Les femmes dans l'Histoire : vierges ou putains

Marie-Antoinette : une potiche pas très futée et dépensière. Charlotte Corday : la vile meurtrière de Marat. Marie-Madeleine : une sainte pour les uns, une vulgaire prostituée pour les autres. Les manuels scolaires enferment les femmes dans des stéréotypes. Quand ils en parlent. L'accusation est récurrente.

En avril 2010, l’Éducation nationale a fait un pas en avant en demandant que le programme d’Histoire de Seconde générale "place clairement au cœur des problématiques les femmes et les hommes qui constituent les sociétés et y agissent. Le libre choix laissé entre plusieurs études doit permettre en particulier de montrer la place des femmes dans l’histoire de ces sociétés".

Une requête restée lettre morte, comme le souligne une étude menée par le centre d'études Hubertine-Auclert sur l'égalité, reprise par le site les Nouvelles news. Au total, sur les 339 biographies proposées dans les 11 manuels étudiés, seules 11 biographies sont consacrées à des femmes, soit seulement 3,2 %.

Dans l'espace restreint qui leur est consacré, les femmes se distinguent surtout par une surreprésentation dans la sphère privée : "Conformément au stéréotype le plus courant (...) elles sont le plus souvent représentées en mère, fille ou femme de, sans que ce mode de représentation soit interrogé", souligne l'étude. C'est par exemple le cas de Marie-Anne Lavoisier, plus souvent citée comme la femme du savant que comme sa collaboratrice.

"Le rôle joué par les femmes dans la Révolution française et leur engagement pour l’obtention du droit de vote ne sont présentés qu’à travers le portrait d’une ou deux femmes, ce qui contribue à leur marginalisation", estime le rapport. 

Dans les domaines politique et économique, les manuels donnent "le sentiment que l’art et le savoir sont des affaires d’hommes (...) Les femmes sont si peu nombreuses qu’il est aisé de les compter précisément". Dans les programmes de Seconde, qui courent de l’Antiquité à 1948, silence radio à propos du rôle des femmes dans la production économique, d'une importance pourtant capitale pendant les deux Guerres Mondiales.

Un point positif toutefois : certaines figures féminines sont davantage présentes que dans les manuels précédents. C'est le cas de la musicienne Hildegarde de Bingen, de la mathématicienne Emilie du Châtelet ou encore de la femme politique Jeanne Deroin.