Goudji à Paris : l’exposition de l’orfèvre devenu une référence contemporaine<!-- --> | Atlantico.fr
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L'exposition « Goudji à Paris » se déroulera du jeudi 19 octobre au dimanche 26 novembre en salle des Fêtes de la mairie.
L'exposition « Goudji à Paris » se déroulera du jeudi 19 octobre au dimanche 26 novembre en salle des Fêtes de la mairie.
©Capture d'écran web

Exposition

L'exposition « Goudji à Paris » se déroulera du jeudi 19 octobre au dimanche 26 novembre en salle des Fêtes de la mairie.

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot est l'auteur de Trônes en majesté, l’Autorité et son symbole (Édition du Cerf), et commissaire de l'exposition Trésors du Saint-Sépulcre. Présents des cours royales européennes qui fut présentée au château de Versailles jusqu’au 14 juillet 2013.

 

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En m’abritant derrière l’acuité du jugement sur l’œuvre de Goudji repris dans le catalogue de cette nouvelle exposition par l’éminent archéologue et historien Robert Turcan, cet orfèvre « alchimiste du patrimoine eurasien », est un « héritier lointain des Dactyles et d’Orphée » ! Fils de Zeus et d’Héra, ces demi-dieux se montrèrent en effet si industrieux dans leur forge aménagée dans les profondeurs du mont Ida que ces derniers purent parfois apparaître aux yeux des habitants de la Troade comme de véritables sorciers ! Dans ses ateliers, inlassablement, Goudji travaille. Qu’il pleuve ou qu’il neige, à Paris ou dans le Loiret comme en Bretagne il travaille. Tous les jours. Il fait sortir de ses mains des ouvrages les plus accomplis se surpassant les uns les autres. Il bat au marteau la feuille de cuivre, l’argent ou l’or, polit des gemmes d’exception.

À force de labeur et par l’abondance de ses créations, Goudji est devenu une référence contemporaine… à une époque où paradoxalement l’orfèvrerie semblait tombée en disgrâce !

Ses œuvres sont à présent répandues chez les meilleurs esthètes comme chez de nombreux amateurs fascinés par la pureté des formes, le dépouillement et la simplicité enivrante et ensorcelante des motifs élaborés.     

Quelle technique utilise-t-il pour rendre son art novateur ?

Goudji puise dans des sources très lointaines, la Grèce antique, l’art scythe, celui de Palmyre etc… tout en sachant en renouveler le vocabulaire et la grammaire pour mieux faire entrer ces références consacrées dans une modernité allègre. Mais l’artiste se refuse à se lancer dans la production de séries. Chaque pièce est unique et se distingue de sa voisine. Que l’on considère par exemple les trois épées d’académicien réunies dans l’exposition : celle de Félicien Marceau, celle d’Hélène Carrère d’Encausse ou celle de Robert Turcan. Chacune d’elle célèbre bien évidemment la personnalité de son destinataire mais Goudji sait introduire avec finesse et parfois avec une légère pointe d’humour l’ornement ou le léger détail caractérisant judicieusement le tempérament, les goûts, le savoir du futur immortel comme l’originalité ou l’envergure son œuvre. La nouveauté signe toujours le travail de notre orfèvre. Celui-ci prend plaisir à s’éloigner des références qu’il a apprises dans sa jeunesse et qui ont su parfois le séduire. Parvenant à dominer ces vénérables modèles, son imagination se lance alors sur des chemins bucoliques encore inexplorés pour renouveler formes, visages, silhouettes, proportions ou encore doter certains symboles usuels rebattus d’une acception ravivée et séduisante.

On dit que ses pièces sont uniques. Pourquoi ? Peut-on copier le style Goudji ?

Les œuvres de Goudji  sont à ce point accomplies que le faussaire ou le copieur pourraient être facilement reconnus. Le polissage des pierres, leur jointure en cloisonné confinent à la perfection. La sélection des gemmes fait l’objet d’amères réflexions plongeant dans la symbolique des minéraux : agate, aventurine, béryl, chrysolithe, cornaline, jaspe, lapis-lazuli, quartz… Mis au service des mains de l’artiste, les minéraux apportent leur éclat à chaque pièce et déclinent les chatoiements les plus délicats. S’il faudrait être Goudji pour copier Goudji, ses contemporains et ses suiveurs pourront toujours s’inspirer de son art !

Quelles sont les oeuvres exposées à Paris ? 

Plus de deux-cent-cinquante œuvres sont présentées à la mairie du Ve arrondissement. Cette première rétrospective parisienne a pour écrin la grande salle des fêtes du premier étage, dans son aménagement art-déco si caractéristique de ce monument, dissimulée derrière une façade  à l’ordonnancement bien classique prenant jour Place du Panthéon.

D’emblée, Goudji a souhaité permettre aux visiteurs de découvrir en une seule vision un panoramique fidèle de la diversité ses créations. L’effet de surprise dépassé, chacun est invité à s’approcher au plus près de chacune d’elles. Certaines sont même à portée de mains afin de pouvoir mieux en admirer les contours et en deviner l’ingéniosité.

Comment ne pas succomber à l’élégance de cette belle Héra aux yeux de génisse, que l’historien Jacques Santrot commente dans le catalogue, et qui offre dans un petit recoin de l’exposition la force de sa création comme le charme du bovidé travaillé au repoussé, présentant au spectateur la courbe parfaite de ses deux cornes sous le rebord, souligné d’un bandeau en lapis-lazuli,  d’une haute coupe d’or qui aurait pu figurer, sans rougir, dans le trésor d’Agamemnon ?

Dès l’entrée de l’exposition, comment ne pas s’émerveiller également devant cette corne d’Amalthée, un « grand rhyton alliant une tête de caprin en vermeil à une puissante corne à boire en pâte de verre rose, moulée sur une cire de Goudji » ?

Les visiteurs aimeront les bijoux créés par l’artiste, à l’image de la fibule académique aux cervidés remise à Véronique Schiltz lors de son entrée à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, en 2012. On aimera ces statuettes, le Vœu du Faisan, le Baptême des animaux, le Grand-Maître des Flots, ou encore cette Artémis aux ailes d’azur.

Si une superbe licorne cabrée au collier de jaspe occupe une place centrale dans le parcours élaboré par Goudji, le visiteur éprouvera une profonde émotion en contemplant une œuvre confiée par la Galerie Capazza, qui a bien voulu apporter son concours à l’exposition : un grand plat d’argent dénommé Confidence, orné d’une grand bas-relief repoussé représentant un cervidé agrémenté d’un collier de perles, et qui se retourne, comme en conciliabule reprend Jacques Santrot, vers l’immense corbeau, à l’aile d’agate rubanée, qui le chevauche. 

Ce parcours féérique, probablement irrépétible avant longtemps, a vu le jour à l’initiative de la jeune association Art sacré II, fondée par l’ancien archiviste et bibliothécaire du Vatican, Mgr Jean-Louis Bruguès, qui a aimé rattacher le travail de Goudji à la vieille tradition dyonisienne, léguée tant par le Pseudo-Denys, que par l’exemple du Saint-Denis voulu par Suger, plus proche de nous. 

Goudji à Paris, voilà un rendez-vous à ne pas manquer avant le 26 novembre ! (l’exposition sera fermée le 1er et le 11 novembre)

Catalogue en vente à l’exposition au prix de 35 euros publié par les Éditions du Net.

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