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"Qui veut tuer Bonaparte ?" : le récit très détaillé de la prise de Toulon, premier exploit de Bonaparte
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De : Philippe Bornet, préface de David Chanteranne Via Romana, Parution en novembre 2023 200 pages 20€

Hélène Renard pour Culture-Tops

Hélène Renard pour Culture-Tops

Hélène Renard est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Le jeune capitaine d'artillerie Buonaparte fut envoyé en 1793 pour reprendre Beaucaire puis Toulon, grand port de guerre, protégé par une enceinte de Vauban et une ligne de forts armés imprenables. La  marine anglaise et les coalisés mouillaient au large, prêts à mettre en action leurs nombreuses bouches à feu. Les habitants retranchés dans la ville, hostiles à la Révolution et aux républicains, espéraient  le roi Louis XVII... Salicetti confia à Bonaparte le commandement de l'artillerie du siège de Toulon dont le général en chef était Carteaux, peintre à ses heures de loisir.    

C'est toute l'histoire de ce siège qui est ici relatée quasiment au jour le jour, débutant en septembre 93 pour se terminer juste avant  Noël.  Le 22 décembre, en effet, le jeune commandant gagne là ses galons de général de brigade. Il a 24 ans. Son destin commence. 

Si l'auteur raconte les péripéties, difficultés, dangers et exploits de l'armée "française", il ne se prive pas de transporter son lecteur à bord des vaisseaux de l'escadre anglo-espagnole (dont tous les noms sont cités) et d'imaginer les conversations des amiraux anglais (Hood, Smith , O'Hara...). On dispose ainsi d'un autre angle de vue...

POINTS FORTS

Plusieurs fois au cours de la lecture, on se prend d'admiration pour les connaissances de l'auteur à la fois en matière d'artillerie et de navigation marine. A-t-il été lui-même militaire ou navigateur ? On le croirait tant il est précis dans ses descriptions. Son vocabulaire est riche et son style clair. 

Au fil du récit, on croise plusieurs personnages qui joueront, plus tard, un rôle dans l'Empire : Junot, Victor, Marmont...  Les voir à leurs débuts les rend sympathiques. On apprécie aussi de rencontrer le général Dugommier dont le portrait (p. 121) est haut en couleurs.

QUELQUES RÉSERVES

Pourquoi diable avoir choisi la forme romanesque plutôt que celle d'un essai historique ? Pour le plaisir d'imaginer une jeune et belle (évidemment) Vénitienne qui, déguisée en homme, se joint à l'armée anglaise pour tenter de tuer Bonaparte ? C'est tellement peu vraisemblable... Son fiancé, engagé aux côtés de l'ennemi, tente lui aussi de se débarrasser du "maudit artilleur". Les lettres que la belle et son promis échangent sont totalement artificielles. Et la comtesse aventurière ne joue finalement qu'un rôle mineur vers la fin des chapitres...  

D'innombrables descriptions détaillées feront sûrement le bonheur des passionnés de stratégie militaire... mais les lecteurs moins compétents risquent de les trouver quelque peu lassantes.

ENCORE UN MOT...

Dans la plupart des biographies consacrées à Napoléon, on passe assez vite sur ce siège de Toulon qui n'est souvent que mentionné. Dans le classique "Malet Isaac", par exemple, on le cherche en vain...  On peut donc être reconnaissant à l'auteur de lui avoir consacré un livre entier en se penchant sur chacune des journées de ce moment décisif.

UNE PHRASE

 "Le vaisseau n'était pas encore à hauteur que les mortiers à la Gomer avaient craché leur bombe ; le tir fusant fit tomber une pluie d'éclats et manqua de mettre le feu au mât de beaupré.
- Première pièce, feu ! Deuxième pièce, feu...
Un boulet traversa la civadière du vaisseau
- Hardis, camarades. 
Bonaparte courait d'une pièce à l'autre. Les deux dernières pièces étaient chargées à mitraille. Le vaisseau ouvrit enfin son feu mais ses boulets  s'enterrèrent sans atteindre la batterie. Bonaparte riposta, non sans briser des haubans et emporter une partie de la voilure. Des matelots anglais tombèrent à la mer. La mitraille des deux dernières pièces ravagea la dunette. Les officiers anglais juraient dans la fumée..." (P. 59) 

"Smith lui  résuma en quelques mots la position des batteries assiégeantes.
- Qui commande en face ? 
- Un certain Bonaparte ou Buonaparte. Un Corse anti paoliste.
- Que sait-on sur lui ? 
- Son nom, par des déserteurs. A en croire l'activité qu'il déploie, il connaît bien son métier. Ce doit être un ancien officier du roi qui a refusé d'émigrer. Depuis qu'il est arrivé, le nombre de pièces qui battent la rade augmente tous les jours... " (p. 75)

L'AUTEUR

Philippe Bornet a publié plus de quinze ouvrages, certains consacrés à l'Histoire, d'autres à la santé. Par rapport à Bonaparte, il s'est d'abord penché, toujours sur la forme d'un roman, sur La furiaBonaparte en Italie  (éd. France Empire 2002) et Sultan Bonaparte (éd. E-dite,2008). Il a également publié aux éditions Via Romana en 2021 Napoléon et Dieu.  Sous le titre anglais Who Wants to kill Bonaparte ?( Amazon USA 2018), le texte du présent ouvrage était disponible en version bilingue.

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