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Paris Photo au Grand Palais, avant Los Angeles, ou le succès de l’initiative privée dans la culture
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Réussite made in France

L'exposition Paris Photo, forte de son succès au Grand Paris, va se tenir à Los Angeles en 2013. Un bel exemple de la France qui exporte ! Preuve que dans l'art, les initiatives privées ont aussi leur place.

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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En France, le culte voué à l’Etat concerne, on le sait, tous les aspects de la vie publique. C’est le cas notamment de l’art, parfois pour de bonnes raisons, lorsqu'il s’agit d’entretenir le patrimoine, parfois non. L’initiative privée y occupe une place nettement moindre que dans les autres pays, les pouvoirs publics considérant que c’est d’eux dont doivent venir les « impulsions » dans ce domaine.

Le succès de Paris Photo prouve le contraire. S’appuyant sur la riche tradition photographique française, constituée d’artistes mondialement reconnus comme de grandes agences de presse, ce rendez vous annuel est devenu le plus grand et le plus prestigieux salon de la photographie au monde. Créé en 1996, il se déploie depuis deux ans dans le merveilleux écrin du Grand Palais, du 15 au 18 novembre. La création contemporaine y occupe la majeure partie des espaces, mais on peut aussi y admirer quelques grands classiques, ainsi que des précurseurs comme Gustave Le Gray (1820-1884), qui fait également l’objet d’une exposition juste en face, au Petit Palais.

Cette édition accueille un invité de marque en la personne du cinéaste David Lynch, il a choisi 99 photographies réparties dans tout le salon, que l’on repère avec un cartel noir portant sa signature ; un agréable jeu de piste. Sur les 128 galeries présentes, les françaises sont majoritaires mais on peut aussi découvrir, comme pour la Fiac ou la Biennale, de grandes galeries venant d’Europe, des Etats-Unis et d’Asie. On admire la vraie diversité d’esthétiques représentées.

Cette superbe initiative affiche de grandes ambitions puisque le salon – sous le nom de « Paris Photo » – se délocalisera, pour la première fois, en avril 2013 à Los Angeles, dans les studios de la Paramount. Un bel exemple de la France qui gagne et qui exporte !

Son commissaire général, Julien Frydman, déplore cependant que « depuis l’arrêt du Centre national de la photographie, nous manquons en France de grandes expositions contemporaines de référence », et citant ensuite plusieurs exemples à Londres et à New York (Le Quotidien de l’art, numéro spécial du salon). Pour le coup, le « privé » est en avance sur les institutions publiques ! Plutôt que de remettre sur pied un organisme public, un de plus, faisons plutôt en sorte que les initiatives privées puisent prendre plus d’importance dans le domaine de l’art en France.

On retombe ici évidemment sur le problème du poids excessif des impôts qui décourage les initiatives, de quelque domaine qu’elles soient, mais aussi sur la prétention du ministère de la culture à tout régenter. « L’Etat culturel », qu’avait dénoncé Marc Fumaroli il y a vingt ans dans ce livre qui fit date, est toujours bel et bien en place. Considérant que les capitaux privés sont myopes et uniquement attirés par le profit, le ministère de la rue de Valois s’arroge le droit de décider des goûts et des modes. Le dynamisme des scènes londonienne et newyorkaise démontre pourtant que des collectionneurs et des mécènes avisés peuvent soutenir la création. Un jeune artiste talentueux a bien plus de chance d’émerger dans ces villes qu’à Paris, et d’acquérir ensuite un rayonnement international. Il manque encore au ministère de la culture de faire sa révolution culturelle !

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