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Ich bin Charlotte : quel destin étrange et fascinant ! Superbement évoqué
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RECOMMANDATION
THÈME
POINTS FORTS
- Une histoire vraie, historique et tragique racontée comme un conte. Le spectateur est plongé dans le Gründerzeit Museum, constitué d’objets et de meubles que Charlotte von Mahlsdorf a sauvés du régime nazi. Dans ce décor imaginé comme un cabinet de curiosités, la mise en scène sert parfaitement la fantaisie et l’excentricité propres au personnage, son élégance immuable malgré les circonstances parfois effroyables.
-Ce récit nous donne à voir une fresque de personnages et de comportements en temps de guerre et d’occupation, restitués avec pudeur et une certaine ironie par Charlotte von Mahlsdorf. Sa singularité et sa légèreté apparente captent immédiatement le spectateur et suscitent d’emblée sa curiosité face à un destin aussi étrange et fascinant.
- Thierry Lopez livre une performance exceptionnelle. Seul en scène et dans un rythme soutenu, il parvient à jouer une trentaine de personnages avec une grande virtuosité. Les dialogues ciselés, les attitudes, les accents…tout sonne juste.
Surtout, il incarne ce travesti en robe longue noire et austère, qui dévoile une tenue de femme en jupe courte, collants et hauts talons qu’il porte avec grâce et sans jamais être décalé ni vulgaire.
POINTS FAIBLES
Court (1h10), le spectacle gagnerait sans doute à étoffer davantage certaines scènes de ce récit mené tambour battant.
EN DEUX MOTS
Le personnage de Charlotte von Mahlsdorf a certes raconté les événements de sa vie, mais en gardant ses secrets. On ne saura pas davantage que ce qu’il a bien voulu livrer. Ambigu par ses non-dits et son regard distancié, il incarne la subversion de l’ombre, échappant à la morale, au « camp du bien » et à l’exigence de transparence contemporaine. Décoré en 1992 de la croix fédérale du mérite pour avoir soutenu la communauté homosexuelle, on lui reprochera ensuite une supposée complicité avec la Statsi, jamais vérifiée. Deux événements qui illustrent le manichéisme dérisoire et inutile de la société contemporaine face à un personnage aussi complexe et insondable.
UN EXTRAIT
- La mère de Lothar Bergelde, devenu Charlotte von Mahlsdorf, s’occupant de son linge : "Tu as plus de quarante ans maintenant. Il faudrait songer à te marier."
- Lui : Non, car je suis ma propre femme.
L’AUTEUR
Auteur de théâtre, de scénario et librettiste, Doug Wright est né en 1962 à Dallas. Il est diplômé de l’école Highland Park High dans la banlieue de Dallas, où il se distingue dans le département théâtral. En 1985, il obtient sa licence à l’université de Yale, puis un master beaux-arts à l’université de New York. Il écrit la pièce « I Am My Own Wife » d'après ses propres recherches sur la biographie de Charlotte von Mahlsdorf. Ce texte a remporté plusieurs récompenses : le Pulitzer Prize for Drama, le Tony Award, le Drama Desk Award, le Drama League Award, le Lucille Lortel Award et le Lambda Literary Award.
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