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Des bouteilles et divers emballages plastiques sont entassés dans le centre ville d'Albi, dans un container chargé de les recevoir dans le cadre de la politique du tri sélectif.
Des bouteilles et divers emballages plastiques sont entassés dans le centre ville d'Albi, dans un container chargé de les recevoir dans le cadre de la politique du tri sélectif.
©Eric CABANIS / AFP

Atlantico Green

Alain Marty, directeur scientifique de l’entreprise française Carbios, estime que le futur du recyclage du plastique pourrait être lié aux enzymes génétiquement modifiées.

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie est un expert indépendant des questions environnementales.

Il est également docteur en droit de l'environnement et ancien directeur du Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (en 1993).

Il est avocat à la Cour et maître de conférences.

Il est l'auteur de Petit vocabulaire du patrimoine culturel et naturel (Confluences, 2003).

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Atlantico : Selon Alain Marty, directeur scientifique de l’entreprise française Carbios, le futur du recyclage du plastique pourrait être lié aux enzymes génétiquement modifiées. Comment cette technique fonctionne-t-elle et en quoi diffère-t-elle du recyclage conventionnel ? Qui l’utilise actuellement ?

Dominique Audrerie : La question du plastique et de la prise en compte des déchets, c’est-à-dire ce que l’on qualifie d’inutile, vaut d’être posée dans son ensemble à la fois historique et économique.

L’apparition du plastique dans la vie courante des usagers, de la production à la consommation quotidienne, est apparue voici déjà plusieurs années, comme un progrès, ou mieux comme une évolution nécessaire. Pour les uns, cela représentait des sources de profit très considérables, pour les autres, les consommateurs du quotidien, de nouveaux outils simples, faciles à appréhender et de faible coût.

Il restait toutefois les déchets, car une fois utilisés ces produits plastiques devenaient des déchets encombrants dont on ne savait que faire. Ou plutôt si: glisser sous le tapis ce déchet indiscret; qui regarde sous le tapis?

En fait, après l’enfouissement, source de pollution, les masses de plastique refusées ont fait l’objet de rejets à la mer ou d’envoi dans des régions déshéritées en Afrique ou en Asie. Pour citer Coluche: « circulez, il n’y a rien à voir ».

Peu à peu certains s’en sont sérieusement inquiétés et ont tenté d’abord d’alerter l’opinion et ensuite d’engager une réflexion sur les solutions possibles. Deux freins à cela: les intérêts financiers et aussi, cela est essentiel, les habitudes du consommateur peu enclin à les modifier.

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La solution, et il n’y en a point d’autre, est de considérer les déchets plastiques non plus seulement comme une pollution irrémédiable, mais comme une ressource à gérer avec les procédures appropriées.

Dans ce sens, la proposition Cabios va dans la bonne direction.

Porté à grande échelle, le recyclage du plastique avec des enzymes pourrait-il apporter des améliorations aux systèmes de recyclage actuels ? Devrait-il être accompagné de politique pour l’encourager ?

Les politiques actuelles en matière de traitement des plastiques sont globalement très insuffisantes: d’une part elles sont très tardives (les stocks de déchets plastiques sont très considérables) et d’autre part insuffisamment développées. Il y a donc urgence à poser le problème dans sa globalité en France et dans le monde.

Pour cela des études scientifiques poussées sont nécessaires. En l’état actuel, faute de volonté politique affirmée et réelle, les solutions techniques doivent être développées sérieusement et de manière rapide. Il est certain que nos scientifiques sont capables de faire aboutir des recherches ad hoc et de proposer des solutions efficaces. La proposition Carbios s’inscrit à l’évidence dans cette optique.

La question du coût de ce recyclage par enzyme pourrait-elle mettre un frein à sa mise en place à grande échelle ? Quelles améliorations sont nécessaires pour qu’elle soit rentable écologiquement et économiquement ?

Il reste à considérer la question du coût, souvent mise en avant pour justifier l’inaction. En fait, si l’on veut bien considérer les déchets plastiques comme une ressource, celle-ci, pardon du truisme, existe en quantité et au moindre coût: il suffit de la récupérer et de la traiter.

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Pour l’instant les coûts d’exploitation semblent élevés, et ils le sont dans la mesure où cela se fait à petite échelle. En traitant la question de manière globale et avancée, les coûts seront revus à la baisse.

Toutefois se pose au fond une question à la fois environnementale et éthique: peut-on légitimement poursuivre la multiplication sans frein de déchets sans prendre courageusement les mesures pour les traiter de manière intelligente et adaptée.

Sans doute est-ce là un choix politique essentiel, mais aussi une prise de conscience du simple citoyen face à ses habitudes de consommation. Et puis - tant pis si cela peut sembler polémique - il est urgent que ceux qui se qualifient d’écologistes parviennent à sortir d’idéologies aussi vaines qu’inutiles pour retrouver le réel.

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