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"La mémoire délavée" de Nathacha Appanah.
"La mémoire délavée" de Nathacha Appanah.
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De l’Inde vers l’île Maurice. Le poignant récit de la migration des aïeux de Nathacha Appanah. Un hymne à la Francophonie.

Axel Maugey pour Culture-Tops

Axel Maugey pour Culture-Tops

Axel Maugey est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

Il s'agit d'un récit fort émouvant sur les aïeux de la romancière qui sont partis d'un village du sud de l'Inde en 1872 afin de rejoindre l'île Maurice. Le grand thème est donc celui de la mémoire mise au service des engagés indiens, ces pauvres coolies qui étaient affublés d'un numéro en arrivant à Port-louis, la capitale de l'île. Cette mémoire se focalise rapidement sur les grands-parents, ceux que Nathacha Appanah a vraiment connus contrairement aux autres aïeux qui n'ont laissé que peu de traces.

De nombreux autres thèmes parcourent ce récit plein d'émotions: la nature, les oiseaux, ces mystérieux vols d'étourneaux, le courage, la beauté. L'auteure nous dévoile un pan méconnu de cette histoire française du bout du monde. Grâce à elle, nous découvrons un univers lointain, précieux. La Francophonie n'est-elle pas la découverte de l'autre ? Mission réussie.

POINTS FORTS

Ce cheminement de la mémoire qui reprend possession d'un monde disparu pour lui redonner peu à peu vie nous touche profondément.
Grâce à une langue française douce, parfois légèrement exotique, nous pénétrons dans un univers lointain, un espace indien francisé qui a su s'accoutumer à notre monde, tout en essayant de conserver une partie du sien. Avec finesse et une volonté à toute épreuve Nathacha Appanah a su peindre la vie des siens, notamment celle de son grand-père qu'elle adore ainsi que cette grand-mère discrète, aimante et protectrice.

Ce récit dont le titre est fort bien choisi La mémoire délavée, nous prend par la main et nous introduit dans une famille courageuse, plus que touchante qui se laisse  peu à peu pénétrer par une nouvelle vie, non sans avoir, au départ de l'aventure lutté pour sa survie. Un livre qui dessine une renaissance en français.

QUELQUES RÉSERVES

Nathacha Appanah reste assez discrète sur les relations des siens (sauf lors de la révolte du grand-père contre l'injustice) c'est-à-dire entre coolies, ses aïeux et les dominants anglais et français. La haine n'est cependant jamais au rendez-vous car elle ne doit pas ternir ce  récit qui éclaire le cheminement d'une famille désireuse de fonder un nouvel univers. Nathacha Appanah a choisi d'insister sur les précieux liens familiaux et non pas sur les difficultés de la survivance qui apparaissent seulement en filigrane. D'autres récits pourraient, le moment venu, découler de ce livre. Il touche parfois à certains thèmes du fameux L'aventure ambiguë de l'africain Cheik Hamidou Kane. On ne peut pas gagner sur tous les tableaux.

ENCORE UN MOT...

Par moments, l'approche poétique donne à ce récit une beauté particulière en faisant apparaître nos fantômes intimes, symbolisés entre autres par le vol des étourneaux.

UNE PHRASE

" Elle vivait et dormait en sari dans le même genre de coton que les vêtements de son mari. C'était à la fois doux et ancien, fragile et résistant. Ce sont des adjectifs qui pourraient les définir eux aussi." ( P. 132 )

L'AUTEUR

Née à Mahébourg sur l'île Maurice, après avoir été journaliste, Nathacha Appanah s'installe en France à l'âge de 25 ans. Elle fait de nombreux reportages pour la radio suisse romande, RFI et France Culture. Elle a écrit une dizaine de livres dont plusieurs romans. On lui doit, entre autres romans : Les rochers de poudre d'or en 2003,  Blue bay palace en 2004 et La noce d'Anna en 2004, tous publiés chez Gallimard. Elle a d'ailleurs intégré le comité de lecture de cette maison d'édition. Elle a reçu de nombreux prix littéraires, notamment le prix du roman Fnac pour Le dernier frère en 2007, et le prix Femina des lycéens pour Tropique de la violenceen 2016.

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