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Etes-vous vraiment capable d'écouter vos proches se plaindre ou faites-vous semblant ?
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Bonnes feuilles

Parce que les relations humaines sont un véritable art dans lequel il est possible de progresser, Sarah Famery propose un guide pratique du bon comportement à avoir en société. Extrait de "L'empathie" (2/2).

Sarah Famery

Sarah Famery

Sarah Famery est coach et psychothérapeute. Fondatrice du  cabinet Evolution Conseil, spécialisé dans le repositionnement  professionnel et personnel, elle est partenaire de sociétés  d'outplacement et intervient fréquemment dans le cadre "d'antennes Emploi".

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Au-delà de la capacité innée et de la dimension cognitive, c’est toujours la disponibilité à l’autre qui permet, quel qu’en soit le degré, d’être dans l’empathie. Nous avons vu combien le manque de disponibilité, de liberté avec les émotions et les attitudes égocentrées étaient des freins à l’empathie. Voici quelques repères pour se mettre dans un état d’empathie, et y rester quand la situation le nécessite.

Se connecter à la personne : une condition sine qua non

Le mot « émotion » a étymologiquement la même origine que « motion » c’est-à-dire « mouvement ». Être réceptif aux émotions d’autrui, c’est prendre en compte ses mouvements intérieurs qui sont précisément l’expression de la vie. C’est dire à quel point il est primordial, pour être dans l’empathie, pour voir l’autre comme un « être d’émotion », de le considérer dans sa vie propre, comme une personne, au-delà de l’enjeu personnel, affectif ou professionnel qu’il représente pour soi, au-delà des affinités de caractère et de la sympathie que l’on éprouve ou non pour lui, dans sa vie intérieure. Comme le dit Rogers, c’est quand on voit l’autre comme une personne dans son unité, et pas seulement comme son « mari », sa « mère », son « fils », un collaborateur, un client, un patient, un prospect par exemple, que l’on est le plus facilement en état d’empathie. Or la plupart du temps, on voit en l’autre la fonction qu’il a, le rôle qu’il joue, l’enjeu qu’il représente, le miroir qu’il nous renvoie plus que la personne à part entière. Dans de multiples situations, a fortiori dans les relations professionnelles, cette conscience se voile. De fait, nous avons souvent tendance à considérer l’autre comme celui ou celle pour qui nous éprouvons des sentiments, sympathie ou antipathie, dont nous attendons une réaction, une décision, dont nous cherchons à obtenir quelque chose, comme un rival, un ennemi ou un allié, voire encore comme une « personnalité » avec laquelle nous avons à construire, travailler. Bref, selon les cas, nous percevons l’autre plus souvent comme une source ou une ressource, un modèle, un soutien, un moyen ou un obstacle que comme une personne.

Il est nécessaire de se positionner hors contexte, sans enjeu ou paradoxalement sans quiconque en face de soi, d’être « à froid » pour penser vraiment à l’autre comme à une personne, c’est-à-dire comme à un être vivant en dehors de soi et de ses propres intérêts.

Au-delà du rôle, de la fonction, du statut

Dès que nous sommes en relation avec l’autre, il existe plusieurs manières de le « regarder », de le considérer, de se relier à lui, en dehors des connexions plus partielles du type : intellectuel/affectif, émotionnel/ rationnel ou bien, pour prendre un registre différent, enfant/ adulte, etc. En effet, on peut voir en lui l’être vivant ou l’être social. L’être humain est à la fois un être avec ses réalités biologique, neurologique, physiologique, fait de pulsions, d’affects, d’instincts, et un être socialisé, « cultivé », qui a appris à se comporter avec les autres, acquis des codes lui permettant de développer des relations en formant avec les autres un groupe social et à partir duquel il construit en partie sa personnalité et son image. En outre, il se définit et s’inscrit en relation aux autres à la fois comme individu, c’est-à-dire dans sa différence, son unicité et comme un être « social », appartenant à un groupe dans lequel il a une « fonction » et où il joue un « rôle » tant dans sa famille comme père, mère, conjoint, enfant, etc. que dans sa vie professionnelle ou bien encore dans la société au sens large.

Si les différentes connexions coexistent toujours, on regarde l’autre en fonction de la situation, des enjeux et selon la nature de la relation le degré d’intimité, ses propres intérêts, son objectif, son ouverture, ses filtres, comme la « fonction » qu’il « remplit », le « rôle » qu’il « joue », le « statut » qu’il a, comme l’« individu » que dans sa particularité et son histoire il « est ». On embrasse la plupart du temps les différents niveaux à la fois sans vraiment les distinguer mais, d’une manière générale et/ou en fonction des situations et des interlocuteurs, on se connecte de « préférence » sur l’être vivant ou l’être social.

Changer de regard sur l’autre

Plus on regarde l’autre comme un être vivant, naturel et unique, plus on penche du côté de l’individu, de la personne, et plus on est en capacité d’empathie ; plus on penche du côté des codes, des comportements sociaux partagés et de la fonction que l’autre occupe, plus on s’en éloigne. En être conscient est important : si l’on se connecte toujours sur la « fonction », a fortiori le statut, on risque fort d’occulter la dimension émotionnelle ; si l’on se connecte toujours au « rôle », on risque de manquer d’authenticité… Les regards étant toujours croisés et l’autre s’adaptant généralement à notre «appel», à notre «demande»; ne voir en lui que le « rôle » le forcera à jouer d’autant plus le sien. Ne voir en lui que sa « fonction » le rendra moins spontané dans l’expression des ses émotions et de ses états intérieurs.

Extrait de "L'empathie, l'art d'être en relation", Sarah Famery, (Eyrolles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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