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"Le lien" : un lien qui attache et emballe les spectateurs...
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Sur un sujet rebattu -le lien filial-, François Bégaudeau a su construire une pièce originale, qui sonne juste. Et qui -cela ne gâte rien- est remarquablement interprétée.

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE

Le lien

de François Bégaudeau

Mise en scène: Panchka Velez

avec Catherine Hiegel, Pierre Palmade et Marie-Christine Danède

INFORMATIONS

Théâtre Montparnasse

31 rue de la Gaité, 75014. Paris

ATTENTION: dernière, le 20 avril 

Durée : 1h20

Réservations : 01 43 24 77 74

RECOMMANDATION : EXCELLENT

THEME

Le LIEN, c’est l’attachement maternel et filial, ce qui unit, pour le meilleur et pour le pire, une mère à son fils, Christine à Stéphane. Elle est retraitée de la Poste, il est écrivain. A l’occasion d’une séance de dédicaces de son dernier livre, il vient déjeuner chez elle, à Rennes. Elle lui parle de choses insignifiantes. Il n’écoute pas, s’agace puis s’énerve franchement. La bataille s’engage, chacun lutte avec ses armes : l’amour, l’humour, l’attachement, la bienveillance, l’intelligence …

POINTS FORTS

L’action se déroule en temps réel, le temps d’un déjeuner. Le repas, pris dans un espace clos et en une durée limitée, est le moment où se concentrent toutes les tensions. La mère parle, le fils ne dit rien. Il écoute jusqu’au moment où il n’en peut plus, se lève et fait mine de partir. Ce qui se passe pendant ces 80 minutes est extraordinairement courant et pourtant exceptionnel : chacun exprime son attachement inaliénable à l’autre, mais aussi ce qui est insupportable, et qui n’est finalement pas si important.

La pièce tourne autour d’un conflit : mère – fils, intellectuel – employée de bureau, âgée – plus tout à fait jeune, provinciale – parisien … Tous ces conflits, ces confrontations se cristallisent autour du « lien » mais permettent à l’auteur d’élargir son propos, de l’arrondir avec de l’auto-dérision, de l’humour. Au milieu de cette tempête qui gronde et dont on craint qu’à tout moment elle n’explose, ni la mère ni le fils ne peuvent couper ce lien.

Pour porter des sentiments aussi universels, il faut des acteurs qui empoignent le texte et s’enroulent dans ce lien. On connait Catherine Hiegel, capable, sous des dehors bourrus, de passer de la détermination à l’affection avec une grande sensibilité. Pierre Palmade fait ce qu’il fait le mieux, du Palmade, intelligemment et sans en rajouter, puisant dans son propre répertoire de comédien et de fils une interprétation très juste.

POINTS FAIBLES

Ce lien filial a déjà été de nombreuses fois décortiqué, ausculté si bien qu’on a l’impression au début de la pièce de voir se reproduire une mécanique déjà connue. Mais François Bégaudeau trouve très vite son ton et nous entraîne dans sa « petite musique » personnelle.

EN DEUX MOTS

On ne peut pas ne pas être concerné, touché, ému par ce tête-à-tête, qui correspond à la destinée de toutes les mères et de tous les fils. Même si les histoires sont différentes, elles se sont construites et vivent autour de ce lien si fort et si particulier. On ressort du théâtre avec le sentiment que, pour une fois, ce sont les personnages qui se sont glissés dans notre rôle le temps d’une soirée.

UN EXTRAIT

Le fils : il faut que je revienne voir ma mère parce que c’est ma mère. Putain, ça c’est un argument !

La mère : qui t’a parlé d’argument, c’est pas un argument.

Le fils : ta mère est nazi, c’est pas grave, continue à passer la voir puisque c’est ta mère.

La mère : je suis nazi maintenant? De mieux en mieux.

Le fils : mais non maman, t’es pas nazie, ne t’en fais pas. Tu es une parfaite humaniste. Tu es super de gauche, de gauche tendance réac comme tout le monde. Nazie, c’est une image, c’est juste pour te faire comprendre.

La mère : j’aime pas ton image.

Le fils : sans déconner, t’aimes pas les nazis ? J’aurais juré que la comparaison te flattait, comme quoi on connait mal sa famille.

La mère : si j’étais nazie, tu te serais pris beaucoup plus de baffes, crois-moi.

L’AUTEUR

François Bégaudeau s’est exprimé dans la plupart des domaines où l’écriture permet de prendre la parole. Fan de football mais aussi de rock (parolier et chanteur du groupe Zabriskie Point), il a enseigné le français (agrégé de lettres modernes) avant de se concentrer principalement sur la littérature : il écrit principalement des romans, mais aussi une bande dessinée, des essais, des critiques (littéraires et cinématographiques). Il est également, réalisateur, scénariste et acteur (« Entre les murs », Palme d’Or au Festival de Cannes en 2008). « Le lien » est sa neuvième pièce de théâtre.

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