L'incroyable projet du sous-marin supersonique capable de relier Shanghai à San Francisco en moins de 2h<!-- --> | Atlantico.fr
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Un projet de sous-marin supersonique est à l'étude.
Un projet de sous-marin supersonique est à l'étude.
©Reuters

Démesure

Des chercheurs chinois seraient actuellement en train de se pencher sur ce projet un peu fou. Pour mener à bien un tel programme, les scientifiques utilisent la technique de la supercavitation, développée en partie par les Soviétiques durant la guerre froide.

Il y a quelques mois, un projet démentiel était à l'étude en Chine : relier l'Empire du milieu aux Etats-Unis par le biais d'un TGV. Un périple de plus de 13 000 kilomètres, à travers l’est de la Chine, la Sibérie, l’Alaska, le Canada pour finalement rallier les Etats-Unis. Mais il semblerait bien que cela ne soit pas le seul projet démesuré sur lequel planchent en ce moment les Chinois.

En effet, à en croire un article duBusiness Week, la Chine réfléchirait très sérieusement à la création d'un sous-marin supersonique permettant de relier Shanghai à San Francisco (soit 9.650 kilomètres) en 100 minutes, ce qui correspondrait à une vitesse moyenne de plus de 5 300 km/h. 

Pour arriver à leurs fins, les scientifiques chinois se baseraient, comme le relaie le Daily Mail, sur une technologie développée par les Soviétiques durant la guerre froide : la supercavitation. Selon Wikipedia, "la supercavitation est une technique de propulsion sous-marine permettant à un objet (jusqu’à présent des torpilles) de générer un gaz chaud, assez chaud même pour vaporiser l’eau, qui enveloppera la torpille afin de réduire le frottement de l’eau ; le frottement dans l’eau est environ 1.000 fois plus grand que dans un gaz comme de la vapeur d’eau."

Comme l'indique l'International Business Times, cette technique a été pour la première fois développée par la marine soviétique au milieu des années 60. En pleine guerre froide, l'URSS en avait équipé une torpille, appelée Shkval VA-111. Grâce à l’utilisation du processus de supercavitation, cet engin pouvait atteindre leurs cibles en atteignant la vitesse de 370 km/h. Bien plus rapide que les missiles sous-marins traditionnels.

Dans le cas présent du sous-marin supersonique (appelé projet Ghost), des chercheurs chinois du Harbin Institute of Technology ont adapté la technique et l’ont modernisée au moyen des dernières technologies en la matière. Ainsi, Li Fengchen, professeur en charge du projet, affirme au South China Morning Post que leur approche est "novatrice" car ils "ont trouvé un moyen de générer une bulle d’air beaucoup plus grande qui réduit considérablement la friction de ces sous-marins". 

Concrètement grâce à cette membrane permanente et une fois que le sous-marin aura atteint la vitesse de 100 km/h, il pourrait déclencher le processus de supercavitation. La membrane liquide pourrait alors l'aider à se diriger en modifiant la friction de l'eau sur les différents côtés de l'engin et lui permettre d'atteindre la vitesse supersonique de 5 300 km/h. Li Fengchen explique au Daily Mail être "très excité par une telle possibilité" et assure que cette technologie ne devrait pas se limiter au domaine militaire mais bien s'appliquer au transport civil ou encore permettre au nageur d'aller encore plus vite. "Si une combinaison de plongée peut créer et maintenir de minuscules bulles dans l’eau, elle peut énormément réduire la résistance du liquide. Nager dans l’eau pourrait devenir aussi aisé que de voler dans le ciel" certifie Li Fengchen au South China Morning Post. De quoi rêver en grand. 

Mais entre l'hypothèse et la réalisation, il y a de nombreux défis à relever explique André Thomas, spécialiste de la Marine et rédacteur en chef depuis 2007 du Marin. "Dans le cas des missiles, cette technique émet un bruit phénoménal ! Alors certes, la question de la discrétion est moins essentielle dans le domaine civil que dans le domaine militaire, mais il faudra tout de même limiter les nuisances pour les passagers".

Autre écueil listé par le spécialiste : la mer n'est pas un endroit désertique. Entre les baleines et les bâteaux, il y a de nombreux obstacles à éviter. Et comme l'explique André Thomas, la maniabilité des missiles recourant à la supercavitation est limitée.

Par ailleurs, l'engin doit pouvoir résister à la pression, la vitesse et l'accélération. "La coque d'un sous-marin est quelque chose d'extrêmement complexe, donc cher. Par ailleurs, les coûts de maintenance sont très élevés", souligne-t-il. Comprennez : le billet de transport risque de coûter cher. 

Enfin dernier écueil, et pas des moindres : la capacité du corps humaine à supporter l'accélération. "5.300 km/h, c'est cinq fois la vitesse d'un avion de chasse. Les pilotes sont entraînés et équipés pour supporter des accélérations importantes ; dans ce projet, il faudra voir comment va se passer l'accélération, sur combien de kilomètres elle sera étalée pour ne pas incommoder les passagers", explique-t-il. Toutefois, le journaliste est un peu optimiste : "l'histoire nous a plusieurs fois prouvé que les projets fous d'hier sont concrets aujourd'hui".

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