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"L’Os à Moelle" : se souvenir de Pierre Dac
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De : Imaginé par Anne-Marie Lazarini, d’après le journal L’Os à Moelle de Pierre Dac Durée : 1 heure Mise en scène : Anne-Marie Lazarini Avec : Cédric Colas, Emmanuelle Galabru et Michel Ouimet

Alya Aglan pour Culture-Tops

Alya Aglan pour Culture-Tops

Alya Aglan est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.)

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THÈME

  • Peut-on relire aujourd’hui avec la même jubilation qu’hier, les textes et rubriques du journal de Pierre Dac L’Os à Moelle, « l’organe officiel des loufoques » ? L’hebdomadaire au succès fulgurant paraît en mai 1938, l’année de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie (avril), de la crise des Sudètes et de la conférence de Munich (septembre), qui ne laissent à l’Europe d’autre issue que la guerre.
  • Trois comédiens, installés à des tables face au public, récitent tour à tour les aphorismes, recettes de cuisine, petites annonces et jeux de mots du roi des loufoques jusqu’au dernier numéro du 7 juin 1940, date à laquelle la publication est suspendue.

POINTS FORTS

  • L’humour de Pierre Dac n’a rien perdu de son agilité et reste, aujourd’hui encore, un vrai monument qui mérite d’être redécouvert par les générations les plus jeunes.
  • L’antinazisme et l’irrévérence des éditoriaux envers les responsables politiques font mouche, en tournant en ridicule le dictateur et ses postures, manière de réduire à néant sa puissance.
  • Le choix des textes rend hommage à l’une des meilleures inventions de Pierre Dac : l’interview fictive d’un personnage, en l’occurrence Hitler. L’effet est hilarant.

QUELQUES RÉSERVES

  • La mise en scène composée d’exemplaires de diverses tailles du journal, trop statique, ne permet pas de réelle théâtralisation même si le public est convié, par instant, à y participer. 
  • Des airs des chansons de l’époque émane une vision nostalgique qui ne sert pas le propos, et a même plutôt tendance à l’éteindre. 
  • Les lectures, trop linéaires, se succèdent sans début ni fin.  
  • Les personnages campés par les comédiens ne sont pas identifiés. Font-ils partie de la rédaction de L’Os à Moelle ? On ne le sait pas.

ENCORE UN MOT...

  • L’attente était sans doute trop importante pour ne pas être déçue, tant l’humour de Pierre Dac domine le genre. Mais la lecture ne fait pas la mise en scène, même si le spectacle offre de purs moments de plaisir, quand par exemple il est question d’une Charlotte aux pommes, de petites annonces immobilières, ou de l’avis de recherche d’un « dénommé Adolf », aux cheveux bruns avec une mèche sur le front, caractéristiques auxquelles se trouve réduit le dictateur.

UNE PHRASE

  • « L’Os à Moelle se décompose au contact du vert-de-gris. »
  • « Avis important. On recherche. Recherchons, mort ou vif, le dénommé Adolf : Taille 1m. 47, […] Signe particulier : Tend toujours la main, comme pour s’il pleut. Signe spécial, le seul le rapprochant un peu d’un être humain : moustaches à la Charlot. »

L'AUTEUR

  • André Isaac, dit Pierre Dac (1893-1975) fut successivement :

- chansonnier dans les années 1930 et fondateur du journal « L'Os à moelle » ;
- une figure de la Résistance et « La voix de la France libre » sur la BBC après 1943, où il se livra à un duel à distance fameux avec le collaborationniste Philippe Henriot ;
- le concepteur et animateur des feuilletons radiophoniques (« Malheur aux barbus », « Signé Furax » et « Bons baisers de partout ») suivis par la France entière sur France Inter sur les coups de midi ;
- un éphémère candidat à la Présidence de la République, en 1965, avant de se retirer, à la demande de l'Elysée et du général, qu’il révérait ; 
- et enfin, le génial inventeur du célébrissime Schmilblick, objet « rigoureusement intégral, qui ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout… »

  • Comédienne et traductrice de russe, Anne-Marie Lazarini se consacre à la mise en scène, en créant la plupart de ses spectacles au théâtre Artistic Athévains qu’elle dirige avec Dominique Bourde et François Cabanat. Elle y propose une programmation dédiée à la découverte de grands textes classiques oubliés, d’opéras ou encore de créations d’auteurs contemporains. 

Anne-Marie Lazarini accueille également des spectacles de metteurs en scène proches de sa démarche artistique. Parmi ses très nombreuses mises en scène, Portrait d’une femme de Michel Vinaver en 2010, Les serments indiscrets de Marivaux (2011), Ravel de Jean Echenoz (2013), ont été particulièrement remarquées. Associant cinéma, documentaire, et musique, des lectures-découvertes, elle offre également des rencontres originales avec le public, ses acteurs, formant à la fois une troupe et un groupe de recherche. Elle est chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, et chevalier de l’Ordre National du Mérite.

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