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Des milliers de mails de l'armée américaine bientôt aux mains de la junte Malienne
Des milliers de mails de l'armée américaine bientôt aux mains de la junte Malienne
©MIKE CLARKE / AFP

Grosse gaffe

A cause d'une faute de frappe jamais repérée dans des adresses e-mails, l’armée américaine envoie depuis dix ans des messages – parfois sensibles – adressés au Pentagone vers le domaine internet du Mali. Domaine dont le gouvernement de transition dominé par la junte reprend le contrôle ce lundi.

Une lettre et le sens d'un mot change, et la même chose vaut les adresses mails. Le commandement de l'armée américaine vient d'en faire l'amère découverte. Les URL, adresses de site web, fonctionnent sur internet avec des extension de domaine, " .fr" pour la France, ou en ce qui concerne cette affaire, ".ml" pour le Mali. Très proche, donc, du domaine de l’armée américaine, la seule du monde à posséder sa propre extension, ".mil".

Or, comme le révèle un article du Financial Times publié ce lundi 17 juillet, cette simple lettre de différence a suffit pour provoquer une très importante crise sécuritaire dans les systèmes informatiques du pentagone : A la suite d'une erreur de frappe dans la mise en place du système, des centaines de milliers de mails de l’armée américaine ont ainsi été envoyés vers le Mali, et ce depuis une dizaine d'années. Nul besoin de hackers géniaux, un flux constant de courriels est configuré pour être acheminé vers le domaine ".ml" à la place de ".mil".

Malgré tout, l'armée américaine a eu de la chance car le domaine du Mali était entre les mains d'un entrepreneur néerlandais, Johannes Zuurbier. Ce dernier, selon le Financial Times, a pris en charge le code pays du Mali en 2013 pour une durée de dix ans. Il n'aurait pas touché aux mails concernés. La même discrétion ne saurait être attendu des autorités maliennes, en froid avec les Etats-Unis et de plus en plus proches de la Russie.

Or le contrat de M. Zuurbier doit expirer ce lundi 17 juillet, ce qui implique une reprise de contrôle du domaine ".ml" par le gouvernement malien, alors en mesure de collecter les courriels mal acheminés. De quoi s'alerter d'"un risque réel qui pourrait être exploité par des adversaires des États-Unis", a avertit Johannes Zuurbier les autorités américaines au début du mois de juillet, dans une lettre. Afin de démontrer de l'étendu du problème, ce dernier collecte les mails détournés depuis six mois, ce afin de persuader le Pentagone.

Le Financial Times cite le chiffre de  près de 117 000 messages détournés détenus par Johannes Zuurbier, dont près de 1 000 pour la seule journée de mercredi. Si aucun ne serait classé "secret defense" et qu'une partie serait assimilable à des spams, certains contiennent des données très sensibles sur les individus liés au pentagone, qu'il s'agisse de personnel américain en service, de sous-traitants ou de leurs familles. Données médicales, listes de personnel dans les bases, cartes d’installations, rapports d’inspection navale, contrats, plaintes pénales contre le personnel, documents d’identité, listes d’équipage de navires, photos de bases, enquêtes internes sur les brimades, itinéraires de voyage, dossiers fiscaux et financiers… De quoi intéresser de potentiels adversaires.

Pour Mike Rogers, ancien dirigeant de la NSA (National Sercurity Agency) et amiral américain, "il n’est pas anormal que des personnes commettent des erreurs, mais la question est celle de l’échelle, de la durée et de la sensibilité des informations." D'autant que les autorités maliennes se sont sensiblement rapprochées de la Russie ces dernières années, tournant le dos à la France et aux Etats-Unis et se mettant de plus en plus dans la dépendance des forces mercenaires de Wagner.

Interrogé, le pentagone, par la voix de se porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Tim Gorman, a déclaré que le Département de la Défense "prend au sérieux toutes les divulgations non-autorisées d’informations contrôlées relatives à la sécurité nationale ou d’informations contrôlées non-classifiées". Le gouvernement malien n’a, lui, pas répondu aux solicitations du Financial Times.

Jeune Afrique

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