Que faire face à la République islamique d’Iran ? Petit bilan de 45 ans d’atermoiements occidentaux face à une guerre qui ne dit pas son nom<!-- --> | Atlantico.fr
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Des Iraniens fêtent l'attaque de missiles et de drones iraniens contre Israël, le 15 avril 2024, sur la place de Palestine, dans le centre de Téhéran.
Des Iraniens fêtent l'attaque de missiles et de drones iraniens contre Israël, le 15 avril 2024, sur la place de Palestine, dans le centre de Téhéran.
©ATTA KENARE / AFP

Escalade

Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, a promis lundi une « riposte » à l'attaque de l'Iran par drones et missiles dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, malgré les appels de nombreux pays à éviter une escalade dans une région.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Atlantico : Est-ce que la volonté de non-escalade de la part des Occidentaux vis-à-vis de l’Iran n’a pas mené à une escalade lente mais tout aussi redoutable ? Quelle est la part de responsabilité des Occidentaux ?

Alexandre del Valle :Le régime des Mollahs et des Pasdarans (« Gardiens de la Révolution ») mélange depuis sa fondation une pensée révolutionnaire et subversive tiers-mondiste d'extrême-gauche radicalement occidentale avec une pensée islamiste-messianique chiite hétérodoxe (doctrine khomeyniste du « Velayet Faqih »), qui est une synthèse islamo-révolutionnaire à portée régionale et en partie internationale mais qui masque en fait des idées impérialistes au Proche et Moyen-Orient au nom de la révolution contre les grands satans et les petits satans. Le but est en fait une expansion géopolitique iranienne en terre arabe et au Moyen-Orient au nom de la soi-disant « défense de l’islam » et de « la Palestine » et de « Jérusalem » face aux ennemis sionistes juifs et occidentaux.

S’il y a une responsabilité occidentale, elle est à l’origine américano-française : lorsque l’Ayatollah Khomeini, un imam devenu ayatollah par usurpation et en désaccord avec la vraie hiérarchie chiite traditionnelle basée en Irak (Kerbela-Nadjaf), a lancé sa révolution islamiste chiite anti-occidentale en s’alliant tactiquement avec les forces gauchistes iraniennes et mondiales, il n’a pas été arrêté par l’Occident. Pire, il a été accueilli en France, à Neauphle-le-Château, où il a fait des appels publics à la révolution islamiste et anti-occidentale, contre la régime du Chah, notre allié, que l’Occident et la France ont laissé tomber de facto. Et lorsque que l’armée iranienne du Shah pouvait encore mater la double révolution marxiste et islamiste en cours contre le Shah, Khomeiny a pu rentrer à Téhéran et récupérer à son profit la révolte avec l'ordre des Américains à l’armée iranienne de ne pas réprimer, et avec l'acceptation de Valéry Giscard d’Estaing, qui n'a pas écouté les services secrets français, notamment le Sdece, l'ancêtre de la DGSE, qui recommandaient de ne pas permettre à Khomeini de revenir à Téhéran, voire même de l’éliminer. Donc la France, sous l'ordre des Américains à l'époque (le démocrate Jimmy Carter qui croyait pouvoir composer avec Khomeiny), a laissé ce régime prospérer après avoir accueilli ce fanatique Khomeini. 

Par la suite, il est vrai que la guerre anglo-américaine en Irak en 1990 puis surtout en 2003 a permis de déstabiliser les sunnites alors au pouvoir en Irak (pays à 60 % chiite), au profit des séparatistes kurdes et des Chiites, ce qui a permis, en raison de l’ingénierie socio-politique US de « regime change », à l'Iran d’élargir sa profondeur stratégique en Irak en récupérant et en instrumentalisant les partis chiites vainqueurs des élections encouragées par les Etats-Unis et les milices chiites radicales en Irak. Donc la déstabilisation de l’Irak du sunnite Saddam Hussein a laissé la place à la révolution chiite pro-iranienne en Irak. A partir de la présidence Obama, les choses ne sont pas arrangées : avec le départ subit des troupes américaines d’Irak en 2009, les chiites revanchards ont continué à s’en prendre aux anciens dominateurs sunnites en Irak, qui ont rejoint en réaction Al-Qaïda et Daech, puis les révolutions arabes voulues par l’Administration Obama, récupérées par les Frères musulmans, le Qatar, la Turquie d’Erdogan et les Iraniens, a déstabilisé la Syrie et le Yémen, ce qui a notamment permis aux révolutionnaires houthis chiites zaydites de lancer des offensives en zone sunnite du Yémen et dans la capitale du pays, avec un soutien croissant de la République islamique iranienne qui a désormais un nouveau proxy au Yémen capable de déstabiliser le commerce international, les pays sunnites du Golfe et la région étant donné l’accès des Houthis à la Mer rouge et leur capacité à rendre inopérants le détroit de Bab al Mandeb et la canal de Suez… Les révolutions arabes voulues par Barack Obama ont donc été plus que dramatiques et déstabilisantes pour la région, au plus grand profit de Téhéran qui accroit son pouvoir de nuisance en permanence depuis 40 ans. Au grand bénéfice de l’Iran, les Houthis, qui ont certes en partie leur agenda propre mais dépendent des armes iraniennes, sont devenus un État chiite dans l'État yéménite fragilisé et fragmenté, et cela a donné une arme extraordinaire aux Iraniens qu'ils n'avaient pas avant, car pendant longtemps, les Houthis étaient très peu liés à l'Iran avec qui ils ne partagent même pas la même idéologie chiite puisqu’ils sont zaydites et les Iraniens et les irako-libanais duodécimains (« imamites ») 2014. On voit bien que les révolutions arabes ont totalement déstabilisé les pays du Golfe et les pays arabes, et donc que toute la politique étrangère US démocrate comme néo-cons ou républicaine classique depuis des décennies a renforcé de facto les Iraniens. 

Autre erreur de taille aux conséquences durables : pendant la guerre du Golfe de 1990, motivée officiellement selon l’ONU afin d’empêcher l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein, les Etats-Unis, et dans leur volonté d’entraîner la Syrie dans la coalition internationale et arabe contre l’Irak, ont « motivé » Hafez al Assad, père de Bachar et ex-homme fort syrien, en autorisant l’armée syrienne – donc un allié stratégique de l’Iran chiite khomeyniste -  à envahir le Liban !, ce qui a permis au Hezbollah protégé par Damas et Téhéran de triompher au Liban et de devenir le vrai pouvoir du pays en tant qu’Etat, parti et armée plus puissant que l’Etat libanais et aux ordres de Téhéran... Comme en Irak et au Yémen, paradoxalement, on peut dire que la politique étrangère anglo-américaine a consisté à permettre l’expansion de l’impérialisme chiite-iranien dans la région… Le Liban est devenu un protectorat du Hezbollah, les Houthis ont triomphé dans plus de la moitié du Yémen, la Syrie a renforcé son alliance avec la Russie et l’Iran pour résister aux révolutionnaires sunnites encouragés en partie par les Occidentaux, et l'Iran gagne donc sur tous les fronts.

Les sanctions occidentales contre l’Iran ont-elles affaibli le régime des Mollahs ?

La politique de sanctions n'a jamais fonctionné. Elle n’a opéré efficacement sur presque aucun régime problématique d’envergure depuis l’après première guerre mondiale, s. Ni contre Cuba, la Corée du Nord, l’Irak de Saddam Hussein, l’ex-Yougoslavie-Serbie de Milosevic. Aucun embargo, aucune politique de méga-sanctions n'a jamais fonctionné et la Russie elle-même nous donne aujourd'hui une nouvelle preuve de cet échec. 

L’accord sur le nucléaire iranien en 2015 non plus n’a pas fonctionné...

L'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action ou JCPoA), traduit en français par l'UE et l'Agence internationale de l'énergie atomique comme Plan d’action global commun (PAGC), mis en place sur initiative de l’Administration de Barak Obama, était peut-être une tentative intéressante, puisque ce qui avait été fait avant n’avait pas fonctionné. L'Iran était progressivement réintégrée dans la communauté internationale, et sur proposition des Brésiliens, des Turcs et d'autres pays comme les Russes, l'Iran pouvait accéder au nucléaire civil en échange du fait qu’elle renonçait au nucléaire militaire et acceptait de ne pas contrôler l’enrichissement d’uranium délégué à des pays tiers comme la Russie. Les Russes, qui eux-mêmes ont très peur que l'Iran devienne une puissance nucléaire, même si c'est leur allié, étaient satisfaits de l’accord, comme le « sud global » et les Etats-Unis démocrates. Donc il y avait un vrai deal intéressant. Les Iraniens acceptaient que les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) viennent faire des inspections régulières et poussées. Les Occidentaux et les partenaires russo-chinois, turcs et Brésiliens avaient trouvé différentes méthodes destinées à faire en sorte que le pays puisse accéder au nucléaire civil sans en maîtriser toute la chaîne de la technologie. Pourquoi cela n’a pas marché ? Parce que premièrement cela n'a pas été conduit jusqu'au bout. Le problème de l'Occident, c'est qu'on fait des politiques qui changent à chaque élection. Barack Obama quitte le pouvoir fin 2016. Donald Trump arrive, qui lui est beaucoup plus proche de l'Arabie saoudite, tandis qu'Obama était beaucoup plus proche du Qatar. Le Qatar, c'est les frères musulmans. Et l'axe Qatar-frères musulmans est proche de l'Iran, tandis que Donald Trump est adepte de la ligne dure anti-régime iranien, donc de la politique de « pression maximale ». Il a donc annulé sans transition l'accord de Vienne de 2015. L’Iran s’est alors raidit parce qu'on est passé d’un coup d'un accord à une annulation de cet accord, et les Iraniens ont continué à accuser l’Occident de mensonge puisque sous Obama, les concessions accordées à l’Iran n’ont pas pu être pleinement appliquée par l’Administration US, puis sous Biden, lorsque la politique de sanction maximale de Trump e a été officiellement dénoncée, les sanctions n’ont pas été levées dans les faits. A partir de l’Administration Trump, les Iraniens ont donc dit, si vous ne tenez pas vos engagements de l’accord JCPOA, alors nous ne limiterons pas l’enrichissement de l’uranium à 20%, mais nous irons jusqu’à 60% et plus, puis refuserons l’intrusion des inspecteurs des Nations unies et de l’AIEA. On sait en fait qu'ils sont allés à plus de 80%, voire 90 récemment, c'est-à-dire assez obtenir bientôt la bombe nucléaire, même s’ils ne maîtrisent pas encore tout le circuit, mais ils s’en approchent. Les Iraniens sont très dépendants du savoir-faire des Russes et de Rosatom pour le nucléaire et pour le nucléaire militaire en particulier, avec l’aide des Nord-coréens et des Pakistanais, ils sont un « pays du seuil ».Le 10 novembre 2003, en effet, un rapport accablant était envoyé au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, affirmait que l’Iran maîtrisait l’ensemble de l’amont du cycle du combustible nucléaire (y compris le processus d’enrichissement de l’uranium aux applications civiles et militaires), et qu’il « travaillait à l’élaboration d’un programme d’enrichissement par centrifugation depuis 18 ans et par laser depuis 12 ans », sans en informer l’AIEA. Rappelons que le programme nucléaire iranien a été lancé par le Chah d'Iran dans les années 1950 avec l'aide des États-Unis, de l'Europe, notamment de la France... Après la révolution iranienne en 1979, il a été temporairement arrêté et fut remis en route avec l'assistance de la Russie, à la suite de la guerre Iran-Irak. On sait également que l’Argentine a coopéré avec l’Iran sur le nucléaire civil, et que Abdul Qan, alias Docteur Qan, le père de la bombe atomique du Pakistan a aidé à transférer du matériel nucléaire à destination de la Corée du Nord, à la Libye, à l'Iran et à l'Irak.

Quelle serait la bonne solution à adopter aujourd’hui ?

La seule option possible pour empêcher l'Iran d'être une puissance nucléaire, et il n'y en a pas dix mille !, ce serait d’intervenir militairement afin que le régime tombe, car l’Iran aura un jour ou l’autre le feu atomique, et l’enjeu est que cette arme atomique soit dans des mains politiques plus raisonnables, comme jadis le régime du chah d’Iran. Mais ne serait-ce déjà pas trop tard aujourd’hui ? L’avenir proche le dira. En cas d’intervention, la Chine ne bougerait pas forcément, pour une raison très simple : l'Iran et ses proxies, dans leur pouvoir de déstabilisation régionale, nuit gravement au commerce international et serait sanctuarisée et protégée contre une intervention extérieure en cas d’accès aux capacités militaires nucléaires. Les proxys de l'Iran ont déjà rendu problématique la mer Rouge, et un Iran militairement nucléarisé ne serait plus attaquable au cas où il utiliserait ses proxies pour bloquer le commerce mondial afin de pousser le monde et les grandes puissances à lui reconnaître une zone néo-impériale privilégiée au Proche-Orient, ce qui est plus que difficile à accepter pour les pays sunnites du Golfe, l’Egypte, la Jordanie et les Occidentaux. Les proxies pourraient même bloquer le détroit d'Ormuz en cas de guerre Iran-Israël et ils bloquent déjà de facto la mer Rouge, Suez et le détroit de Bab el-Mandeb, ce qui énerve énormément toutes les puissances, y compris les Chinois, qui ne sont pas toujours totalement avec l'axe anti-occidental, car eux veulent avant tout commercer librement, exporter leurs produits et importer librement et sans entraves leur énergie. 

La Russie pourrait bouger pour l’Iran aujourd’hui, mais jusqu’à une limite certaine : l’Iran et la Russie ne sont pas de vrais alliés stratégiques et ont bien plus de divergences qu’on ne le dit. Et il y a quelques années, il n’y avait pas autant de connexions, hélas renforcées depuis la guerre en Syrie puis avec la guerre en Ukraine, afin de contrebalancer l’aide militaire occidentale en Ukraine contre l’armée russe. L’Occident aurait pu s’activer il y a longtemps pour déstabiliser le régime des Mollahs. Mais il a objectivement tout fait pour l’enraciner, en l’aidant au début et en en abandonnant le Chah, puis ensuite indirectement en renversant Saddam Hussein et en donnant une partie de l’Irak à l’Iran puis tout le Liban à la Syrie et donc à l’Iran et au Hezbollah. C’est de plus en plus compliqué maintenant puisque les Iraniens seront bientôt sanctuarisés avec le nucléaire, d’où la seule option possible pour enrayer cela : l’intervention militaire, en réalité très très compliquée à mener à bien techniquement. Ou s’entendre avec Téhéran en reconnaissant son pouvoir régional, ce que l’Occident et Israël ne peuvent pas accepter. 

Quels sont les ennemis de l’Iran ?

L’ennemi existentiel apparemment et officiellement le plus terrible de l'Iran, c'est Israël, mais en réalité les ennemis réels non désignés mais bien plus importants sont les pays arabes sunnites du Golfe, la Jordanie, les pays des accords d’Abraham et les chrétiens du Liban. Israël est l'ennemi « utile » et propagandiste-mobilisateur de l’Iran, non pas parce que les Iraniens chiites détestent les juifs, qu’ils avaient toujours bien traité dans l’histoire pré-Khomeiny, mais parce que l’Iran utilise la cause palestinienne et antisioniste/anti-juive pour justifier leur impérialisme et leur irrédentisme en terre arabe sunnite Proche-Orientale. Depuis les Perses, depuis l’Antiquité, les Iraniens ont toujours voulu un empire qui arrive jusqu'à la Méditerranée, et ils y sont parvenus depuis les années 1980 à nouveau grâce à la révolution islamiste iranienne chiite de Khomeiny à travers des proxies Hamas-Hezbollah-Houthis et milices chiites irakiennes sans oublier la Syrie de Bachar al Assad, leur base d’accès au Proche-Orient avec le Liban.

Lorsque l’Iran frappe Israël, c’est en quelque sorte « jouissif » pour la rue Arabe, très propalestinienne, ou même pour l'extrême gauche européenne, mais cela met en porte-à-faux et en danger les dirigeants sunnites qui savent très bien que Téhéran se fiche des Palestiniens et veulent en fait dominer les en les séduisant avec l’antisionisme obsessionnel et existentiel. Pour ceux qui détestent les Juifs et les Israéliens, c'est en effet jubilatoire de voir des drones et missiles de l’Iran ou de ses proxies pleuvoir sur Israël, mais les élites arabes, les gouvernements arabes ne sont pas dupes. Ils savent très bien que les Iraniens se fichent totalement des palestiniens et des sunnites et que leur vrais ennemis sont les Emirats arabes Unis et surtout leur concurrent et rival absolu et exacte antithèse arabo-sunnite, l’Arabie saoudite. Quant à l’Europe, elle n'est pas existentiellement l'ennemie de l'Iran. D'ailleurs, il y a eu très peu d'attentats iraniens-chiites en Europe. Il y en a eu en France, quand Paris ne voulait pas honorer une dette envers l'Iran du Shah qu'on ne voulait pas payer à l’Iran de Khomeini, mais une fois le différend réglé, il n’y a pas eu d’attentats chiites islamistes qui avaient en fait caché d’autres mobiles plus géoéconomiques. 

Israël aurait donc tout intérêt à s’attaquer à l’Iran ?

Aujourd'hui, Israël aurait un intérêt à attaquer de manière existentielle le régime des Mollahs. Malheureusement ou heureusement, tout dépend où on se place, les Américains et l'Occident, pour l'instant, ont peur d'une guerre régionale contre l’Iran parce qu'il est vrai que ce serait compliqué comme je vous l’ai dit et que cela serait très dommageable au commerce mondial donc susceptible de créer une grave crise financière et énergétique mondiale. Il y aurait en effet des représailles iraniennes énormes par proxies interposés ou directement sur les détroits et les transports d’énergies, si le régime des Mollahs venait à être attaqué. Le commerce international serait en partie paralysé. Les prix des transports augmenteraient énormément au niveau des marchandises et Israël devrait subir des pertes gigantesques sachant que les protections anti-drones et anti-missiles coutent, comme le 14 avril dernier l’a rappelé, des milliards par jours... Si l’Iran était attaqué, le régime n'aurait en fait de compte plus rien à perdre, et il ferait pleuvoir comme la nuit passée, non plus 300 drones, mais tout ce qu'ils ont avec leurs proxies, donc des centaines de milliers de projectiles qui perceraient à raison de 2 % environ les boucliers anti-missiles et tueraient des dizaines de milliers de civiles israéliens par saturation des systèmes de protection et pluralité des fronts, scénario cauchemar pour Israël (Hezbollah, Hamas, djihad islamique, Houthis ; milices chiites irakiennes et Iran). 

 Pour le moment, l’Occident et Israël en restent donc en statu quo, et chacun « parle » à l’autre dans un langage de dissuasion et de « tentatives de cadrages » par la proportionnalité des « réponses », puis définit les lignes rouges, c'est ce qu'on appelle le « dialogue stratégique » de facto.C'est ce qui s'est passé avec l’attaque iranienne des 13-14 avril dernier. Les Iraniens ont quand même appelé les services secrets américains au préalable pour leur dire qu'il n'y aurait que quelques centaines maximum de drones dans l’attaque, que cela ne durerait que deux jours, et que l’attaque de la nuit du 13-14 serait suffisante. Pourquoi ils leur ont dit ça ? Parce qu'ils ne voulaient pas risquer que les Israéliens et les Occidentaux préparent une intervention contre le régime qui lui serait fatale. 

Pour l'instant, on ne va donc pas jusqu’au seuil d'une guerre que l'Occident ne voudrait pas plus que Téhéran, et que le régime des Mollahs perdrait d’un point de vue stratégique. Le problème, c'est qu'à un moment, Israël sera obligé d'intervenir contre l'Iran, sauf à accepter de devoir dialoguer avec un pays qui sera sanctuarisé par l'arme nucléaire… Un dilemme plus que cornélien.

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