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Ancêtres gigantesques des séquoias : ces paléo-botanistes qui ramènent à la vie des arbres disparus
©DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Green

Une organisation d'arboristes américains, "Archangel Ancien Tree", a annoncé qu'il était désormais possible de "ramener à la vie" par le clonage les ancêtres des Séquoias géants pour lutter contre le réchauffement climatique.

Atlantico : Une organisation d'arboristes américains, "Archangel Ancien Tree", a annoncé qu'il était désormais possible de "ramener à la vie" par le clonage les ancêtres des Séquoias géants, ce projet est-il réaliste ?

Philippe Gerrienne : Le projet de l’association Archangel Ancient Tree Archive est de créer des bibliothèques de gènes d’arbres anciens (). Ce projet est intéressant. Créer des banques de données génétiques d’organismes qui sont en train de disparaître ou de souffrir à cause du réchauffement climatique est évidemment louable, voire même indispensable,afin d’éviter un appauvrissement encore plus drastique de la biodiversité terrestre actuelle. Ce projet pourrait même déboucher sur des cultures à grande échelle de plantes capables de mieux supporter les variations climatiques futures.

Là où je suis plus sceptique, c’est quand cette association déclare : « Nous voulons et devons remplacer les systèmes de filtres naturels de notre eau et de notre air pour lutter contre le réchauffement climatique et le changement climatique, et protéger notre écosystème d'eau douce pour rétablir la santé de notre planète ». Il s’agit d’un autre projet, et d’un autre objectif.

Je suis aussi septique dans le choix de la plante (séquoia coupé voici cent ans). Pour atteindre l’objectif décrit ci-dessus, il n’est pas nécessaire de cloner des arbres anciens : il existe dans la nature actuelle suffisamment de plantes qui peuvent remplir ce rôle-là – en fait, toutes, avec plus ou moins d’efficacité. Il suffit plutôt de bien choisir les essences ou les espèces à cultiver. En tout cas, il me semble évident que pour capturer en masse du CO2 dans l’espoir de diminuer l’effet de serre, cultiver des séquoias géants dont la croissance est extrêmement lente est ridicule. Mieux vaut cultiver des plantes à croissance très rapide (et qui donc vont capturer rapidement une grande quantité de CO2 pour se développer) comme les bambous, dont il existe des centaines d’espèces adaptées à une gamme étendue de climats. Ainsi, dire que : « les séquoias capturent plus de dioxyde de carbone de l'atmosphère que tout autre type d'arbre sur Terre » est sans doute correct, parce que ce sont parmi les plus gros arbres actuels, mais ils poussent tellement lentement qu’ils ne sont pas concurrentiels par rapport à d’autres végétaux qui poussent plus vite. Le projet de faire une banque de données génétique est donc intéressant voire nécessaire, mais tout le package de communication et de vérités approximatives qui l’entoure me fait douter du sérieux et des compétences scientifiques des auteurs de ce projet.

De quelles façons vont-ils s'y prendre ?

Le clonage des plantes se fait souvent naturellement (bouturage). Apparemment, les « arboristes » en question ont perfectionné le bouturage naturel par une technologie de génie génétique récente. Cela me semble tout à fait réaliste, même si je ne suis pas généticien. On peut facilement faire grandir « in vitro » toutes sortes de plantes en faisant proliférer certaines de leurs cellules, et donc obtenir des clones.

Donc, projet réaliste, oui pour garantir la survie de l’espèce, mais inutile d’un point de vue lutte contre le changement climatique (voir ci-dessus).

Comment expliquer la taille immense et la longévité exceptionnelle de ces arbres ?

De très nombreuses stratégies de croissance existent chez les plantes : très rapide, avec production de cellules reproductrices très tôt dans la croissance (en quelques jour/semaines) ou très lente, avec tout d’abord construction d’un corps végétatif massif et seulement ensuite production de structures reproductrices (spores, graines, fruits) après plusieurs dizaines d’années. Cette dernière stratégie permet de construire de grands individus, avec tous les avantages que procure une grande taille : meilleure résistance mécanique, dominance sur les voisins, production de très nombreuses structures reproductrices, etc. C’est cette dernière stratégie qui a été sélectionnée et qui s’est développée à l’extrême chez les séquoias géants.

Le plus grand arbre au monde est le Séquoia "Hypérion" avec plus de 115 mètres de hauteur et 600 ans d'âge. Cependant les scientifiques affirment que leurs ancêtres du Trias pouvaient atteindre 122 mètres, pourquoi ces arbres ont-ils rapetissés ? Est-ce dû à l'âge glaciaire ?    

Il y a peu de différence entre 115 et 122 m (et je me demande d’ailleurs comment on a pu mesurer cette taille de 122 m, qui n’est forcément qu’une estimation). Donc, la diminution de taille n’est pas marquante.

Quant à l’existence d’un l’âge glaciaire pour expliquer cette (petite) diminution de taille, ce n’est pas une explication plausible. Le Trias est une subdivision du Mésozoïque comprise approximativement entre −250 et −200 MILLIONS d'années. Il y a eu des dizaines, voire des centaines de périodes glaciaires depuis (en tout cas au moins 20 depuis 2,4 millions d’années - http://www.unifr.ch/geoscience/geographie/ssgmfiches/glacier/2404.php). Si les séquoias géants d’aujourd’hui sont différents des arbres du Trias, c’est juste une question d’évolution et d’adaptation progressive à des conditions écologiques/climatiques différentes, mais pas en raison d’une période glaciaire récente.

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