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©DANIEL ROLAND / AFP

Prix mondiaux

Depuis le début du conflit Russie / Ukraine, les prix des denrées alimentaires ont subi une forte hausse qui semble s'inverser. À quoi pouvons-nous nous attendre pour la suite ?

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez, 33 ans, diplômé de l'ESCE (Paris/La Défense) en 2003 a d'abord évolué plusieurs années chez BNPPARIBAS puis la Banque ROBECO en gestion privée avant de rejoindre SAXO BANQUE en 2009 en tant que Sales Trader. Son expérience des marchés financiers et plus particulièrement du marché des devises lui confère rapidement le rôle d’Analyste Marchés. Interlocuteur privilégié des médias français, il délivre quotidiennement des analyses sur les marchés financiers, tendances, risques macro-économiques et participe régulièrement à des conférences dédiées aux investisseurs. En novembre 2013, il rejoint le groupe IG, leader mondial des CFD, côté à Londres au FTSE 250, en tant que Chief Market Analyst.

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Atlantico - Alors que la guerre en Ukraine a longtemps alimenté les craintes d’une crise alimentaire mondiale, le prix de nombreuses denrées alimentaires a récemment commencé à baisser. Quelle est exactement la tendance que l’on observe ? 

Alexandre Baradez - Depuis plusieurs mois, des indices comme le Bloomberg Commodity Index, qui synthétise l’évolution des métaux industriels, des matières premières agricoles et de l’énergie, montrent que la forte extension qu’on a vue suite à la guerre en Ukraine est effacée. Cela ne veut pas dire que tout risque est écarté mais avant la crise Covid, l’indice était de 80 environ. Au plus fort de la crise sanitaire, il est passé à 60, avant de grimper à 110 en février 2022. Enfin, il est monté à 140 avant de revenir à son niveau d’avant guerre. En ce qui concerne les cours du blé, l’indice est lui aussi revenu à ses niveaux d’avant l’invasion de l’Ukraine. Toute la pression sur les matières premières agricoles est donc retombée. 

Comment expliquer ce phénomène ?

 C’est lié à plusieurs choses. On peut déjà citer l’accord qui autorise les ukrainiens à exporter leur blé. On sait aussi que les producteurs de céréales sont incités à semer plus et à récolter rapidement pour profiter des prix élevés. L’Australie, qui est un gros producteur, a ainsi fortement augmenté sa production. L’indice FAO des prix des matières premières est actuellement à 135, qui est son plus « bas » niveau depuis le mois de janvier 2022, après être monté à 158 à son pic annuel. 

Un autre élément important est le coût de transport de ces matières premières. Avant le Covid, un conteneur de 40 pieds se transportait sur les mers du monde entre 1500 et 2000 dollars en moyenne. Suite au Covid et au manque de logistique, ce prix est monté à plus de 11 000 dollars. Il est aujourd’hui redescendu à 3000 dollars environ. Cette détente sur les prix du transport explique fortement la baisse des prix alimentaires. 

Les prix mondiaux des denrées alimentaires seront-ils effectivement plus bas en 2023, comme le pensent certains experts ?

C’est absolument certain et tout va dans ce sens. Les prix des céréales commencent à baisser, il en est de même pour le pétrole, dont le baril coûte environ 90 dollars contre 130 au plus fort de la crise en Ukraine. L’effet des politiques monétaires menées par les banques centrales et le tassement de la demande va également contribuer à faire chuter les prix. In fine, les prix de l’alimentaire, mis à part un scénario noir d’escalade géopolitique, ne peuvent que baisser en 2023. 

Malgré tout, la hausse des prix de l’énergie continue-t-elle de tirer vers le haut les prix de certaines denrées alimentaires ? Ce phénomène devrait-il perdurer ?

Le problème c’est que les prix de l’énergie sont fixés par des contrats. Au cours de l’été, il y a eu une flambée des prix sur les marchés européens du gaz. Au mois de juin en Europe, le Dutch TTF était à 82 euros le MWh avant de monter à 340 euros en août. Actuellement, il est redescendu à 100 euros le MWh. Il y a donc une forte détente sur les prix du gaz depuis le mois d’août. Pour autant, les prix retrouvent des niveaux qui ne sont pas normaux, en plus d'être très volatils. Une vague de froid pourrait les faire grimper à nouveau, même si actuellement, tout va dans le sens d’une détente des prix, d’un moindre stress pour les industries … Pourtant, il y a toujours un décalage entre les moments où les acteurs règlent leur contrat et où ils sont livrés. De plus, la croissance mondiale va ralentir dans les mois qui viennent, ce qui devrait pérenniser ce processus de baisse des prix des matières premières. 

Cette baisse des prix des denrées alimentaires laisse-t-elle supposer que l'inflation mondiale a atteint son pic ?

Aux États-Unis, on voit bien que le pic a été atteint. C’est le quatrième mois de repli consécutif de l’inflation. En octobre, on est passé de 8,2 d’inflation en rythme annuel à 7,7, ce qui est une marge conséquente. Cette tendance n’est pas encore visible en Europe, qui est en proie à des facteurs géopolitiques particuliers, avec la guerre en Ukraine. Pourtant, il est possible d’affirmer que nous approchons du pic, si celui-ci n’a pas déjà été atteint. Enfin, on voit déjà en Chine que les prix à la production se sont repliés au mois d’octobre. 

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