Dans quelle mesure les arbres peuvent-ils lutter contre le changement climatique ? Les scientifiques ont de nouvelles réponses<!-- --> | Atlantico.fr
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Les arbres sont une part de la réponse que l'on peut apporter pour limiter les effets du changement climatique.
Les arbres sont une part de la réponse que l'on peut apporter pour limiter les effets du changement climatique.
©CHRISTOF STACHE / AFP

Atlantico Green

Dans une nouvelle étude, il est dit que la restauration des forêts mondiales pourrait potentiellement capter 226 gigatonnes supplémentaires de carbone responsable du réchauffement de la planète.

Brigitte Musch

Brigitte Musch

Brigitte Musch est chercheuse à l'Office National des Forêts (ONF).

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Atlantico : Une étude publiée dans la Revue Nature indique que la restauration des forêts mondiales pourrait potentiellement capter 226 gigatonnes supplémentaires de carbone responsable du réchauffement de la planète, soit l'équivalent d'environ 1/3 de la quantité rejetée par l'homme depuis le début de l'ère industrielle. Quel rôle jouent les forêts face aux crises du climat et de la biodiversité ? Sont-elles vraiment les poumons de la planète Terre ?

Brigitte Musch : Elles sont une partie des poumons de la planète. Elles ne sont pas les seules puisqu’on a les océans qui sont aussi un gros poumon pour la planète avec notamment les algues, les micro-algues, etc. Les forêts ont un rôle très important dans la captation du CO2. C'est quelque chose qui a été démontré depuis très longtemps. Le fait qu'elles soient en bon état sanitaire leur permet de jouer ce rôle de capteur.  

Actuellement, le réchauffement climatique impact durement les forêts et on a des dépérissements sur des espèces qui ont pu être plantées et sur des espèces qui sont autochtones, qui se régénèrent naturellement quels que soient les endroits du globe. Nous observons ces dépérissements en forêt tempérée mais aussi en forêt tropicale où on a des alternances de sécheresses, de saisons sèches et de saisons humides qui sont bouleversées avec des saisons sèches de plus en plus importantes. Comment restaurer ce poumon pour qu'il continue de stocker ce CO2 et d'apporter ce bénéfice à la planète et à l'homme ?

Un arbre arrête d'absorber du CO2 lorsqu’il fait trop chaud et trop sec. Quand ils n’ont pas suffisamment d'eau, les arbres arrêtent de transpirer et de respirer. Quand on dit qu'il faut qu'on restaure les forêts mondiales, cela signifie qu’il faut qu'on restaure leur fonctionnement global pour que ces forêts puissent continuer à respirer et à transpirer.

En France, comment adaptons-nous nos forêts face aux aléas climatiques ? Utilisons-nous correctement ce potentiel de la nature ? 

Nous avons différentes stratégies puisqu’on ne connaît pas quelles vont être les trajectoires exactes des émissions de CO2 et les réponses des espèces car elles ne se sont jamais trouvées dans de telles conditions aussi rapidement. La planète et les arbres ont déjà connu des réchauffements climatiques qui se sont faits sur plusieurs milliers d’années. Ce n’est pas le cas actuellement. 

Garder les forêts dans le meilleur état possible pour leur renouvellement est primordial. Pour cela, nous avons une sylviculture qui est précautionneuse et nous misons aussi beaucoup sur une régénération naturelle de nos forêts. Actuellement, elle est d’environ 80 % en France mais avec le changement climatique, il y a de forts dépérissements. Nous allons donc légèrement diminuer la part de régénération naturelle pour maintenir l’état boisé dans les meilleures conditions afin qu'il puisse continuer à stocker du CO2.

Certaines espèces d'arbres résistant mieux aux changements climatiques sont-elles à privilégier pour faire perdurer les forêts françaises ?

Nous pouvons jouer sur l'origine des espèces que l'on peut introduire, récolter et planter pour venir diversifier les peuplements actuels.

 Si vous prenez un hêtre qui pousse depuis des générations dans des conditions plus sèches, il a malgré tout acquis une adaptation à ses conditions environnementales qui vont être le futur de la hêtraie. Le chêne pubescent est une espèce qui pousse dans des conditions plus sèches dans le sud de la France, le sud de l'Espagne ou le sud de l'Italie. Il a cette capacité à mieux résister au climat futur. Donc, on introduit ces espèces-là dans les forêts soit par petits îlots qui peuvent faire de 0,5 à 2 hectares en moyenne, soit vraiment par des petits bouquets de 30 arbres maximum dans une régénération naturelle répartie de manière régulière. Ce procédé apporte de la diversité à la fois en termes d'espèces, mais aussi de la diversité génétique. Nous choisissons les espèces sur les critères de résistance à la sécheresse et à la température.

Les arbres sont-ils une solution miracle au changement climatique ? En prendre soin ça peut résoudre une partie du problème ? 

Bichonner nos arbres, cela veut dire que nous prennons conscience collectivement des effets délétères du changement climatique qui change nos façons de vivre. Les arbres sont une part de la réponse que l'on peut apporter pour limiter les effets du changement climatique. Mais ils ne sont qu'une part et ne sont pas la solution miracle. 

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