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Apple : après l'artiste Steve Jobs, 
Tim Cook, un gestionnaire 
accro au boulot...
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Apple en absence

Steve Jobs mort, c'est son successeur Tim Cook qui aura la tâche ardue de reprendre le flambeau du très inspiré fondateur de la firme de Cuppertino. Portrait.

Daniel Ichbiah

Daniel Ichbiah

Daniel Ichbiah est écrivain et journaliste, spécialisé dans les jeux vidéo, les nouvelles technologiques, la musique et la production musicale.

Il est l'auteur de nombreux best-sellers tels que La Saga des jeux vidéos, Les 4 vies de Steve Jobs, Rock Vibrations, Le Livre de la Bonne Humeur, Bill Gates et la saga de Microsoft, etc. Daniel Ichbiah a aussi écrit : Qui es-tu ChatGPT ?

Parmi les biographies musicales écrites par l’auteur figurent celles du groupe Téléphone, de Michael Jackson, des Beatles, d’Elvis Presley, de Madonna (il a également publié Les chansons de Madonna), des Rolling Stones, etc. 

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Un matin, lors d’une discussion avec son équipe, un haut manager d’Apple a découvert qu’un problème d’approvisionnement des composants était lié à l’Asie. Il a alors clamé :

- Cela ne va pas du tout. Quelqu’un devrait se trouver en Chine, en train de diriger cela !

Une demi-heure plus tard, au cours de cette réunion, le même manager a pris à partie l’un des responsables des opérations, Sabih Kahn et lui a demandé, sans la plus infime affabilité :

- Comment se fait-il que vous soyez encore ici ?

À la suite de quoi, sans plus attendre, Khan a quitté la réunion, s’est rendu à l’aéroport de San Francisco et a pris un aller pour la Chine...

Cette histoire qu’a relatée Fortune Magazineserait typique du dénommé Timothy Cook, le manager qui a pris la succession de Steve Jobs depuis la fin août.

L’actuel dauphin est un obsédé du travail au point de ne faire aucun cas des horaires de ses collaborateurs. On cite ses réunions au téléphone du dimanche soir visant à préparer les affaires de la semaine, les e-mails adressés avant 5 heures du matin, sans oublier une consommation illimitée de barres énergétiques. Lorsqu’il n’est pas au travail, Cook fait de la bicyclette, de la gym, de la marche forcée et certains diront que de tels hobbys se situent dans une même trace. Côté personnel, c’est un admirateur de Bobby Kennedy, de Bob Dylan et il a soutenu la campagne de Barack Obama.

L’une des raisons d’une telle dévotion à son poste est que Cook est un célibataire endurci. Comment lui expliquer qu’il faudrait aller chercher les enfants à l’école ? Côté histoire, il affiche douze années de bons et loyaux services chez IBM, suivi d’un passage chez Compaq suite à quoi, en 1998, Jobs l’a recruté pour rationaliser la production des Mac et autres iPod avec sous-traitance à la clé. Il a si bien œuvré à sa tâche qu’il est devenu le n°2 de la maison. Puis le n°1.

Apple : une histoire d'esthètes

Sur le  papier, cela sonne très bien. Avec un iota : Apple est une entreprise « glamour » dont l’aura repose en partie sur le fil invisible qui relie les Mac users à un esprit, une exigence esthétique liée à Jobs. En interne, une partie de son efficacité vient de cette même aura de Jobs qui est parvenu à tirer le meilleur de ses troupes, admiratives du chef du file.

En réalité, succéder à Jobs n’est pas une mince affaire. Cook saura-t-il repérer dans les cartons de Jonathan Ive un projet foldingue et décider qu’il faut impérativement le concrétiser ? Aura-t-il le cran de faire face au conseil d’administration lorsque ce dernier brandira des études de marché pour expliquer que l’objet n’a aucune chance de trouver son public ? Saura-t-il contraindre Apple à suivre une voie potentiellement risquée sur la base de sa seule conviction personnelle ? Cook ou tout autre successeur aura-t-il la vigueur suffisante pour lancer un projet de l’envergure de l’iPhone, stimuler les troupes afin de tenir les délais coûte que coûte, négocier des conditions ahurissantes auprès des opérateurs de téléphonie ?

Il semblerait qu’Apple, pour demeurer Apple, la société à part, un peu élitiste, adulée de ses utilisateurs, devrait aller chercher le dauphin de Jobs hors des sentiers battus, et qu’un artiste dans l’âme serait préférable à un gestionnaire pur et dur. Une personnalité telle que James Cameron, le réalisateur de Titanic et de Avatar semblerait faire l’affaire. Cameron est habité d’un similaire désir de concrétiser ses rêves envers et contre tout. Toutefois, pour quelle raison ce cinéaste se laisserait-il tenter par une aventure telle qu’Apple ? On peine à le percevoir.

Alors qui pourrait faire l’affaire ? Satoru Iwata, l’homme qui a redressé Nintendo refuserait probablement l’offre en vertu d’une notion toute japonaise de fidélité absolue à son entreprise. Don Mattrick, l’homme qui a mené à bout le projet Kinect chez Microsoft après vingt-cinq années chez l’éditeur de jeux Electronic Arts pourrait être l’homme de la situation : réaliser en l’espace de trois ans une interface qui reconnaît l’utilisateur en temps réel a relevé du tour de force. De plus, Mattrick entretient des amitiés dans l’univers artistique (Steven Spielberg, George Lucas) qui autorisent de dresser un parallèle avec Steve. Un parallèle lointain tout de même car il lui manque sans doute la fougue de l’original...

À tout prendre, Jonathan Ive (créateur de l’iPod, de l’iPhone, de l’iPad…) ou encore Jonathan Lasseter (créateur de Toy Story et autres dessins animés de Pixar) seraient préférables à un gestionnaire pur et dur. Il semble plus facile de former un artiste au management que de transformer un gestionnaire en esthète… Hélas, l’on peine à imaginer Jobs se prêtant à la tâche consistant à se choisir un dauphin digne de ce nom… Et pourtant, Apple sans un individu de la trempe de Jobs, pourra difficilement demeurer Apple.

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