Les marges des entreprises, sources majeures de l’inflation ? Cette étude australienne prouve que…<!-- --> | Atlantico.fr
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Pouvoir d'achat en berne, photo d'illustration AFP
Pouvoir d'achat en berne, photo d'illustration AFP
©MORITZ FRANKENBERG / DPA / AFP

Inflation persistante

En novembre dernier, l'inflation a reculé en France. Pour Bruno Le Maire, nous sortons peut-être de la crise inflationniste. Et si celle-ci avait été alimentée par les marges des entreprises, pendant la crise sanitaire ? Voilà ce qu'affirme une étude australienne...

Alexandre Lohmann

Alexandre Lohmann

Alexandre Lohmann est chef économiste dans un fonds d'investissement brésilien.

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Atlantico : Dans leur étude « Competition Markups and Inflation : Evidence from Australian firm-level data », les auteurs s’intéressent au rôle des marges des entreprises sur l’inflation. Qu’en déduisent-ils ? 

Alexandre Lohmann : C’est de l’ordre du fait établi. Il y a eu une contribution plus importante que d’habitude des marges dans le processus d’inflation. Quand vous avez une inflation très faible, tout évolue. Les variations de prix sont des variations uniquement idiosyncratiques. C’est un terme un peu barbare et technique, mais ça veut dire que le prix du riz augmente à cause des problèmes spécifiques liés au prix du riz ou éventuellement à un certain choc lié au prix de l’énergie.

Quand vous avez une inflation persistante, c’est qu’en réalité vous avez, en plus de ce composant idiosyncratique, un composant commun. Les prix évoluent au-delà des seules justifications liées à leur prix et à leur secteur. C’est un peu comme si vous avez un cancer qui s’est généralisé avec des métastases partout. L’augmentation du taux de marge, c’est un symptôme de ce cancer généralisé. 

De manière plus globale, pouvons-nous dire que les marges bénéficiaires variables jouent un rôle substantiel dans l’amplification de la dynamique inflationniste ?

En France, tout le monde a un peu un biais anti entreprise, anti libéral. La rhétorique de dire que l’inflation est liée aux entreprises a pas mal de succès. Nombreux sont ceux qui appellent à des taxes pour les entreprises qui feraient trop de profits. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que ça marche ce genre de choses. 

En réalité, il faut plutôt traiter les symptômes de ces entreprises qui « se gavent ». Dans le capitalisme libéral, les entreprises sont libres de fixer leurs prix. Les blocages de prix sont des choses beaucoup plus hasardeuses. Dès qu’il y a des pressions inflationnistes soutenues, le blocage des prix est un échec. Dans le contexte économique général, Il faut plutôt rétablir un environnement un petit peu plus sain dans les prix des entreprises

Ces conclusions ont-elles été bouleversées depuis la pandémie de covid ? Qu’est-ce qui a changé ? 

Si les entreprises ont augmenté leurs prix, c’est qu’elles ont fait face à une demande qui était soutenue. L’État faisait de la stimulation budgétaire pour voir comment varier la demande des ménages pour lutter contre l’inflation. L’Etat a donc encouragé les entreprises à augmenter leurs prix de vente. 

Que faudrait-il faire pour empêcher les entreprises de tout faire pour obtenir des marges excessives ? 

Vous pouvez remonter les taux d’intérêt. On l’a fait un peu de manière excessive alors qu’il aurait fallu, à l’époque, le faire plus en avance.  

Vous avez aussi ces questions de baisses de taxes qui pourraient un peu compenser les entreprises qui voudraient augmenter leurs prix. Ça implique cependant de faire des économies budgétaires, ce qui n’est pas forcément quelque chose qu’on aime beaucoup en France.

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