Malaise
Attentat de Nice : les fausses victimes et faux suspects se multiplient sur Internet
C'est devenu une triste tradition : de nombreuses personnes se déclarent ou sont déclarées à tort victimes ou suspectes sur les réseaux sociaux, presque à chaque événement dramatique. L'attentat de Nice n'a pas fait exception.
Toujours ces blagues de très mauvais goût. Au banc des suspects virtuels, l'habituel "coupable Sikh", que l'on avait déjà retrouvé avec une fausse ceinture d'explosifs (ajoutée en retouche photo) peu de temps après les attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre dernier. Au lendemain de l'attentat de Nice du 14 juillet, l'un de ses amis, choqué, explique que l'homme est identifié comme le suspect de l'attaque terroriste, par certains internautes :
People are wrongly identifying my Sikh friend as being responsible for the #Nice attack. Please help end the rumors. pic.twitter.com/anzl3guO8z
— Simran Jeet Singh (@SikhProf) 15 juillet 2016
Un autre internaute a cru bon de venir polluer les avis de recherches des familles paniquées en répondant au Tweet de la Gendarmerie nationale qui appelle aux témoignages par la photo du "mexicain qui meurt dans chaque attentat".
I'm looking for my brother. His name is Robert and I can't find him
— Elliot (@desquiciadown) 14 juillet 2016
We were in Nice #Nice06#nizza@Gendarmerie
HELP pic.twitter.com/R1NokEEG5w
Le 14 juillet à Paris, un camion est victime d'un incendie accidentel près du pont d'Iéna. Rapidement, des personnes sur Internet parlent d'un "incendie à la Tour Eiffel". Et le "mexicain" est à nouveau désigné comme victime.
Ne propagez pas de fausses rumeurs. Aucun incendie à la #TourEiffel. Un incendie accidentel de camion a eu lieu pont d'Iéna. Il est éteint.
— Préfecture de police (@prefpolice) 14 juillet 2016
Mexicain blessé dans l'incendie
— MD (@marvinduranr) 14 juillet 2016
#TourEiffelpic.twitter.com/mmVtfht2Yc
Et le malheureux mexicain a aussi son pendant féminin, en la personne d'une infortunée citoyenne mexicaine, dont la photo a même été relayée par le tabloïd britannique The Daily Mail.
@WebRadioSoutien#Help My wife leticia was in #Niza she dont answer the phone, plese help me #France#URGENTpic.twitter.com/RBTDiJJtwG
— Batiato. (@marty_batiato) 14 juillet 2016
La photo d'un Niçois, victime présumée du 14 juillet, et présenté comme 'handicapé cérébral" par un utilisateur en mal d'abonnés. Bien sûr, le jeune homme n'avait besoin d'aucun avis de recherche, ayant répondu lui-même, pour rassurer ses proches, qu'il était à Paris au moment de l'attentat.
Corps et âmes déployés pour retrouver notre petit Olivier âgé de 17 ans handicapé cérébral #Nice06pic.twitter.com/VhuhsZS5X2
— Meda (@mohamedd9227) 14 juillet 2016
C'est faux jsui à paris en train de prendre mon ptit dej là dc supprimer https://t.co/raGIPVPtbD
— jikus!!! (@JKjika) 15 juillet 2016
Si l'intéressé a ri, dans un autre message, tout le monde n'a pas trouvé cela aussi drôle :
Il me dégoute! Il fait un faux signalement de disparition pour gagner des RT et en ris ouvertement! 😱😰😡😡😭#Nice06https://t.co/Gfgg5CMY22
— ✨jayssica (@jayssicafreedom) 15 juillet 2016
Beaucoup plus grave, cette photo d'un enfant, "retweetée" (reprise ou relayée par d'autres internautes) plus de 4.000 fois. L'auteur du message prétend que l'enfant serait son petit frère, perdu dans la foule le soir du massacre, en réponse à un autre internaute qui exprime son désarroi face au décès d'un autre enfant ce soir-là.
Plus tard, il s'avère que l'internaute s'intéresse plutôt aux poitrines des utilisatrices qu'à son frère soi-disant disparu.
Envoi tes seins on verra + tard pr mn ptit frère https://t.co/gHHOaxcKVz
— Joe La Douille (@PropheteDuVice) 15 juillet 2016
Ces attitudes relancent le débat sur le filtre d'opinion que procure Internet vis-à-vis de la perception et du ressenti des faits, qui ne change pas les gens mais les pousse à commettre plus facilement des actes dont certains ne saisissent pas bien la portée. Anonymat, distance, un écran plutôt que des paires d'yeux en face de soi, autant de moyens qui facilitent les dérives pratiquement en chacun de nous.
Nous ne pouvons à notre tour que relayer ce message des autorités : ne partagez pas d'images choquantes, et ne transmettez les images de victimes que si vous êtes sûrs de leur origine. Devant des images de victimes ou coupables présumés lors d'un évènement grave, soyez vigilants, et vérifiez si ces photos n'ont pas déjà été publiées. La première source peut donner une idée de sa crédibilité. A fortiori si c'est un inconnu.
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