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Les petites piques des acteurs
©Reuters

Bonnes feuilles

De Georges Clemenceau à François Mitterrand, la politique est le théâtre de joutes verbales mémorables. Mais la méchanceté est une gourmandise universellement partagée, et les virtuoses de la pique qui égratigne s'illustrent partout : au cinéma, au théâtre, dans les coulisses de l'histoire, et même sur les pierres tombales, artistes de tous poils, écrivains et hommes d'État s'en donnent à cœur joie. Extrait de 'À la fin de l'envoi, je touche !' d'Olivier Clodong publié aux Editions Librio. 2/2

Olivier Clodong

Olivier Clodong

Olivier Clodong est un spécialiste de la communication politique. Directeur de plusieurs grandes campagnes électorales, directeur scientifique à l’École Supérieure de Commerce de Paris (ESCP Europe), il est aux premières loges pour traquer les petits travers de langage de nos élus.

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Dans le cinéma comme dans le théâtre, on s’aime et/ou on se déteste. Et quand on a quelque chose à dire, on le dit!

À la fin du tournage de Certains l’aiment chaud, le scénariste du film, Billy Wilder, juge l’actrice principale, une certaine Marilyn Monroe : Elle a un corps de granit et un gruyère en guise de cerveau, avec les trous.

Et quand on lui demande pourquoi il a tant tenu à tourner avec Marilyn, il répond avec cette pique ironique : Il est vrai que ma tante Minnie aurait été ponctuelle et n’aurait pas bloqué le tournage par des caprices. Mais qui paierait pour voir ma tante Minnie?

La comédienne de théâtre Cécile Sorel n’en finissait pas de faire ses adieux à la scène. Au point que l’acteur Jean Marsac finit par dire : Ce n’est plus une comédienne, c’est une récidiviste.

Aller-retour fulgurant entre Louis Jouvet et son élève François Périer, à qui il fait répéter Dom Juan :

Jouvet : Si Molière voit comment tu interprètes ton Dom Juan, il doit se retourner dans sa tombe…

Périer : Comme vous l’avez joué avant moi, ça le remettra en place!

Topaze, la pièce de Marcel Pagnol, faisait salle comble tous les soirs. André Lefaur (qui tenait le rôle principal) et Pauley (le second rôle) s’attribuaient chacun le mérite du succès. Tant et si bien qu’ils finirent par se haïr l’un l’autre. Arrivant un soir au théâtre, Lefaur aperçoit une longue file d’attente au guichet. Il croise ensuite un placier qui l’informe : M. Pauley est souffrant. Il ne pourra pas jouer ce soir. Alors Lefaur désigne du doigt la file d’attente : Voyez, ça se sait déjà!

Marcel Achard est questionné par l’un de ses amis à propos de la mise en scène d’un confrère : Tu as aimé sa pièce?

Réponse d’Achard : Non, pas beaucoup. Il faut dire que je l’ai vue dans de mauvaises conditions : le rideau était levé.

En 1841, l’académicien Jean-Pons Viennet commet une pièce de théâtre intitulée Arbogaste. La pièce n’est jouée qu’une seule soirée tant l’accueil du public est glacial. À l’issue de l’unique représentation, le comédien Pierre-François Beauvallet s’adresse au public : Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur de vous annoncer que l’auteur de la pièce, M.  Viennet, désire garder l’anonymat.

Alexandre Dumas fils envoie à l’actrice Madeleine Brohan deux billets pour assister à la première de l’une de ses pièces. Mais les places en question ne sont pas de premier choix. Alors Dumas joint un petit mot d’excuse : Ne m’en veuillez pas, on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut. La réponse épistolaire de Madeleine Brohan fuse dès le lendemain : J’ai vu votre pièce. Je suis bien de votre avis !

Jean Anouilh avait pour habitude de ne pas assister à la générale des pièces dont il était l’auteur. Un jour, un comédien s’en étonna  :

Le comédien : Comment, monsieur Anouilh? Vous ne serez pas là demain?

Anouilh : Sûrement pas !

Le comédien : C’est honteux de nous laisser tomber un soir pareil!

Anouilh : Parce que vous, quand on vous fait cocu, vous tenez à être là?

Une jeune actrice bien vite arrivée se morfond auprès du comé- dien Victor Boucher : J’ai la plus belle voiture de Paris, j’ai des diamants et tout ce qu’on peut avoir… J’ai déjà fait parler de moi vingt fois… Bientôt, je ne saurai plus quoi faire pour épater les gens… Boucher la coupe : Apprends ton rôle!

Tandis qu’on cherchait un nom de scène percutant pour accé- lérer la célébrité d’une jeune actrice de théâtre prénommée Maud, Tristan Bernard suggéra : Maud Cambronne.

En 1940, les soldats allemands envahissent la France. L’actrice Cécile Sorel ne peut s’y résoudre : Les Allemands dans Paris ? Il faudra qu’ils me passent d’abord sur le corps ! Un assistant de la Comédie-Française murmure alors : Je crains qu’ils ne préfèrent contourner l’obstacle…

Verdict d’Arletty, à propos de Fernandel qui venait tout juste d’obtenir un rôle convoité : Avec sa gueule de cheval, il était sûr d’être à l’arrivée.

Lors d’un repas, on évoque devant Georges Feydeau la personnalité d’une jolie actrice en vogue. Un convive lance à son propos : Cette jeune femme respire la vertu. Exclamation de Feydeau : Oui, mais elle s’essouffle vite…

Jules Claretie, administrateur de la Comédie-Française, désigne à la comédienne Berthe Bovy une petite boîte : Elle contient, chère amie, le cerveau de Voltaire. Réplique acerbe de l’actrice : Vous n’avez jamais eu l’idée de vous en servir ?

Les blondes hitchcockiennes ne gardent pas que de bons souvenirs de tournage avec le maître du suspense. Sur le plateau de Sueurs froides, en 1957, l’actrice Kim Novak fait les frais des humeurs misogynes d’Alfred… Kim Novak : Quel est mon meilleur profil d’après vous, monsieur Hitchcock? Alfred Hitchcock : Vous êtes assise dessus !

Sur le tournage du film de George Cukor Héritage, Katharine Hepburn donne la réplique à John Barrymore, qui ne recule devant rien pour obtenir les faveurs de la jeune actrice. Au moment de débuter une scène, il lui met la main au postérieur…

Katharine : Si vous faites encore ça, j’arrête de jouer !

John : Je n’avais pas remarqué, ma chère, que vous aviez commencé…

Lors d’une réception, on demande à la comédienne de théâtre Iris Hoey si elle connaît l’acteur Eddie Roy, véritable coqueluche de Hollywood, et ce qu’elle pense de lui. La réponse ne laisse guère de doute : Je le connais fort bien et, d’ailleurs, il est ce soir des nôtres. Tenez, regardez dans ce coin du salon… Vous voyez les deux hommes qui bavardent et dont l’un a l’air de s’ennuyer ferme? Eh bien l’autre, c’est Eddie Roy.

L’acteur maltais Joseph Calleia engage la conversation avec Mae West : J’aimerais bien savoir quelle sorte de femme tu es… L’actrice éconduit le séducteur : Malheureusement, je ne donne pas d’échantillon.

La comédienne Zsa Zsa Gabor avait le visage un peu grêlé. Ce qui faisait dire au comique américain Henny Yougman : Elle a été mariée de si nombreuses fois qu’elle a des marques de riz sur le visage!

Méchanceté gratuite de Howard Hughes sur Clark Gable : Ses oreilles lui donnent l’air d’un taxi aux portes ouvertes.

Jean-Pierre Mocky rhabille les actrices françaises pour l’hiver : Si on connaissait le passé de la plupart de nos grandes actrices actuelles, y compris les jeunes, on serait surpris d’apprendre qu’elles ont plus travaillé allongées que debout.

En 1958, Brigitte Bardot et Jean Gabin partagent l’affiche du film de Claude Autant-Lara En cas de malheur. Bardot a alors vingtquatre ans, Gabin trente de plus. Quand il apprend à qui il va donner la réplique, il marmonne : Quoi, cette chose qui se promène tout nue? C’est une plaisanterie!

Un bonus pour clore la séance, ce petit ana de piques foudroyantes…

Claude Brasseur : J’en ai marre des cons. Et ça fait longtemps. Il y en a quand même beaucoup dans notre métier.

Béatrice Dalle : On peut avoir le regard intelligent quand on est bête. Voyez Delon.

Emmanuelle Devos : Les acteurs sont encore plus coquettes que les actrices !

Michel Serrault : Mocky, c’est comme manger dans un restaurant où le pain est un peu rassis, l’assiette pas très propre.

Patrice Leconte : Je pense qu’Anémone est à ce point fêlée que, parfois, des morceaux tombent. Un peu comme l’Opéra Bastille.

Jean Carmet : Il y a deux façons de devenir con dans ce métier d’acteur. L’une c’est d’avoir du succès, l’autre c’est de ne pas en avoir.

Extrait de 'À la fin de l'envoi, je touche !' d'Olivier Clodong publié aux Editions Librio

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