Walid Daqqa : distinguer l’homme de l’artiste ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Walid Daqqa, membre du FPLP, commanditaire d'attentats et écrivain.
Walid Daqqa, membre du FPLP, commanditaire d'attentats et écrivain.
©DR

Décès en détention

Le talent littéraire n’est pas une circonstance atténuante de la compétence tortionnaire.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Serpent de mer du débat creux, la distinction homme/artiste prend une sacrément nouvelle dimension avec la disparition de Walid Daqqa, mort dimanche dernier d’un cancer de la moelle osseuse dans la prison israélienne où il était enfermé depuis 38 ans.

Pour Amnesty International, qui militait de longue date pour sa libération, son décès en détention est d’ailleurs « le cruel rappel du mépris israélien pour le droit à la vie des Palestiniens ». « Devenu le mentor et l’éducateur de nombreuses générations de Palestiniens » depuis sa cellule, explique l’organisation dans un long communiqué, « ses lettres, ses essais, sa pièce et son roman pour jeunes adultes » étaient autant « d’actes de résistance contre la déshumanisation des prisonniers palestiniens ».

« L’amour est ma seule et modeste victoire contre mes geôliers », avait-il justement écrit.

Son de cloche similaire du côté du Monde, qui, sous le titre « L’écrivain palestinien Walid Daqqa meurt en détention en Israël, après trente-huit ans de prison », rend hommage à l’homme de lettres et détaille la manière dont son épouse avait été empêchée de lui rendre une ultime visite et ses proches de venir lui présenter leurs respects.

Mais pour la justice israélienne, en revanche, ce membre du FPLP passé à l’écriture était surtout le commanditaire du kidnapping, de la torture, de la castration, de l’énucléation et, enfin, de l’assassinat de Moshe Tamam, un soldat de 19 ans, ce qui lui avait valu, et cette lourde sentence, et cette évidente absence d’empathie de la part de ses juges.

On ne se fera pas ici l’avocat des peines interminables et, a fortiori, des peines interminables achevées sur un lit d’infirmerie glauque, un cathéter de chimiothérapie dans le bras. 38 ans de prison, c’est effectivement un calvaire. D’autant plus que la peine initiale avait été rallongée de deux ans pour contrebande de téléphones portables à l’intérieur de la prison...

On se fera toutefois volontiers le procureur de ceux qui, évacuant complaisamment les raisons de sa condamnation, ne voyaient plus en Daqqa qu’un promoteur de paix, un poète, le jouet innocent de la terrible duplicité israélienne, dont il conviendrait de ne plus célébrer que le talent littéraire et d’ignorer la compétence tortionnaire. 

Toutes choses égales par ailleurs, et s'il faut vraiment distinguer l'homme de l'artiste, je préfère continuer à voir du Depardieu à la télé.

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