J’essaie de m’auto-hypnotiser depuis hier après-midi pour me convaincre de ce que François Hollande peut faire le job. Mais je ne connais rien à l’autohypnose et je ne dois pas m’en tirer très bien parce que ça ne donne pas grand chose.
Pourtant, je fais des efforts. J’arrive avec un a priori positif : j’ai toujours voté PS, il est manifestement temps d'essayer autre chose, le bonhomme a des chances de gagner et on sent bien un vague enthousiasme flotter autour de lui même s’il reste un peu à la peine côté charisme...
Je crois qu’au fond, c’est cette histoire de type « normal » qui me bloque.
Hollande a passé tellement de temps à expliquer qu’il n’était pas un flan aux œufs mais plutôt un père de famille ferme et raisonnable que le message a fini par passer. S’il est élu : ça ne va pas rigoler beaucoup. En tout cas pas comme avec Sarkozy qui anime tellement le show que ça rend la crise aussi captivante qu’une série télé US.
Oui, s’il est élu, plus de couverture fracassante par Gala de la vie du boss, de copains friqués, de paternités jet-set... Fini tout ça. Quelques instits à collier de barbe entrent au gouvernement ― encadrés par Aubry à Matignon, Moscovici aux Affaires étrangères, Valls à l’Intérieur, Peillon à l’Éducation, Royal à la Défense et Mélenchon aux Transports (argh !) ―, recrutent en fanfare quelques fonctionnaires, taxent ceci ou cela mais, pour le reste, font grosso-mode ce que le team Sarkozy ferait à leur place en plus sobre.
Sauf qu’on n’a plus Lefèbvre et Morano pour le fun sur Twitter, plus de tribunes dénonçant « les heures les plus sombres de notre histoire » dans les pages Rebond de Libé, plus de recueil annuel des lettres sarkozyennes par Patrick Rambaud, plus de Stéphane Guillon gouailleur, de Sophia Aram sniper, d’Edwy Plenel dénonciateur…
Non franchement, ça va être d’un triste.
Et est-ce qu’on s’en tire mieux au plan économique, au moins ? Hum, on ne peut pas vraiment dire.
D’abord, il n’y a pas d’énormité genre passage aux 28 heures, retraite à cinquante ans ou liquidation de la filière nucléaire. Il y a même quelques idées intéressantes pour les PME, le logement social, la réindustrialisation (pas clair-clair sur le coup) et l’éducation. Hum, disons qu’au final, même s’il faut attendre le 26 janvier pour le vrai programme, ça risque de ne marcher ni mieux ni moins bien qu’avec le camp d’en face. Ça donne envie.
Une gauche qui revient aux affaires après une telle traversée du désert, en pleine crise économique, européenne, technologique, philosophique, internationale, on aimerait peut-être justement qu’elle soit un poil moins « normale » et un chouïa plus créative et preneuse de risque. Une présidence normale, c'est peut-être tout simplement une présidence ordinaire. On l'aurait préférée au beurre.
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