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Photo prise le 23 août 2021, montrant un terrain sec à Bastelicaccia en Corse.
Photo prise le 23 août 2021, montrant un terrain sec à Bastelicaccia en Corse.
©PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Prévisions météo

Les niveaux des nappes phréatiques sont déjà inquiétants dans plusieurs régions de France.

Frédéric Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : Selon les prévisions et les tendances climatiques de Météo-France pour le printemps 2022, la période de mars à mai devrait être plus chaude et plus sèche dans l’Hexagone que la normale après un hiver déjà sec, ce qui pourrait poser des problèmes de sécheresse des sols. A quoi faut-il s’attendre concrètement pour cette période ? Quel est le scénario climatique le plus probable pour les semaines et les mois à venir ? Pourra-t-on profiter d’une météo clémente ?

Frédéric Decker : Les tendances saisonnières établies par Météo-France sont trimestrielles et ne distinguent donc pas les tendances mensuelles ou hebdomadaires. Or, mars devrait être le mois de printemps le plus sec. Avril et mai pourraient voir les précipitations repartir à la hausse, selon les modèles climatiques d'ECMWF, modèle européen calculé au met Office de Londres.

Avril pourrait même connaître au contraire un excédent pluviométrique sur le Massif Central et l'extrême nord du pays.

Mai devrait également connaître des pluies excédentaires entre la Normandie et la frontière belge ainsi que sur les Savoie. Le déficit ne concernerait alors qu'une petite bande entre les Pyrénées, le sud des Alpes et la Méditerranée. 

Plus en détails, la première quinzaine d'avril s'annonce humide et fraîche voire froide. Ce qui va stopper au moins temporairement la sécheresse de surface et même la faire reculer sensiblement. D'autant que les basses températures vont brutalement ralentir le réveil printanier de la végétation qui sera donc moins friande en eau.

La seconde quinzaine d'avril pourrait voir un retour à la normale, aussi bien côté températures que côté pluie, sans véritable retour de la sécheresse.

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La période, jusqu’à fin mai, pourrait-elle s’approcher du printemps 2011, le plus chaud et le plus sec observé depuis le début du XXe siècle ? Cette situation est-elle liée à des conditions particulières de l’hiver dernier ?

La réponse est non, c'est extrêmement peu probable. L'épisode quasiment hivernal attendu dès la semaine prochaine et la première quinzaine d'avril dans son ensemble vont faire chuter la température moyenne printanière, élevée il est vrai jusqu'à présent. Dans le même temps, les précipitations excédentaires vont stopper l'actuelle installation de la sécheresse de surface et même la faire reculer. Les zones d'ores et déjà "jaunies" vont pouvoir reverdir.

Les saisons ne sont pas liées entre elles. Des hivers secs comme cette année sont aléatoirement suivis de printemps secs ou humides, sans logique véritable. La variabilité naturelle du climat fait son travail...

Quelles sont les régions les plus touchées par le déficit de précipitations ? La sécheresse des sols est-elle amenée à se poursuivre ?

En dehors du Languedoc-Roussillon très arrosé au cours du mois de mars, largement excédentaire même en terme de pluie, les autres régions sont déjà bien touchées par un déficit pluviométrique, en particulier celles de l'est et du nord, de la Corse à l'Alsace-Lorraine jusqu'au nord de la Seine.

Le mauvais temps revient dès mardi pour se poursuivre tout au long de la semaine et au-delà, il faudra le prendre comme une bonne nouvelle pour nos sols et notre agriculture. Ces pluies seront les bienvenues et occasionneront au pire une pause de la sécheresse entamée, au mieux un très net recul au cours du mois à venir au moins.

Comment expliquer ce phénomène ? Quelles sont les principales raisons de ce printemps sec ?

Des blocages anticycloniques récurrents depuis janvier et plus particulièrement en mars ont empêché la circulation atmosphérique dépressionnaire habituelle à cette période de l'année sur la France et une partie du vieux continent, la rejetant sur le nord et l'est de l'Europe où, au contraire de chez nous, les conditions ont été humides ces dernières semaines. Ce phénomène, aussi surprenant soit-il, est loin d'être inédit. Les sécheresses printanières sont assez fréquentes. Les années 50 en particulier ont connu une succession de printemps anormalement secs, bien pires que ces dernières années. Si le printemps 2011 détient le record de sécheresse (90 mm en moyenne nationale pour une normale de 179 mm), il fut suivi de deux printemps très arrosés en 2012 et 2013.

Quelles pourraient être les conséquences au long cours ? Va-t-on assister à une pénurie d’engrais et à de moindres importations de céréales ? Les sécheresses seront-elles importantes cet été ? 

Si la sécheresse avait perduré en avril et mai comme cela était redouté, les rendements agricoles auraient chuté faute d'eau. Et les agriculteurs auraient commencé à pomper dans nos nappes phréatiques, les forçant à baisser. Fort heureusement, ce scénario n'est pour le moment plus à l'ordre du jour. A surveiller tout de même au cours des prochaines semaines si des nouveaux blocages anticycloniques devaient nous concerner entre fin avril et mai (les tendances à cette échéance restent peu fiables).

La tendance pour l'été à venir verrait la sécheresse surtout s'installer autour de la Méditerranée. Juillet pourrait voir ce manque de pluie se généraliser à une grande partie de l'Europe dont la France, avant une amélioration en août et surtout septembre au retour de conditions plus humides. Pas de catastrophisme pour le moment, les tendances à long terme restent donc assez classiques. Je rappelle toutefois que ces tendances à plusieurs mois ont une fiabilité de 63%, laissant donc une marge d'erreur de 37% où tout peut se passer, allant d'une sécheresse marquée à, au contraire, des pluies anormalement élevées... Pour rappel, l'été 2021 prévu sec et chaud a été pluvieux et assez frais.

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