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Batman, ce héros du 19ème siècle
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Le plus vieux métier du monde

1,5 million d'entrées en 5 jours en France ... "Batman : The Dark Knight rises" réalise le meilleur démarrage en salle de l'année. La recette n'est pourtant pas nouvelle : nos super-héros ne sont que les héritiers de ceux des vieux romans.

Aurélien Fouillet

Aurélien Fouillet

Aurélien Fouillet est chercheur au Centre d’Etudes sur l’Actuel et le Quotidien (Université Paris V René Descartes). Il est docteur en Sociologie. Sa thèse s’intitule : "L’esprit du jeu dans les sociétés post-modernes. Anomies et socialités : Bovarysme, mémoire et aventure." Il a également collaboré à l’ouvrage dirigé par Michel Maffesoli et Brice Perrier : L’homme postmoderne.

Ses thématiques de recherche sont : le jeu, le risque, la morale, les nouvelles technologies, la science fiction et la bande dessinée.

Il est membre de la rédaction des Cahiers Européens de l’Imaginaire et l’un des trois fondateurs de La Tête qui manque.

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Batman, Spiderman, ou encore Les Vengeurs, déferlent sur les écrans de cinéma du monde entier avec le succès que l’on sait. Comment comprendre cela ? N’y aurait-il pas ici aussi de vieilles recettes de grands-mères ? N’y aurait-il pas derrière ce succès planétaire quelque chose de répétitif ?

En effet, les comics book et leurs héros que sont les Superman, Hulk, Green Lantern ou The Shadow, comme on l’a souvent remarqué, ne sont pas sans rappeler le panthéon des mythologies antiques. Hercule se rapprocherait de Superman et Ulysse de Batman par exemple.

Mais plus proche de nous, les super héros semblent s’inspirer également de l’univers fantasmagorique des romans d’aventures du XIXème siècle. N’avons nous pas trop vite oublié les Chéri-bibi, Mystérieux Docteur Cornelius,et autres Rocambole ?

Gustave Le Rouge avec le Mystérieux Docteur Cornelius, signe certainement l’un des romans d’aventures les plus complets et les plus visionnaires de ce que sera le cinéma d’action du XXème siècle. Un mystérieux docteur, précurseur de la chirurgie esthétique et des greffes de visages, utilisent ses talents pour s’enrichir de façon diabolique. Mais il ne faut pas oublier les aventuriers qui se dresseront contre l’infâme Cornelius Kramm. On peut citer encore La Conspiration des milliardaires, dans laquelle Le Rouge fait preuve d’un sens du rocambolesque fabuleux où s’entremêlent science-fiction, histoire d’amour et ethnologie culinaire. Ne faut-il pas voir les prémices du super-vilain dans Cornelius Kramm ou chez l’ingénieur Hattison qui rappellent certaines figures du mal comme Lex Luthor ?

Dans un autre style, Ponçon du Terrail nous offre avec Rocambole – origine de l’adjectif rocambolesque – un tableau des plus contemporains dans sa structure. Deux frères s’affrontent dans une lutte qui n’est pas sans rappeler celles de Superman et de Lex Luthor ou de Batman et du Joker : 

« Regarde, dit-il, le voilà, ce Paris où tu voulais être le génie du mal avec ton immense fortune ; moi, j’y serais le génie du bien ! »

« A nous deux, donc, frère vertueux ! nous verrons qui l’emportera entre nous, du philanthrope ou du bandit, de l’enfer ou du ciel… Paris sera notre champ de bataille ! »

Dans ces deux rapides citations de Rocambole, nous retrouvons des caractéristiques essentielles des super-héros : la lutte du bien contre le mal bien sûr, mais aussi, et surtout, un champ de bataille qui se matérialise dans une ville emblématique. Ici Paris, mais on connaît Metropolis pour Superman, Gotham City pour Batman, New York pour Spiderman.

N’oublions pas nos amis anglais. Sherlock Holmes, l’homme invisible, Frankenstein, ou Jack l’Eventreur sont autant de sources d’inspirations qui sont aussi venues grossir les rangs des super-héros du XIXème siècle et qui ont certainement nourris les imaginations des créateurs de comics du XXème siècle.

Pour finir, avec une touche plus étonnante peut-être, ne faut-il pas voir dans les diverses capes de Batman et de Superman les traces des Trois Mousquetaires ? Certaines scènes d’anthologie des comics book, ne sont pas sans rappeler certaines scènes, toutes aussi anthologiques, de la littérature de capes et d’épées.

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