Atlantico :Selon un article du Washington Post, le réchauffement des océans est beaucoup plus brutal que ce que l'on pensait. Quel constat pouvons-nous réellement faire de la situation ? Comment quantifier concrètement ce phénomène ?
Nicolas Imbert : Le GIEC, le groupe d'experts qui travaille sur le climat, est en train de réaliser un rapport sur l'océan et la cryosphère, l'océan et les pôles. Ce rapport n'est pas encore définitif, mais ce que l'on observe au travers de certaines fuites issues des universitaires assez prestigieux et des travaux préliminaires, c'est que le niveau de l'océan augmente beaucoup plus rapidement que prévu et les effets liés à son réchauffement (acidification, évolution des espèces géographiquement) est beaucoup plus drastique que prévu.
Tout conduit à penser qu'on a une augmentation du dérèglement climatique au niveau de l'océan.
Aujourd'hui, on a des effets qui sont mal connus et mal cartographiés au niveau de l'Antarctique sur lequel on soupçonne que la fonte des glaces va plus vite que prévu. On sort des modèles linéaires, des évolutions, telles qu'elles étaient cartographiées et anticipées jusqu'à maintenant. On a un deuxième élément qui concerne les zones tropicales et les récifs coralliens sur lesquels on s'aperçoit qu'un grand nombre de récifs sont en train de s'appauvrir ou de mourir. On remarque qu'on a à faire à un changement de biodiversité qui s'opère. Enfin, il y a une inconnue dans les zones tempérées et en Europe. Les phénomènes climatiques s'accélèrent et font plus de dégâts. Les plans de vigilance ont du mal à suivre l'évolution de la situation des océans.
On est en attente du rapport du Giec afin de pouvoir donner des éléments plus précis qui vont pouvoir nous fournir un consensus scientifique. Les chiffres qui faisaient référence depuis la COP 22 indiquaient que l'on était plus près de la borne haute de 3 degrés plutôt que les 2 degrés annoncés initialement à l'horizon 2050. Les scientifiques tablaient sur une évolution du niveau des mers d'un mètre. Un mètre met déjà en danger de nombreuses îles du Pacifique et y impacterait environ 200 000 habitants, et au Bangladesh un mètre mettrait à risques environ 20 millions d'habitants. Les phénomènes observés sur l'Antarctique et l'Arctique nous laissent à penser que les dommages, tels qu'ils sont opérés, seront plus importants demain que ce qu'indiquaient nos prévisions.
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