Les chiffres du Hamas sont tellement faux que même Libé s'en est rendu compte<!-- --> | Atlantico.fr
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Bombardement sur Gaza
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Lies, damned lies, and statistics

Le 22 mars dernier, CheckNews assurait qu'une analyse statistique solidement argumentée remettant les chiffres du Hamas en question était "fausse" et sa méthodologie "contestable". Le 8 avril, il découvre le contraire.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Se pencher sur la véracité des chiffres du Hamas, ou plus précisément sur les statistiques que le groupe terroriste publie sur le nombre de victimes non-combattantes depuis le début de la guerre, est un exercice délicat.

On peut toujours expliquer que non, évidemment, on ne se réjouit pas de voir des femmes et des enfants transformés en victimes collatérales et que, même, on en est atterré, il y aura toujours quelqu’un pour vous reprocher d’ergoter (« Quelques milliers en plus ou en moins, qu’est-ce que ça change ? N’est-ce pas un massacre de toute manière ? »).

Le fait est que ça change pas mal de choses. D’abord parce que moins de morts parmi les civils, c’est tautologiquement moins de morts tout court, mais aussi parce que ce décompte macabre est le principal argument du camp pro-Hamas, le marqueur-maître d’une prétendue « disproportion génocidaire » dans la riposte israélienne. 

Ainsi, l'Etat hébreu ne se défendrait pas réellement, il ne tenterait pas vraiment de récupérer ses otages, il ne chercherait même pas spécialement à détruire les capacités militaires des djihadistes ; il accomplirait en réalité son grand dessein historique d’extermination des Gazaouis et son projet de reconquête d'un territoire pourtant cédé sans contrepartie à l’Autorité palestinienne vingt ans plus tôt

Dans un récent papier de CheckNews, la cellule de vérification des faits de Libé qu’on pourrait, par facilité ou distraction, confondre avec une cellule de validation des biais idéologiques de son lectorat, démolissait d’ailleurs à coups de massue le travail d’un statisticien américain pour qui les chiffres du Hamas seraient tellement cuisinés qu’ils n'auraient plus aucun sens en dehors de la bataille pour l’opinion publique internationale. 

L’universitaire, en pointant de nombreuses anomalies dans la progression linéaire du nombre de morts et en comparant les proportions de morts civils/combattants tués – part des hommes/part des femmes, se livrait à du « cherry-picking » en sélectionnant soigneusement les périodes observées. Bref, c’était un bel exercice de Hasbara, comme dirait Thomas Portes…

Mais dans un nouveau CheckNews publié hier 8 avril, changement de pied : des sources crédibles du point de vue du journal s’étonneraient elles aussi des bizarreries comptables du Hamas et de leur créativité, aucun combattant homme n’ayant mystérieusement été tué entre la mi-octobre et la mi-novembre, ce qui, même pour Libé, n’aurait strictement « aucun sens ». Au final, estime le journal comme à regret, la proportion de victimes hommes serait plus proches des 50 %, ce qui serait toutefois éloigné de la norme pour les conflits de ce type et resterait donc sujet à caution. 

Vraisemblablement, ce n’est qu’une fois la paix revenue qu’il sera possible d'évaluer les dégâts de manière précise et aucune des deux parties ne pourra s’en vanter, mais cette complaisance médiatique plus ou moins consciente à l’égard de la propagande hamassienne n'aura rien fait pour hâter le retour au calme.

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