Ces nouvelles technologies venues des Pays-Bas pourront-elles permettre à l’agriculture d’améliorer puissamment son bilan environnemental ?<!-- --> | Atlantico.fr
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A quoi ressemblera la "ferme du futur" ?
A quoi ressemblera la "ferme du futur" ?
©Eric CABANIS / AFP

Atlantico Green

Les nouvelles technologies sont réputées réaliser la difficile synthèse entre souhaits alimentaires des consommateurs, nécessités environnementales, et réalités économiques et techniques des agriculteurs. Mais elles ne sont pas une solution miracle, et d’autres approches venues des agriculteurs sont à privilégier en priorité.

Gérard Rass

Gérard Rass

Gérard Rass est agronome à la retraite.

Membre de STA, Sciences Technologies Action, collectif de scientifiques, ingénieurs, experts et citoyens dont le but est de défendre et promouvoir la Science dans le débat public.

Administrateur fondateur de l’Association pour la Promotion d’une Agriculture Durable (APAD) et du Global Conservation Agriculture Network (GCAN), associations française et internationale d’agriculteurs en Agriculture de Conservation des Sols.

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Un article de BBC News sur la Ferme du Futur de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) s’intitule « La nouvelle technologie stimule la volonté des Pays-Bas en faveur d’une agriculture durable ».

Les nouvelles technologies nous intéressent tous, citoyens comme agriculteurs, pour réaliser la difficile synthèse entre souhaits alimentaires des consommateurs, nécessités environnementales, et réalités économiques et techniques des agriculteurs.

Le cas des Pays-Bas est particulièrement intéressant. La volonté gouvernementale d’appliquer strictement les politiques Européennes de Transition Ecologique Green Deal et Farm To Fork y a créé une véritable révolte des agriculteurs, amenant à la création d’un nouveau parti paysan libéral capable de jouer un rôle politique majeur. Beaucoup d’éleveurs sont acculés à la ruine par l’abattage forcé de leur cheptel bovin, accusé de menacer le climat par ses flatulences, et la qualité de l’eau par ses déjections, et les cultivateurs sont priés de réduire drastiquement leur production en se convertissant à l’agriculture biologique. Ils contestent cette politique comme idéologiquement écologiste, liberticide, et surtout économiquement suicidaire dans le 2ème pays exportateur mondial de produits agroalimentaires, sans toutefois amener les bénéfices environnementaux attendus, faute de prendre en compte les réalités techniques de terrain.

C’est dans ce contexte que l’Université de Wageningen a créé il y a (seulement) quatre ans « La Ferme du Futur », un programme expérimental et de démonstration lourdement subventionné, où des chercheurs testent différentes technologies pour tenter de créer un système agricole « durable ».

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Première constat : l’absence de compréhension de l’écosystème « ferme »

Malgré des tentatives récurrentes depuis des décennies dans tous les pays agricoles du monde, la simple juxtaposition de techniques et technologies par des scientifiques n’a jamais permis à une ferme de fonctionner de manière viable. Le chef d’orchestre en est l’agriculteur ou le chef de cultures. Lui seul peut avoir la compétence pour combiner dans la ferme de façon cohérente l’ensemble des actions techniques aboutissant à ce que des cultures donnent des récoltes utilisables en quantité et qualité acceptables pour nourrir des consommateurs et le faire vivre de ses ventes. S’il est performant dans sa stratégie et ses actions techniques et économiques, la ferme réussira, sinon elle fera faillite.

On parle beaucoup trop souvent seulement d’agriculture, alors qu’on devrait s’intéresser aux agriculteurs. Une ferme agricole n’est pas un écosystème naturel. C’est un écosystème créé par l’homme, et géré par lui. Mais à partir d’un milieu naturel, qui dicte ses contraintes locales de sol, de climat, d’hydrologie, de lois biologiques, physiques, chimiques…, et de biodiversité d’espèces animales ou végétales, dont certaines sont voulues et élevées par l’homme, et d’autres beaucoup moins bienvenues.

Une ferme est d’abord un écosystème vivant complexe, dont les composantes majeures sont le sol, l’eau, les végétaux et les animaux qui y vivent, ceux que l’agriculteur souhaite favoriser parce qu’elles sont utiles à la production finale, raison d’être de la ferme. Les décisions techniques doivent sans cesse être adaptées aux variations des conditions météorologiques et des marchés des achats et des ventes.

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Le système est conçu et géré par l’agriculteur, au moyen d’outils. Ces outils techniques sont des machines, de plus en plus informatisées, des semences, des engrais destinés à nourrir les sols ou les cultures, des produits de protection des cultures appelés pesticides, destinés au contrôle soit des herbes concurrentes des cultures (herbicides), soit des maladies cryptogamiques (fongicides), soit des insectes (insecticides).

Cette articulation logique entre l’essentiel, qui est l’écosystème de la ferme et ses composantes vivantes, et les outils techniques (« technologies ») qui servent à les gérer, est complètement absente de l’article, alors que c’est le point essentiel pour progresser vers plus de durabilité, par la synthèse entre les mécanismes naturels et les actions de l’agriculteur qui les connait, les comprend, et agit en conséquence.

Cela s’explique par le fait que cette Ferme du Futur comme toutes les fermes expérimentales, est conçue par des chercheurs, chacun spécialiste d’un sujet particulier, et que le seul à pouvoir penser système est l’agriculteur, qui dans ce projet n’a qu’un rôle marginal d’exécutant.

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Un agriculteur ne peut utiliser tous les outils à la fois pour une raison de coût, et parce que certains sont antagonistes.

La limite de coût est bien exprimée dans l’article par les témoignages des agriculteurs.

Les technologies de pointe embarquées telles les senseurs électroniques qui détectent chaque mauvaise herbe et pulvérisent seulement sur celle-ci, coûtent très cher, et ne sont pas encore aussi performantes qu’un herbicide.

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De même l’agriculture de précision, qui consiste à ajuster quantité et qualité des engrais à la cartographie des sols, est intéressante mais limitée par la connaissance que l’on peut avoir des réactions du sol et des plantes aux apports, également dépendantes de la météo.

L’utilisation de stations météo locales et de modèles pour prédire les risques de maladies et adapter les traitements est aussi à ranger dans ces technologies utiles qui ont la faveur des agriculteurs

On peut donc dire que ces technologies sont intéressantes, mais pas vraiment prioritaires pour améliorer fondamentalement la conception de la ferme et son fonctionnement biologique et écologique (non au sens politique, mais au sens de la science des écosystèmes et des interactions entre leurs organismes vivants). Parce qu’elles se concentrent sur des aspects périphériques, une amélioration incrémentale d’une action déjà réalisée en routine, mais sans changement de nature. On remplace un traitement par un autre plus ou moins performant, en dépensant beaucoup plus parce que c’est un nouvel équipement, comme changer de tracteur avec plus d’informatique ou d’IA. La fonction ne change pas. Et l’amélioration économique est marginale, souvent valable si amortie sur une très grande échelle, pas sur une ferme de surface moyenne.

Les faux concepts

L’examen des détails rapportés par la journaliste de la BBC révèle quelques erreurs et biais d’interprétations, inévitables dans un article grand public écrit par un non spécialiste.

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Est nommée « monoculture » le fait d’avoir une seule culture à la fois dans un champ. Cette terminologie abondamment usitée par les pourfendeurs de l’agriculture classique, est en réalité abusive, car elle désigne la succession de la même culture pendant plusieurs années sur la même parcelle. Le Maïs est quasiment la seule monoculture pratiquée, car il la supporte bien. Les autres cultures, blé et autres céréales, colza, tournesol, soja, etc… ne supportent pas la monoculture et ne sont donc pas pratiquées : maladies ou insectes y prolifèrent trop vite et rendent la culture improductive. Les agriculteurs pratiquent donc très généralement des rotations (succession de cultures différentes au fil des années), et le procès en « monoculture » qui leur est fait est injustifié.

C’est à ce genre de détail, que ne peut méconnaitre un scientifique, que l’on reconnait la malhonnêteté d’un auteur.

Dire que la diversité des cultures (en référence à la fameuse « biodiversité ») dans la parcelle améliore les sols, la gestion de l’eau, diminue les risques de maladies, et donne de meilleurs rendements, c’est un lieu commun, bien connu des très nombreux agriculteurs utilisateurs de « couverts végétaux » (également appelées plantes de service), cultures qui sont semées après une culture de vente et avant la suivante, mais ne sont pas récoltées. Elles sont destinées à protéger le sol de la pluie, du vent et du soleil, nourrir les organismes qui y vivent, dont les fameux vers de terre, augmenter son taux d’humus (la matière organique qui rend la terre noire et fertile), fournir abri et nourriture en permanence à l’ensemble des organismes vivants de l’écosystème ferme.

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Les agriculteurs et agronomes spécialistes et pratiquants des couverts végétaux ont bien trouvé depuis longtemps, surtout dans les pays les plus avancés, que les mélanges d’espèces apportent des résultats très positifs, au point que des mélanges commerciaux ont été mis au point. Mais c’est un véritable savoir-faire : on ne mélange pas n’importe quelles espèces, certaines ne sont pas compatibles entre elles, d’autres sont inutiles (mais coûtent), d’autres handicapent la culture qui va suivre, d’autres deviennent des mauvaises herbes… Comment on fait un couvert est aussi important que d’en mettre un. A mal le faire, il vaut mieux parfois d’abstenir. Et ça c’est pour les couverts

De là à mélanger plusieurs espèces cultivées dans le même champ, il y a un abîme d’ignorance que les chercheurs ne sont pas prêts de combler, à de très rares exceptions près, dont la plus célèbre est le Milpa des Amérindiens, les trois sœurs : Maïs, Haricot, Courge. En culture mécanisée, ça reste un challenge, surtout pour la récolte. Il avait été testé le Maïa (Maïs-Soja) dans le Sud-Ouest de la France dans les années quatre-vingt, mais abandonné, car il était plus facile et plus rentable de juxtaposer les deux cultures côte à côte que les mélanger dans le même champ.

Il est étonnant de voir comment les mêmes expériences sont reproduites des décennies après, parce que leurs échecs ont été oubliés. Eternel recommencement des générations humaines, alors que les fondamentaux de la biologie sont immuables.

La mode actuelle pour ces mélanges de plantes s’explique par le mot miracle : la « biodiversité », Grall absolu et solution à tous les problèmes, de la « santé » des sols à la nutrition humaine, en passant par le réchauffement climatique et la régénération des âmes malades du progrès technique.

En oubliant que la biodiversité naturelle n’a aucun égard pour l’homme, et peut nous détruire (maladies, prédateurs, parasites) tout autant que nous nourrir, à condition de savoir trier le bon grain de l’ivraie (mauvaise herbe) ou du mauvais grain (contaminé par des bactéries ou moisissures tout à fait mortelles, comme nos ancêtres en faisaient régulièrement les frais (seigle et Mal des Ardents) et de nos jours certaines populations du tiers monde (le stockage inapproprié de grains contaminés est la principale source de pertes alimentaires dans le monde).

Les technologies éprouvées dont on ne veut pas  

Le végétal

Complètement oubliées par l’Université de Wageningen et par la BBC sont les techniques utilisées par les humains modernes pour améliorer leurs plantes cultivées : transgénèse diabolisée et bannie de l’Europe depuis longtemps, bien que nous en consommions tous les jours sans effet notable, et nouvelles techniques de sélection NGT (New Genomic Techniques) ou NBT (New Breeding Techniques), refusées par les toutes puissantes ONG multinationales qui dictent le Bien Commun à nos timides politiciens.

Que certaines améliorations génétiques soient des progrès majeurs pour améliorer la durabilité de l’agriculture européenne semble n’intéresser personne dans le contexte européen dominé par le catastrophisme et la résignation au sous-développement.

Le Blé HB4 tolérant à la sécheresse mis au point par Bioceres (Argentine) et Florimond-Desprez (France), semé en Argentine et au Brésil, permet en moyenne de façon fiable un rendement augmenté de 16 % en conditions hydriques limitantes. C’est quand même mieux qu’un blé semé dans une luzerne ou un trèfle, comme essayé par des chercheurs français, qui au mieux fait le même rendement, les fois où on arrive à empêcher le couvert d’engloutir le blé.

Une technologie fiable versus l’agroécologie aléatoire (comme le nucléaire et les éoliennes).

Les sols

La gestion des sols est particulièrement mal traitée par la Ferme du Futur de l’Université de Wageningen et par la BBC.

Elles semblent totalement ignorer que les couverts végétaux cités ne donnent leur plein effet de protection et d’amélioration des sols et de la biodiversité des parcelles que si cette couverture est continue toute l’année. Pendant les périodes de sol nu créée inévitablement par un travail mécanique (charrue ou autre outil remuant et mettant le sol à nu), la pluie, le vent , le soleil, l’absence de nourriture font leur effet destructeur sur les organismes vivants du sol (vers de terre, insectes, bactéries, champignons, tous les microorganismes, macro et mésofaune…), en plus de la perturbation mécanique directe et l’oxydation forcée par l’éventration de la terre.

Tous cela génère inévitablement érosion hydrique (constatée par la couleur brune des cours d’eau à chaque pluie) ou éolienne (constatée par la poussière s’élevant au gré du vent), et perte d’humus, dégradé par l’oxydation en CO2 (celui de l’effet de serre) et en NO3- (les nitrates qui percolent dans les nappes pendant les pluies).

La solution est évidente, connue maintenant depuis une cinquantaine d’année, pratiquée avec succès à très grande échelle par les producteurs agricoles les plus performants dans les Amériques (Argentine, Brésil, Canada, USA, Mexique), en Australie, même en Afrique où le développement commence à décoller, en Inde…

Il s’agit du Semis Direct : semis des cultures sans aucun travail mécanique du sol depuis la récolte de la culture de vente précédente, soit dans les pailles laissées en surface, soit dans un couvert végétal.

La combinaison du Semis Direct, des Couverts Végétaux, et des Rotations (succession de cultures variées), a été bien décrite par la FAO et nommée « Agriculture de Conservation » en 2001.

Les agriculteurs français qui la pratiquent l’appellent « Agriculture de Conservation des Sols » (ACS).

En ACS il n’y a jamais de sol nu.

Un intérêt évident pour la résilience aux effets de la météo est l’abaissement spectaculaire de la température en plein été d’un sol couvert (25 degrés), par rapport au même sol mis à nu, qui peut atteindre 40 degrés ou plus. L’effet est évident sur la conservation de l’eau dans le sol, et sur l’évapotranspiration qui en résulte, avec création d’un microclimat plus frais.

Les effets positifs sont visibles sur l’augmentation de la teneur en humus (Matière Organique, approximativement), qui pilote en grande partie la fertilité du sol, l’absence d’érosion, l’augmentation de la vie du sol et à sa surface, la régulation des eaux, que ce soit en période sèche ou en période humide.

De nombreuses références sur l’ACS existent et ne peuvent être ignorées des chercheurs de l’Université de Wageningen.

D’autant plus que c’est un système d’agriculture parfaitement identifié aussi par la Commission Européenne, qui l’a fait étudier par son Joint Research Center pendant deux ans (2008 et 2009) dans plusieurs pays européens, dans le cadre du projet de recherches SoCo (Soil Conservation) auquel était associée l’Université de Wageningen. Les conclusions étaient que les bénéfices de l’ACS sont tels qu’elle a le potentiel et mérite de devenir le moteur du développement d’une agriculture durable au titre de la triple performance économique, environnementale et sociale permettant de répondre à l’ensemble des enjeux de la souveraineté et de la compétitivité agricole et alimentaire de l’Europe, de la gestion des sols, de l’eau, de la biodiversité, du climat, le tout avec un budget public limité et une simplification administrative attendue de tous.

Les seuls mécontents des conclusions ont été les ONG écologistes et le lobby Bio, qui ne supportent pas la concurrence ni la liberté des agriculteurs et des consommateurs.

Ils semblent avoir été entendus, puisque la Commission a si bien enterré le rapport qu’il est presque introuvable sur le site du JRC.

Depuis cet épisode, l’ACS survit en France et en Europe, à hauteur d’environ 1 à 5 % des agriculteurs la pratiquant en grandes cultures, qui ne changeraient de système pour rien au monde.

Mais ils sont menacés par la suppression du glyphosate, l’herbicide du Diable, qui leur est indispensable pour dévitaliser les mauvaises herbes et les couverts végétaux sans toucher au sol. Ils en utilisent pourtant bien moins que les agriculteurs qui travaillent le sol, car le travail mécanique du sol entretient les mauvaises herbes, comme tout jardinier le constate quand il bine : elles repoussent à nouveau à chaque nouvelle pluie si le sol reste à nu, ce qui est impossible si le sol est bien couvert par des végétaux choisis).

Mais pour les radicaux de l’écologisme, diminuer l’usage des pesticides n’est pas suffisant, il faut les supprimer totalement.

Quitte à travailler encore plus le sol, et donc accélérer sa dégradation par l’érosion. Ce qui est largement constaté dans les grandes cultures menées en agriculture biologique. C’est d’ailleurs pour cela que des agriculteurs bio cherchent à faire de l’ACS en bio. Le problème est que toutes les tentatives se sont soldées par des échecs : le peu de mauvaises herbes qui échappent à la concurrence des cultures ou des couverts végétaux se multiplient si on les laisse arriver à maturité, et après trois à cinq ans envahissent toute la parcelle.

On ne peut rien contre les lois de la biologie.

L’eau 

Une autre loi de la biologie est qu’aucune plante ne pousse complètement sans eau, même si en ACS on constate que l’humidité résiduelle du sol est plus élevée lors des périodes sèches que dans les terres travaillées mécaniquement. 

Après les récolte d’été, dans les conditions sèches il est souvent difficile de réussir l’implantation des semis des couverts végétaux. 

Les cultures qui suivent souffrent alors d’un sol mal couvert. L’apport d’une petite quantité d’eau à ce moment permet de sécuriser ces couverts indispensable au bon état du sol, tout autant que les cultures de vente. 

La maitrise de l’eau par l’irrigation permet des écosystèmes agricoles beaucoup plus performants en production de biomasse et donc en production de matière organique pour nourrir la vie du sol, que de compter sur les caprices de la météo et attendre d’aléatoires pluies d’orages.

L’eau ainsi prélevée dans le milieu et recyclée sur place par le complexe sol-plantes est largement compensée par l’alimentation de l’évapotranspiration permettant le fonctionnement optimal de la photosynthèse et le rafraîchissement de l’écosystème local. Même les espèces non cultivées en bénéficient, ainsi que toute la faune qui en dépend. 

En France l’irrigation ne couvre que 7 % des terres cultivées.

Les écosystèmes agricoles mais aussi naturels sont menacés par les pénuries d’eau de plus en plus fréquentes.

Retenir les pluies d’hiver et les recycler en été est ce que font les écosystèmes naturels en bon état. Sous nos latitudes ils sont pour la plupart forestiers ou prairiaux, et ne laissent jamais de sols nus se dessécher au soleil et se transformer en désert. 

Copier le cycle naturel de l’eau pour qu’il se déroule plutôt sur place au lieu de laisser l’eau se perdre en mer et manquer en été, c’est améliorer le fonctionnement des écosystèmes anthropiques pour le bénéfice de toutes les espèces qui en dépendent en plus que de sécuriser la production alimentaire locale.

Une gestion intelligente et écologique de l’eau nécessite à la fois une bonne compréhension des principes de l’écologie scientifique et du fonctionnement des écosystèmes, et une gouvernance territoriale intégrant tous les acteurs autour de leurs gestionnaires principaux que sont les agriculteurs. 

Il est des cas (Vendée, Espagne, Israel) qui prouvent que c’est possible quand la raison et la  technique dominent, plutôt que les idéologies sectaires.

Conclusion :

Une projet performant de Ferme du Futur commencerait par remettre les choses dans l’ordre logique :

-D’abord s’occuper du Sol et du système végétal, avec la mise en place réussie de l’’ACS : se faire conseiller par un agriculteur expérimenté en ACS, ou par l’association spécialisée, l’APAD.

-Conserver tous les outils existant à ce jour, dont le glyphosate, sans lequel rien de cela n’est possible de façon raisonnable, pratique, économique et performante. C’est prouvé par plus de cinquante ans d’expérience sur des cent aines de millions d’hectares dans le monde.

-Ouvrir l’Europe aux technologies modernes de sélection, des NBT à la transgénèse. Déjà rattraper le retard européen en matière de génétique : il faudra des partenariats avec les entreprises des pays avancés.

-Mettre en place la mécanisation avancée incluant Agriculture de Précision, Aides à la Décision, Robotique, IA, etc…

Mais dans cet ordre : investir dans toutes ces technologies très coûteuses et des semences très performantes sur une ferme dont les sols dégradés font perdre entre 20 et 50 % des récoltes, tout en consommant deux fois plus de fuel en labourant, c’est comme chasser le lapin au canon : une débauche de dépenses pour un résultat minable.

Références :

Article dans Eruopean Scientist

https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/lagriculture-de-conservations-des-sols-une-solution-vertueuse-et-cles-en-mains-pour-des-agriculteurs-libres/

Conservation Agriculture FAO

Conservation Agriculture (CA) is an ecological approach to regenerative sustainable agriculture and ecosystem management based on the practical application of context-specific and locally adapted three interlinked principles of: (i) Continuous no or minimum mechanical soil disturbance (no-till seeding/planting and weeding, and minimum soil disturbance with all other farm operations including harvesting);  (ii) permanent maintenance of soil mulch cover (crop biomass, stubble and cover crops); and (iii) diversification of cropping system (economically, environmentally and socially adapted rotations and/or sequences and/or associations involving annuals and/or perennials, including legumes and cover crops).These essential practices are combined and enhanced with other complementary practices of integrated crop, soil, nutrient, water, pest, labour, energy and land management practices to generate and sustain optimum performance of productivity and ecosystem societal services.

http://www.fao.org/conservation-agriculture

Successful Experiences and Lessons from Conservation Agriculture Worldwide. Amir Kassam, Theodor Friedrich and Rolf Derpsch. Agronomy 12. 2022.

Etude SoCo du Joint Research Center – European Commission 2008 -2009

https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/bitstream/JRC50424/jrc50424.pdf

https://esdac.jrc.ec.europa.eu/projects/SOCO/FactSheets/FR%20Fact%20Sheet.pdf

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