Épopée mythologique dans les îles grecques

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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, écrivait Joachim Du Bellay au sujet d'un héros majeur de la mythologie grecque. Si Ulysse a parcouru le monde, il est connu pour avoir régné, dès son retour, sur l'île d'Ithaque, l'une des plus célèbres des îles Ioniennes. Embarquement à bord d’un yacht grand luxe pour explorer l'ouest grec, sous la tutelle d’un commandant, diplômé de l'Académie de la marine marchande, qui connaît la Méditerranée comme sa poche. Trizonia, Kefalonia, Lefkada, Meganissi... autant de noms qui font rêver sur fond de musiques traditionnelles. Le vent souffle sur le visage au point de piquer les yeux grand ouverts de curiosité. On peut larguer les amarres, enfin !

Au sortir d'un délicieux repas concocté par un grand chef, on aperçoit le port de Trizonia. Les amoureux des Cyclades s'attendaient peut-être à une juxtaposition de cubes blancs mais ici, des toitures brique se superposent sur la ligne d'horizon. L'ancre jetée, on sillonne les ruelles entre des maisons en pierre, pour la plupart légèrement érodées, dans l'espoir de rejoindre une de ces fameuses criques dont on a eu vent dans la capitale. Pas de voiture en chemin. Le paysage se parcourt intégralement à pied. Ou à dos d'âne. C'est ainsi que l'on atteint une première plage, occupée, car Trizonia est la seule île habitée de son archipel. De même, on aurait voulu que le point de chute suivant soit désert. C'est pourquoi un petit tour sur Saint Jean, Prassoudi ou Planémi, îles périphériques non résidentielles, ne se refuse pas.

On quitte le golfe de Corinthe, pour voguer jusqu'à Kefalonia, la plus grande île (935 km²) de la mer ionienne. Appuyé à l'avant du bateau, on distingue une série de falaises tombant à pic dans le bleu translucide de la mer. Au milieu de ce panorama spectaculaire se dresse un sommet verdoyant, le mont Ainos (1 628mètres). Sa luxuriance frappe d'autant plus quand on apprend que la forêt qui en recouvrait les flancs a brûlé au XVI^e siècle. Au-delà de cette catastrophe ponctuelle, l'île se trouve sur une faille tectonique causant plus d'une dizaine de séismes par an. Heureusement, bien que régulières, les secousses n'ont encore eu raison ni du musée archéologique, ni du musée nautique, ou du musée d'art et traditions populaires. C’est, en outre, le bois de cette île qui aurait servi à la construction des navires d'Ulysse.

Lefkada, Leucade de son nom francisé, est à bien des égards l'île de l'amour. Ce bras de terre qui s'avance dans l'eau l'unit au continent comme dans une étreinte prolongée sur 100 mètres. Parmi les falaises de craie blanches, le regard se fixe instinctivement sur le saut de Leucade (72 mètres). D'après la légende, il suffirait de s'en jeter pour se guérir d'un chagrin d'amour. En d'autres termes, il faudrait suivre l'exemple de la poétesse Sappho, abandonnée par Phaon. A ce destin tragique s'oppose celui de la déesse Aphrodite, dont certains auteurs rattachent la naissance à l'île. Rien de tel qu'un bon repas contre une peine de cœur. « comfort food », disent les Américains. En Grèce, on noie son chagrin dans un plat de lentilles d'Eklouvi. Bien sûr, les meilleures se trouvent à Lefkada.

On arrive à Meganisi par le port de Spilia, à savoir au pied du ravissant village de Spartohori. La mer est dominée par un plateau où repose une myriade de maisons blanches. En contrebas, les plages sont légion, si bien que l'on n’hésite pas à multiplier les haltes sur la route menant au hameau de Katomeri. La configuration est presque toujours la même : derrière une haie d'oliviers se cachent bien souvent des plages dorées bordant une eau cristalline. L'île ne manque pas non plus de grottes, une aubaine quand on préfère éviter le soleil. Celle de Papanikolis revêt un intérêt particulier puisqu'elle abrita un sous-marin du même nom durant la Seconde Guerre Mondiale. Retour à la civilisation sur le port de Vathy où l'on achète un napperon en dentelle, spécialité locale.

En tant qu'île mythique, pour ne pas dire mythologique, Ithaque s'annonce comme un site touristique des plus éclectiques. Or, c'est un terrain propice à la relaxation. Si l'est se découpe en falaises abruptes, la côte ouest jouit d'une flore extrêmement riche. Quant aux nombreuses plages de sable fin, elles entourent le mont Niritas, lequel culmine à 784 mètres. Quel bonheur pour les randonneurs que conclure un trek par une dégustation de vins dans un vignoble particulier. Là, entouré de cyprès, de pins et d'oliviers, on trinque avec un agriculteur insulaire qui ne manque pas de relater l'histoire de l'île et de ses héros. La visite s'achève par la découverte du monastère de Kathatriostissa, qui recèle une iconostase figurant la naissance de la Vierge. L'auteur serait Saint-Luc lui-même. À écouter le guide, Ulysse aurait de la sérieuse concurrence. Pas le temps de s'entendre briser un mythe puisque l'on se dirige déjà vers Athènes, pour de nouvelles aventures myth(olog)iques.