Atlantico : La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a mis en garde la région Ile-de-France contre un nouveau risque de pic de pollution. Quelles sont les différents types de pollution auxquelles nous sommes exposés dans ce genre de situation ?
Thomas Bourdrel : Lorsque nous parlons de pollution nous évoquons souvent la pollution urbaine et celle des particules fines. Il s'agit de microparticules, scindées en plusieurs catégories : les PM10 (diamètre inférieur à 10 micromètres), et aujourd'hui on parle beaucoup des PM2.5 (Diamètre de 2.5 micromètres). Les particules fines sont essentiellement liées à la combustion (industrie, moteur diesel, chauffage). Il y a également la pollution provoquée par des gaz toxiques, comme en été celle créée par les pics d'Ozone.
Avant ces derniers étaient souvent considérés comme les plus nocifs. Aujourd'hui les chercheurs ont souligné que les plus dangereux pour la santé sont les oxydes d'azote, surtout émis par les moteurs diesel. En outre, nous connaissons les gaz à effet de serres, mais ces derniers ne sont pas directement toxiques pour la santé. Enfin, il y a les corps organiques volatiles et les dérivés du benzène.
Qui souffre le plus des pics de pollution ?
Thomas Bourdrel : Cela ne touche pas que les plus sensibles comme nous avons tendance à penser. Souvent, tout le monde retient les effets de la pollution sur l'asthme, les allergies et les personnes sensibles mais il n'y a pas que ça. Lors des gros pics de pollution, les plus touchés seront les plus démunis, les nouveaux nés et les personnes âgées qui ont déjà des problèmes cardiaques ou pulmonaires. Seulement, la pollution la plus meurtrière est celle de tous les jours, qui touche vraiment tout le monde.
Journée de circulation alternée, ou encore limitation de vitesse en cas de pic de pollution… Est-ce que ces mesures ont des effets visibles ou invisibles sur la santé ?
Thomas Bourdrel : Les pics de pollution ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ce n'est vraiment pas le plus important et le moment où il faut agir en priorité. Il s’agit, certes, du moment où les plus faibles sont les plus vulnérables, donc il ne faut pas pour autant sous estimer la gravité, mais il apparait évident qu'il est mieux de privilégier la baisse de production de pollution de fond plutôt que les pics. Les risques à long terme sont plus conséquents que ceux d’une journée de forte pollution.
Les pics de pollution sont définis par une concentration en particules fines dépassant les 80µg/m3/24h, or parfois les villes suffoquent sous des niveaux de pollution à peine inférieurs à ce seuil (par exemple 70µg/m3/24h) sans qu'aucune mesure ne soit prise. Mais désormais l'arrêté ministériel de mars 2014 prévoit que les procédures d'alerte (circulation alternée, réduction de vitesse..) puissent être déclenchées par la préfecture en cas de niveau d'information persistant c'est à dire en cas de concentration en particules fines supérieure à 50µg/m3/24h persistant plus de 3 jours consécutifs.
Une fois les mesures mises en place, encore faut-il qu'elles soient efficaces. Dans le cadre de la circulation alternée, le fait de jouer entre plaques paires et impaires n'a pas vraiment d'influence, car vous pouvez faire circuler les voitures polluantes et arrêter les voitures propres. Les spécialistes s’accordent pour affirmer qu’une circulation alternée serait vraiment efficace si elle marchait avec un système de pastille. Cette méthode est d’ailleurs en cours d'expérimentation à Strasbourg et Grenoble. Elle permettrait aux voitures polluantes de ne pas rouler et aux véhicules aux normes d'avoir une circulation alternée.
Reste, que cela peut-être une des mesures pour éviter le "pire". Elle a une petite influence, toujours bonne à prendre. Elle réduirait de 5 à 10% le taux de particules fines… c’est toujours mieux. Je ne crois pas qu'il y ait une énorme influence, mais elle limite les risques pour les plus fragiles c'est certain, sans les éviter pour autant. Pour cela, il faudrait de vraies mesures pour combattre la pollution dite "de fond".
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