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Les liens secrets de l’administration Bush
avec la Corée du Nord
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Bons offices

Douglas Dong-Moon Joo a effectué des navettes secrètes entre Washington et Pyongyang, jusqu’en 2008.

"Track 2", ou "Voie numéro 2". C’est le nom donné à un canal virtuel de discussion entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Car les deux pays se parlent, malgré l’encombrement de ce qui pourrait être la voie numéro 1.

Bill Clinton, l’ancien ambassadeur américain, Donald Gregg ou Bill Richardsson sont parmi les rares américains à avoir établi des discussions avec Pyongyang. Mais il faut ajouter à cette liste un étonnant interlocuteur : Douglas Dong-Moon Joo, un businessman de 66 ans, directeur du journal Washington Times. Et un proche de l’Eglise de l’Unification, dirigée par le révérend Myung Moon, souvent associée à une théologie spéciale, selon laquelle un deuxième messie doit venir sur Terre (lequel pourrait bien être Moon lui-même). En tout cas, Joo a régulièrement été en Corée du Nord entre 2003 et 2008, en tant qu’émissaire de l’administration Bush.

Joo est né en Corée du Nord et il aurait eu des liens très serrés avec des pontes du régime et aurait même rencontré Kim Jong-Il. Et de l’autre côté, a pu côtoyer les principaux responsables de la sécurité aux Etats-Unis. Leur rapportant ce qu’il avait vu en Corée du Nord : développements militaires, personnalités en pointe dans le régime, choix gouvernementaux. "J’ai agi occasionnellement comme une sorte d’interprète aidant à combler les manques de compréhension entre les deux pays", se contente-t-il de dire Joo au Daily Beast.

Mais selon le site d’information, il a fait un peu plus que l’interprète de luxe. Il a commencé à officier juste après le discours sur "l’axe du mal" de George W.Bush en 2002,  à un moment où la Coré du Nord était totalement fermée aux discussions : elle se retirait du traité de non-prolifération nucléaire juste avant la guerre en Irak et lançait peu après un missile en pleine mer du Japon. Mais Joo a alors surpris toute l’administration de la sécurité à Washington grâce aux entrées qu’il avait à Pyongyang.

Et notamment quand il avait un message d’un lieutenant de la Commission nationale de Défense, directement pour Condoleeza Rice, alors secrétaire d’Etat des Etats-Unis. Pour le moins clair : " laissez-nous avoir l’arme nucléaire, et nous ne la transmettrons à personne. Levez les sanctions". Mais c’était là, au moins, un signe d’une volonté communiquer. Joo affirme néanmoins ne jamais avoir rapporté autre chose que des salutations et mots de politesse. 

Joo n’a pas que des amis. Jaloux ou lucides, plusieurs anciens acteurs de pointe des relations extérieures américaines disent qu’il avait surtout des connaissances, qu’il les rencontrait, mais n’en tirait pas de véritables informations. Voire qu’il n’était qu’un pion de l’Eglise de l’unification, laquelle a plus ou moins des contacts avec Pyongyang.

Reste qu’en 2005, il est parvenu à rencontrer personnellement Kim Jong-il, ce dont rêverait n’importe quel agent secret. Il affirme que la rencontre a duré au moins quatre heures : "il m’a semblé qu’il voulait absolument établir une relation normale entre la Corée du Nord et les Etats-Unis", écrit Joo au Daily Beast. "Kim a voulu établir, à travers moi, combien il y avait de sincérité dans les propositions américaines pour améliorer les relations entre les deux pays".

Joo dit qu’il n’a pas été réembauché par l’administration Obama. Mais celle-ci utilise la "track two", et aurait affuté de groupes de discussion, prêts à entrer en pourparlers avec Kim Jong-un, qui vient de prendre la succession de son père à la tête de la dictature communiste. 

Lu sur The Daily Beast

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