Quand les fluides mènent les heures et quand les anges battent des ailes : c’est l’actualité post-pascale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Martine ne fait pas ses 70 ans et prend son temps avec Ice-Watch.
Martine ne fait pas ses 70 ans et prend son temps avec Ice-Watch.
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Atlantic Tac

Mais aussi une sobriété mécanique parfaitement maîtrisée, une « plongeuse » encore jamais vue, la gentille Martine qui s’accroche aux poignets, des salons horlogers, une quête de la précision et un nouvel « ovni » de poignet…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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M.A.D.EDITIONS : Puissance cinétique…

Si ce n’est pas la première incursion horlogère de Jean-Charles de Castelbajac (« JCDC »), le plus considérable et le plus considéré des créateurs français dans le domaine de l’art de vivre, c’est sans doute la plus convaincante de ses tentatives – et probablement celle qui restera dans les mémoires tellement cette M.A.D.1 « Time to Love » est réussie. Pour ce qui est de la forme, c’est une M.A.D.1 classique, avec sa lecture latérale de l’heure (deux anneaux tournants sur le flanc de la montre : ici, 10:10 précisé par le petit pointeau sous le 10 de l’anneau des heures) et un magistral rotor qui remplace le cadran : « JCDC » a équipé ce rotor de petites ailes en couleur qui créent un effet stroboscopique à chaque mouvement du poignet [mais ça sert aussi à remonter le mouvement de cette montre automatique]. On aura reconnu les trois couleurs pas si « primaires »q que ça de l’univers esthétique de « JCDC », avec la petite touche verte qui habille l’anneau des minutes : rouge pour la passion, bleu pour l’espoir, jaune pour la chaleur humaine et vert pour la planète. On tentera de déchiffrer (non sans difficulté) la devise gravée sous ce rotor tricolore : « Ce trésor rare et précieux, c'est ta vie. Le temps vole de ses ailes blanches. Tu es le gardien de ton temps ». On appréciera aussi le prix de cette œuvre d’art signée « JCDC » (autour des 3 000 euros), sachant qu’il n’y aura qu’un peu moins de 500 montres disponibles, qui ne seront allouées qu’aux gagnants tirés au sort d’une « loterie » horlogère ! On trouvera enfin quelques développements supplémentaires sur cette « Time to Love » cinétiquement puissante et chromatiquement signifiante dans une chronique Business Montres du 3 avril et dans une présentation plus complète : Business Montres du 4 avril).

ARTYA : Sobriété mécanique…

Comme le temps passe : la maison indépendante ArtyA (« Art Yvan Arpa ») fête cette année ses quinze ans : le plus étonnant reste qu’elle n’a pas pris une ride et qu’elle persiste à nous épater, année après année, sans rien lâcher de son tropisme disruptif et de son enthousiasme juvénile. Yvan Arpa s’est pris de passion pour la transparence, celle des boîtiers en verre saphir dont il maîtrise la coloration et les variations chronomatiques, mais aussi la transparence des mécaniques, qui paraissent suspendues dans l’espace. Sur cette Purity en céramique blanche de 40 mm, on voit battre le cœur du mouvement, avec un balancier suspendu au-dessus d’une sorte d’escalier qui a donné à la montre son nom de « Stairway To Heaven », référence pop-musicale que les boomers et les post-boomers apprécieront. À droite, un double barillet qui fonctionne en parallèle pour régler en toute constance l’énergie de la montre. Déportée à trois heures, la lecture de l’heure semble presque superflue dans l’expression de cette maîtrise de l’ingénierie horlogère, aisée à repérer dans le maniement des lignes, des courbes, des volumes et de l’architecture globale de cette Purity. On ne peut qu’admirer la fluidité évidente de l’harmonie horlogère ainsi mise en scène avec beaucoup de sobriété, qui ne se refuse à quelques coquetteries décoratives dans l’usage des fibres de carbone (comptez dans les 31 000 euros pour ce chef-d’œuvre d’équilibre esthétique et de raffinement mécanique).

SINGER REIMAGINED : Plongées minutées…

Vous n’avez probablement jamais vu une montre de plongée ! D’abord, c’est un chronographe – et, sur le marché, il y a vraiment très peu de « plongeuses » dotées d’une fonction chronographique. Ensuite, cette Divetrack mise au point par la jeune marque indépendante Singer Reimagined est un chronographe automatique à lecture centrale sur vingt-quatre heures : c’est unique et cette montre [dérivée des FlyTrack de la marque, témoigne, comme le nom de Singer Reimagined, le précise, d’un sérieux effort de réimagination des codes de la plongée, pour les adapter à la vie des plongeurs pendant leurs aventures sous-marines, mais aussi avant et après. Au centre, la « seconde traînante » assure un mouvement continu, l’aiguille orange des secondes permettant un suivi minutieux de la plongée. La Divetrack gère également les intervalles de temps en surface (entre deux immersions) : « Chill » (0 h à 6 h) pour l’intervalle de surface en fonction de la durée, de la profondeur et de la fréquence de la plongée précédente ; « Dive » (6 h-18 h) pour indiquer qu’il est possible de replonger après avoir respecté l’intervalle de surface prescrit ; « Fly » (18 h-24 h) pour la fenêtre de sécurité avant un voyage en avion pour éviter tout risque d’embolie pulmonaire en ambiance pressurisée [théoriquement, on ne doit pas prendre d’avion dans les dix-huit heures qui suivent une plongée]. Sous le clapet de protection rouge à deux heures, on trouve le poussoir du chronographe qui va décompter le temps de la plongée, à la fin de laquelle il suffira d’afficher les temps de décompression grâce à la lunette tournante. Pour ceux qui ne seraient pas familiers de l’esprit Singer Reimagined, on trouve sous cette lunette tournante, un anneau qui indique les heures, les demi-heures et les quarts d’heure (repère luminescent). Le tout se logeant dans un boîtier en titane de 49 mm, étanche à 300 mètres, qui sera livré avec deux bracelets. Précision ultime : de la même manière, vous n’avez probablement jamais examiné d’aussi près une « plongeuse » qui affiche un prix public de plus de 85 000 euros hors taxes (série limitée à 25 exemplaires) !

ICE-WATCH : Pastels rétronostalgiques…

Eh oui, « Martine » fête ses 70 ans, ce qui fait que cette adorable gamine, née en 1954, a émerveillé trois ou quatre générations successives en promenant sa candeur et son indéfectible optimisme dans de nombreux univers. 150 millions d’albums plus tard (dont 110 millions en français), « Martine » n’a pas pris une ride et cette fraîcheur qui résiste au temps méritait bien un hommage horloger d’Ice-Watch, la marque qui a forcé les portes du temps avec des montres aussi colorées que les exploits de « Martine ». Voici donc quatre montres de 34 mm (ci-dessous, en rose : « Martine fête Maman ») qui vont forcément remuer évocations et souvenirs rétronostalgiques – il fut un temps où les petites filles aux bonnes joues savaient ne pas vieillir dans l’éternité du bain de jouvence de ce bonheur de vivre qu’elles répandaient sans compter, dans un monde dont elles savaient dissiper la cruauté. Merci, « Martine », pour ces bons moments ! Des couleurs pastel pour des « montres de grandes », qu’Ice-Watch a la délicatesse de ne facturer qu’à un peu moins de 99 euros : une édition limitée pour des émotions illimitées…

HYT : Fluidité néo-classique…

On peut dire que cette T1 Series, la nouvelle collection de HYT (acronyme de Hydro-Mechanical Time) revient de très loin : si elle est en rupture avec les pièces quasiment « expérimentales » des générations précédentes, elle témoigne d’un apaisement esthétique et d’un ralliement à des codes néo-classiques qui n’ont cependant rien renié des principes révolutionnaires de ces mécaniques « fluidiques ». La disruption se joue en mode discret : les heures sont affichées par la progression d’un liquide coloré dans un capillaire circulaire autour du cadran, les minutes restant traditionnelles (aiguille centrale), de même que l’affichage des 72 heures de réserve de marche (à deux heures). Sur ce cadran, il est deux heures moins huit (ou 13:52 selon la position du soleil). On admirera le boîtier subtilement anglé, dont les dimensions ont été revues à la baisse, avec un bracelet en caoutchouc parfaitement intégré et un profil lui aussi allégé par la ligne du renfort de la couronne (placée à deux heures). Le design de cette T1 Series (T pour titane, c’est dire la légèreté de la montre) est une réussite qui classe cette montre parmi les pièces les plus intéressantes – peut-être même les plus mémorables, sinon les plus « iconiques » – de ce printemps 2024. Il faudra tout de même compter dans les 50 000 euros pour que votre poignet profite de ce pont lancé entre la tradition horlogère et l’avant-gardisme hydro-mécanique…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• SALONS HORLOGERS : c’est pour la semaine prochaine ! 300 marques horlogères et joaillières seront présentes à Genève pour la Wonder Week 2024, traditionnel rendez-vous de printemps de l’industrie horlogère, avec deux ou trois dizaines de milliers de visiteurs venus du monde entier. Si le salon Watches & Wonders, qui rassemble la moitié des plus grandes marques suisses (à commencer par Rolex et Patek Philippe) fait l’objet de toutes les attentions médiatiques, il ne rassemble avec ses 54 marques qu’un tout petit cinquième des maisons mobilisées pour l’événement, et sans doute par le cinquième du potentiel créatif de ce rendez-vous genevois, largement dominé par l’exubérance des jeunes indépendants et des marques de « niche »… •••• PRÉCISION : l’impératif de précision était hier considéré comme stratégique par les marques horlogères, mais il est aujourd’hui un peu oblitéré par le triomphe de l’électronique sur le mécanique. Cette précision peut-elle redevenir un enjeu marketing pour les marques de montres ? Omega prend un train d’avance en renonçant à faire certifier ses montres par le COSC (Contrôle officiel suisse des chronomètres) pour mettre en place un Laboratoire de précision dont les normes sont annoncées comme dix fois plus précises que celles du COSC, avec des essais chronométriques qui visent à imposer un nouveau standard, capable de créer une vraie différence avec les montres qui se contenteront de l’ancien certificat COSC. La vie des montres est une bataille sans fin pour faire la course en tête… •••• SPACEONE : une des montres les plus étonnantes de cette Wonder Week sera certainement la nouvelle Tellurium II de la jeune équipe française de Spaceone (Guillaume Laidet, 38 ans, et Théo Auffret, 29 ans). Ils ont entrepris d’équiper nos poignets d’un planétarium héliocentrique [La Terre et sa lune tournent autour soleil], le tout avec une date « sautante » et l’indication du mois. Cerise sur la complication de cet « ovni » de haute horlogerie : un prix annoncé à un peu moins de 3 000 euros. Le boîtier atypique de cette Tellurium (design : Olivier Gamette) est à lui seul une déclaration de guerre néo-futuriste aux sectaires sectateurs du tout-à-l’égo vintage qui ravale actuellement les catalogues horlogers : en 42 mm avec deux simples aiguilles, c’est une fusion inattendue du temps court de notre regard sur le monde (celui de nos bonnes vieilles heures) et du temps galactique des infinis espaces du cosmos (celui de l’année sidérale, marquée par l’évolution de la Terre autour de son soleil). On n’oubliera pas de noter que cette montre n’affiche que trois chiffres pour les heures : 12, 4 et 8. C’est profond…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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