Assomption : opposée au mariage homosexuel, la prière universelle des catholiques fait polémique<!-- --> | Atlantico.fr
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L'instauration du mariage homosexuel fait pourtant partie des promesses de campagne de François Hollande.
L'instauration du mariage homosexuel fait pourtant partie des promesses de campagne de François Hollande.
©Reuters

Matrimonium

La "prière pour la France" proposée par le cardinal André Vingt-trois s'oppose au mariage homosexuel. Son instauration fait pourtant partie des promesses de campagne de François Hollande.

A lire sur le même sujet : 45% des catholiques pratiquants favorables au mariage homosexuel (contre 65% des Français).

L’église catholique célèbre ce mercredi 15 août la fête de l'Assomption, fête de la Vierge. Mais la prière universelle proposée par le cardinal André Vingt-trois ne fait pas l'unanimité.

Mariage des homosexuels, austérité et euthanasie : la prière aborde plusieurs thèmes sociétaux et politiques à caractère polémique. Cette "prière pour la France" a été prononcée pour la première fois mardi soir à la cathédrale Notre-Dame de Paris. 

La prière s'adresse notamment à "ceux qui ont été récemment élus, pour que leur sens du bien commun de la société l'emporte sur les requêtes particulières". Elle invite à prier pour "que les familles en attente légitime d'un soutien de la société ne soient pas déçues", et "pour que les enfants cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère". En creux, l'ouverture du mariage aux homosexuels est donc dénoncé.

L'instauration du mariage homosexuel fait pourtant partie des promesses de campagne de François Hollande, approuvée par une majorité de Français.

Selon la Conférence des évêques de France, citée par Le Parisien, cette prière devrait être reprise par la grande majorité des prêtres, ce mercredi. "Ce n'est un scoop pour personne pour personne que de dire que l'Eglise s'oppose au mariage homosexuel", a commenté son porte-parole sur France Inter, Bernard Podvin.

C'est l'occasion pour de nombreux représentants de l'Eglise de clarifier leur position. Ainsi, l'évêque de Nice, Mgr Louis Sankalé, rappelle-t-il à Nice Matin pourquoi il s'oppose au mariage pour tous. "Je dis non parce que le mot ne convient pas, explique-t-il. Certains parlent de Pacs, d'autres d'union... Après le baptême, le mariage... Il reste encore cinq sacrements auxquels on voudra attacher un autre sens ! Non, alors qu'aujourd'hui on observe un renouveau du mariage".

Mais l'église est divisée sur la question. Le curé de la paroisse Saint Merri à Paris estime que la messe du 15 août se trouve détournée de sa véritable fonction."Pourquoi cette initiative maintenant alors que l'actualité n'est pas là-dessus. Comment voulez-vous que les chrétiens reçoivent ça ? On se sert d'eux pour envoyer un message en dehors de l'Eglise. Est-ce que la messe du 15 août est le lieu pour faire de la propagande vis-à-vis des hommes politiques ?", s'est interrogé mardi Jacques Mérienne, sur France Inter.

Il a ajouté : "Cela va exacerber des conflits. Les couples homoparentaux existent. Ce n'est pas cette loi qui va les inventer. Et en même temps, c'est une toute petite minorité, quelques dizaines de milliers de personnes pour soixante millions d'habitants. On en fait un signe de société. Qu'est-ce que ça veut dire ? On est dans un faux débat qui repose sur une homophobie latente qui n'est plus celle de nos contemporains. (…) Il y a dans cette réaction de l'épiscopat un immense déficit en réflexion et en écoute".

De leur coté, les associations homosexuelles craignent que cette prière ne renforce l'homophobie. Pour Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT (Lesbiennes-gay-bi-trans), «parler des familles, insister sur le fait qu'elles reposent sur un père et une mère (...) on sait très bien que la prière fait allusion» au mariage homosexuel. «Le texte est parfaitement anodin, écrit dans le plus pur style sibyllin que l'Eglise catholique manie avec brio», constatait mardi avec ironie le Collectif contre l'homophobie (CCH).  

"Le ton est policé, mais il est clair qu'il s'agit d'une contestation du mariage civil pour les homosexuels. C'est un détournement de prière dans le but de dénoncer les politiques futures du gouvernement", affirme Patrick Sanguinetti, président de l'association David et Jonathan.

Le texte pose également problème sur le fond : «Il a l'air de faire une confusion entre le mariage civil et le mariage religieux, note Nicolas Gougain (Inter-LGBT), l'acte auquel on touche aujourd'hui, c'est bien le mariage civil. Cela me semble très limite qu'un évêque explique au législateur comment il doit se comporter !» Pour lui, la position du cardinal «ravive le débat autour de la loi de 1905» sur la séparation entre l'Eglise et l'Etat.  

De la même manière, le Parti radical de gauche (PRG) estime que l'Église n’a "aucune légitimité démocratique pour s’immiscer dans le débat politique en France ».

Dans le magazine «La Vie», Jean-Luc Roméro, le conseiller régional d'Île-de-France désormais de gauche,  appelé «les catholiques qui respectent les valeurs d’amour et de tolérance à prier pour que le cardinal André Vingt-Trois retrouve le chemin de la raison en lui rappelant que le vote démocratique s’impose à tous. Même aux dirigeants de l’Eglise catholique ». 

Le président du secours catholique, François Soulage s'inquiète, dans le quotidien «La Croix», que le nom de la «prière pour la France» ne suscite des amalgames avec le Front national. En outre, la tradition de prier pour la France le 15 août remontant au voeu de Louis XIII de consacrer la France à la Vierge Marie, la prière risque de passer pour «archaïque», dit-il.

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