Intelligence artificielle : ne laissons pas la France prendre le même retard que sur la réindustrialisation<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Tribunes
Intelligence artificielle : ne laissons pas la France prendre le même retard que sur la réindustrialisation
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

La course est lancée

L’intelligence artificielle tout le monde en parlait, voici (enfin) le monde politique qui bouge. Contrairement à d’autres sujets, voici (enfin) de bonnes nouvelles pour la France et l’Europe.

Jonas Haddad

Jonas Haddad est Conseiller régional de Normandie, Président des Républicains de Seine-Maritime et co-président de la Fondation Concorde.

Voir la bio »
Aymar de Chaunac

Aymar de Chaunac

Aymar de Chaunac est Auteur-Expert associé à la Fondation Concorde

Voir la bio »

Côté européen, et à quelques mois des élections, les députés européens ont adopté ce mercredi 15 mars des règles pour encadrer les systèmes d’intelligence artificielle (IA).

Côté français, le comité interministériel sur l’IA générative a rendu son rapport après six mois de travail. 

Les conclusions sont positives: aujourd’hui, la France est bien positionnée en Europe, voire serait la première puissance européenne avec 600 start-up dans ce domaine.

Afin de contrôler le déploiement de l’IA au niveau mondial, les auteurs du rapport proposent même la mise en place d’une organisation internationale de l’IA qui serait évidemment basée… en France.

En matière d’emploi, la crainte de la destruction d’emplois serait infondée. Les experts du comité estiment que seulement 5 % des emplois dans un pays comme la France pourraient être automatisés et remplacés par l’IA. D’autres métiers seraient même créés, « et viendraient plus que compenser ces pertes ». Le comité est très clair et anticipe un effet positif de l’IA sur l’emploi.

La course est lancée: gagnons-la

Or, notre pays, ce vieux pays, la France, qui vient d’un vieux continent, l’Europe, n’a plus le luxe d’apparaître vieux jeu dans le concert des Nations au risque de s’effacer totalement de la scène du monde. Elle n’a pas vraiment d’autre choix que de faire de l’intelligence artificielle son atout. 

Depuis des décennies, nos défaillances n’ont cessé de croître dans de nombreux domaines: nous avons détricoté notre tissu industriel et assommé notre agriculture. 

Mais il n’y a pas de fatalité. A condition de ne pas reproduire les mêmes erreurs et de prendre immédiatement le train en marche, surtout dans le domaine de l’intelligence artificielle qui gouvernera de plus en plus le monde de demain.

Tout comme l’intelligence économique n’a rien “d’intelligent”, l’intelligence artificielle n’a rien d’intelligent. Il s’agit d’abord d’une traduction de l’Anglais, « intelligence » signifiant renseignement. En clair, l’intelligence artificielle, c’est avant tout de la collecte de données numériques.

C’est une bonne nouvelle d’avoir posé les premiers jalons d’une stratégie nationale s’appuyant, sur deux volets : l’un, offensif, pour acquérir et contrôler le renseignement, et l’autre, défensif, pour se protéger des menaces numériques extérieures.

L’urgence aujourd’hui consiste donc à bâtir un patriotisme numérique français et européen permettant de faire émerger sur notre sol des fleurons de l’IA, un patriotisme offensif en somme, et des outils pour se prémunir de la concurrence étrangère c’est-à-dire un patriotisme défensif.

Car il s’agit d’un sprint et pendant que nous légiférons, d’autres pays se sont lancés tête baissée et ont pris une certaine longueur d’avance.

Les États-Unis et la Chine sont les mastodontes en la matière. L’empire du Milieu a ainsi un objectif assumé : devenir le leader mondial de l’IA d’ici à 2030, grâce au plan Made in China 2025, ce qui doit permettre de viser l’autosuffisance technologique sur 75% des composants clés à l’horizon 2030. Du côté américain, le gouvernement est lui aussi très offensif: ses investissements sont phénoménaux, couplés à une stratégie publique-privée très rodée. 

Au global, selon les données de l’OCDE, sur les 73 milliards de capital risque investis dans des entreprises d’IA, les États-Unis en ont capté 56% et la Chine 24% quand l’Europe seulement 4%. 

Mais nous pourrions tomber encore plus bas car d’autres pays sont à la manœuvre, notamment sur la péninsule arabique. Pour diversifier leur économie, trop dépendante du pétrole, les Émirats Arabes Unis ont déroulé le tapis rouge au luxe et maintenant à l’IA dont ils veulent faire leur nouvel or noir. Ils ont créé dès 2017, un ministère d’État de l’Intelligence artificielle pour s’imposer d’ici à 2031 comme l’un des leaders mondiaux sur le terrain de l’IA. Le Wall Street Journal révélait encore tout récemment que le PDG d’OpenAI, l’incontournable Sam Altman, cherchait à lever des milliers de milliards de dollars auprès d’investisseurs émiratis pour renforcer la production de puces avancées afin d’alimenter l’intelligence artificielle.

Les efforts fournis par ces pays doivent donc être autant d’électrochocs pour la France. Le rapport du Comité interministériel sur l’Intelligence artificielle générative va dans le bon sens. Il enjoint ainsi le gouvernement à investir massivement, 5 milliards d’euros par an jusqu’en 2030. 

En France, nous avons perdu un temps fou pour que tous les partis politiques parlent de réindustrialisation. Ne reproduisons pas les mêmes erreurs avec l’industrie numérique et soyons patriotes. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !