires dans l'équation.

Le modèle conséquentiel cherche à évaluer directement l'impact direct d'une action. Il permet de fournir des ordres de grandeur beaucoup plus réalistes de la portée réelle de nos efforts, mais son évaluation est plus complexe. La vulgarisation oblige à quelques raccourcis. Cependant, elle doit rester pertinente pour ne pas nous envoyer dans des impasses ou des actions contre-productives.

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