Atlantico : Quel est le selon vous le principal enseignement de ce sondage ?
Jérôme Fourquet : Nous constatons dans les résultats de cette enquête un nouvel affaissement assez net de l'adhésion des Français à l'accueil de migrants (38% y sont favorables, soit une baisse de 8 points par rapport au printemps dernier). Nous sommes aujourd'hui quasiment aux niveaux les plus faibles observés, à la mi-novembre 2015. À cette époque, on savait qu'un certain nombre des membres du commando des attentats du 13 novembre avaient infiltré les flux de réfugiés et de migrants pour venir en Europe. Nous sommes donc sur une adhésion en nette baisse par rapport au mois d'avril dernier.
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Comment expliquer cette baisse ?
Il y a tout d'abord ce que l'on appelle en statistique un effet de base. La base de comparaison était en effet plutôt favorable (46% de Français favorables en avril 2016), notamment en raison du déplacement du Pape François à Lesbos. Les naufrages à répétition en Méditerranée avaient également eu à l'époque un effet assez net dans l'opinion publique, d'où cette remontée de la propension à accepter les migrants.
Depuis, nous avons constaté une recrudescence de l'actualité anxiogène des migrants.
Il y a tout d'abord ce qu'il se passe autour de la jungle de Calais, qui apparaît plus que jamais hors de contrôle pour nos concitoyens. Jamais il n'y a eu autant de migrants à Calais, avec de nombreux problèmes sécuritaires, sanitaires et humains.
Il y a ensuite tout ce qu'il se passe en région parisienne et dans certains quartiers de l'Est parisien, où des opérations d'évacuation et de démantèlement de campements de migrants se sont succédées quasiment toutes les semaines en juillet et en août, avec en point d'orgue l'annonce par la mairie de Paris de la création d'une structure d'accueil provisoire porte de la Chapelle pour faire face à un afflux perçu comme hors de contrôle.
Enfin, la frontière franco-italienne est également touchée par le phénomène, sur un modèle inversé par rapport à la situation calaisienne : des migrants voulant rentrer en France (pas forcément pour s'y installer) sont refoulés par des policiers français et italiens. Là aussi, on constate une multiplication de franchissements de frontières et de reportages montrant que la situation humanitaire se dégrade à vue d'œil, ainsi qu'un nombre sans cesse croissant de migrants qui s'accumulent sur cette portion de la frontière.
La situation aux frontières extérieures de l'Europe apparaît relativement sous contrôle entre la Turquie et la Grèce suite aux accords du mois de mars. Mais les traversées de la Méditerranée entre la Libye et l'Italie n'ont pas cessé, avec un nombre sans cesse croissant de victimes et de naufragés. Pour autant, l'opinion publique française devient de plus en plus réfractaire à cette politique d'accueil, alors même que les drames se multiplient en mer, en raison du caractère de plus en plus ingérable de la situation dans plusieurs points du territoire national.
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