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La jupe à travers l’histoire
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Historique

Contrairement aux idées reçues, la jupe n’a pas toujours été assimilée à la femme.

Emilie Coutant

Emilie Coutant

Emilie Coutant est sociologue, consultante en mode, médias, tendances, risques et addictions.
Docteur de l’Université Paris V, elle a soutenu une thèse intitulée “Le mâle du siècle : mutation et renaissance des masculinités. Archétypes, stéréotypes, et néotypes masculins dans les iconographies médiatiques” (2011). Fondatrice et dirigeante de la société d’études qualitatives et prospectives Tendance Sociale, elle réalise études et enquêtes sociologiques pour le compte d’entreprises ou d’institutions. Enseignante dans diverses universités et écoles de mode, elle est également Présidente du Groupe d’Etude sur la Mode (GEMode), rédactrice éditoriale des Cahiers Européens de l’Imaginaire et secrétaire du Longeville Surf Club.
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Terme dont l’étymologie arabe djoubba renvoie à différents types de robes qu’elles soient masculines ou féminines selon les régions et les cultures, la jupe désignait dans la période médiévale le pourpoint d’hommes à longues basques. De la même façon, si l’on s’intéresse à la signification du « jupon » (qui date du XIVème siècle) on constate que celui-ci qualifiait à l’origine les tuniques d’hommes à manches, et ce jusqu’à la fin du XIXème siècle.

L’étymologie de la robe (de l’ancien français rober signifiant « voler » et désignant par extension le butin de guerre) et son histoire (pièce utilisée durant de nombreux siècles par les hommes, des jeunes enfants aux magistrats en passant par les hommes d’Eglise) nous indiquent également que l’éradication de ces vêtements de la garde robe masculine et leur usage exclusif par les femmes sont choses récentes. Si l’on jette un œil sur les modes qui ont traversé les cultures et les siècles, force est de constater que la jupe a depuis toujours fait partie des parures vestimentaires masculines, depuis la peau de bête d’homo habilis aux costumes des courtisans du XVII et XVIIIème siècles, en passant par la tunique étrusque, grecque, byzantine ou gauloise, le pagne égyptien ou les toges romaines...

Pensons également aux divers saris, sarongs, djellabas et autres kimonos portés par les hommes dans différentes civilisations orientales, ou encore au fameux kilt écossais, pièce perçue par ceux qui le portent aujourd’hui comme la plus virile des tenues qu’ils possèdent. Incontestablement, la jupe n’est rien moins que masculine !

La « sexualisation » de la jupe : un phénomène récent

Si la distinction des genres par le vêtement est aujourd’hui assez ancrée dans nos esprits, elle n’en reste pas moins tout à fait tardive, associée en réalité à l’entrée dans le paradigme sociétal moderne et son lot de valeurs morales strictes. A l’heure de l’austérité du XIXème siècle, du fait que l’homme devait se distinguer de tout ce qui était féminin, toute parure, matière, couleur ou forme adoptée par les femmes se voyait dès lors interdite de séjour dans la garde-robe masculine, reléguant ainsi l’homme au sérieux de ses costumes sombres.

Pour autant, la jupe masculine n’a pas totalement disparu et si Jean-Paul Gaultier nous propose quelques modèles depuis 1985, l’on remarque depuis plusieurs saisons que celle-ci pénètre considérablement les défilés de mode masculine, notamment sous la forme du kilt : Marithé-François Girbaud, Vivienne Westwood, Agnès B, Yohji Yamamoto, Givenchy, Raf Simons ou encore quelques créateurs belges tels que Anders Ladinger, Sandra Kuratle ou Bruno Loodts ont tous choisi de parer leurs modèles de ce bout de tissu, leur conférant confort et légèreté de mouvement, et participant surtout au phénomène récent de mutations des masculinités.

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